La défense porte les Alouettes en finale après 13 ans d'attente
TORONTO – Classés au dernier rang de la LCF par plusieurs observateurs en début de saison, les Alouettes de Montréal ont accédé au match de la coupe Grey grâce à leur défense qui a piétiné les redoutables Argonauts de Toronto, 38-17, samedi en finale de l'Est.
Le moyen ne pouvait pas être mieux choisi pour les Alouettes pour enfin vaincre une puissance de la LCF. Ce gain de leur permet d'atteindre la partie ultime pour la première fois depuis 2010 !
« Vous nous aviez tous placés au dernier rang, ça nous a tous motivés et rapprochés. Notre séquence actuelle et cette performance devrait en effrayer certains », a déclaré le quart-arrière Cody Fajardo.
La troupe de Jason Maas a poursuivi sa grande envolée avec un septième triomphe d'affilée. Elle a réussi le tour de force d'éliminer les champions en titre grâce à sa défense qui ne cesse d'épater.
L'unité défensive a obtenu neuf – oui neuf – revirements incluant quatre interceptions contre Chad Kelly qui a souvent été trop agressif. Tout un exploit contre les Argos qui avaient maintenu une moyenne de 33 points par rencontre cette saison.
« Que puis-je dire sur notre défense ? Elle joue à un haut niveau chaque semaine. Elle ne fait pas que soutirer le ballon à l'adversaire, elle engrange des points. Dans le match le plus important de l'année, ils ont joué à un sommet extraordinaire », a vanté Maas.
Un fiasco torontois qui a mené la plus importante foule réunie au BMO Field pour les Argos à les huer. Rappelons que Kelly n'avait qu'un petit quart d'expérience en éliminatoires avant ce duel. Champions de leur section depuis des lunes, les Argos n'avaient pas joué de matchs cruciaux depuis la mi-septembre.
À l'approche de cette finale de l'Est, les Alouettes étaient tannés de se faire questionner leur rôle de grands négligés. Ils ont prouvé pourquoi ils méritaient plus de respect avec cette performance. Vaincre Toronto était déjà un immense défi, les écraser semblait impossible.
« Écoute, tu ne peux pas demander mieux que ça ! On a traversé beaucoup d'adversité en défense avec les blessures, on a réussi à trouver un noyau et cette chimie. (Darnell) Sankey l'a dit, on va toutes les gagner », a lancé Dequoy envahi par la joie.
« Tout le monde disait qu'on ne gagnerait pas ce match, mais on l'a gagné ! Je ne pourrais pas être plus heureux », a-t-il ajouté.
Dès la première séquence de la rencontre, Dequoy a justement annoncé à tout le monde que les Alouettes ne se laisseraient pas abattre. Le maraudeur québécois a intercepté une passe de Chad Kelly et il a filé sur 101 verges pour le touché. C'est survenu alors que l'attaque torontoise venait de traverser le terrain trop facilement, un jeu qui a semblé coupé les ailes des Argos.
« Je suivais mon joueur, je ne comprends pas pourquoi il a lancé, j'étais là. Il a lancé dans mes numéros en plus, même pas en avant. J'ai même été surpris. Après, ce n'était pas dur pour moi de courir en ligne droite », a-t-il raconté avec plaisir.
Et c'est l'autre interception transformée en touché, celle de Kabion Ento au troisième quart, qui a fait très mal pour hausser l'avance montréalaise à 24-3.
Outre Dequoy et Ento, Reggie Stubblefield, Darnell Sankey, Shawn Lemon, Tyrice Beverette et Mustafa Johnson ont été les grands artisans de ce raz de marée défensif.
« C'est fou, car personne ne croyait en nous. Ils nous plaçaient au dernier rang et là, on jouera à la coupe Grey », a lancé Stubblefield sur un ton débordant d'adrénaline.
« Toute la semaine, on entendait ceci et cela sur Toronto. Mais on savait que, si on jouait à la hauteur de notre potentiel, on était une meilleure équipe », a cerné Sankey qui était reconnaissant de disputer un premier match de la coupe Grey.
Cela dit, vous aurez compris que l'attaque des Oiseaux n'a pas été en mesure de profiter énormément de tous ces revirements. Elle n'a produit qu'un petit touché, celui de Tyler Snead (et celui de Jeshrun Antwi en fin de rencontre). La ligne offensive a souvent été malmenée par le redoutable front défensif torontois. Une interception télégraphiée de Cody Fajardo n'a pas aidé la cause non plus.
Pour ajouter l'insulte à l'injure, le spécialiste des retours, James Letcher est venu enfoncer dans la gorge des Argos un touché de 105 verges au dernier quart pour donner un coussin de 31 à 10.
En 2023, les Alouettes avaient présenté une fiche de 0-7 contre les trois poids lourds du circuit canadien (les Argos, les Blue Bombers et les Lions). Mais ils ont renversé les Argos qui avaient bâti un dossier 16-2 et 9-0 à domicile.
Les Alouettes sont devenus la première équipe à mener par 14 points ou plus contre Toronto en 2023. De plus, à la demie, Montréal menait 10-3 et ce n'était que la quatrième fois que Toronto tirait de l'arrière à la pause cette année.