Une saison réussie des Alouettes de Montréal malgré les prévisions de plusieurs experts
MONTRÉAL – Sur un bout de papier, en début de saison, Danny Maciocia avait écrit 11-7. C'était une prévision audacieuse alors que plusieurs experts, surtout de l'extérieur de la province, envisageaient que les Alouettes de Montréal termineraient au dernier rang de la LCF.
Quelques mois plus tard, le directeur général des Alouettes est encore un peu surpris d'avoir eu cet élan de devin pour la fiche de son équipe.
« Je pensais qu'on pouvait y arriver, mais je n'avais partagé ça avec personne », a raconté Maciocia, mardi après-midi.
D'ailleurs, Maciocia ne s'était pas offusqué des scénarios pessimistes. Pourtant, pour reprendre l'habile blague du confrère Frédéric Daigle de La Presse canadienne, ces experts semblaient prétendre que les Alouettes finiraient au 10e rang sur 9.
« Ce n'était pas du tout une motivation, on était tellement occupés avec d'autres choses. Mais je le comprends. Car, en toute transparence, en janvier, je me demandais si notre équipe allait survivre. Il y avait tellement de questions et de doutes envers nous que personne ne savait à quoi s'attendre », a rappelé Maciocia alors que l'équipe cherchait encore un nouveau propriétaire, un nouvel entraîneur-chef et un nouveau président.
Ça, il s'agissait de la vision des dirigeants. Dans le vestiaire, l'histoire était bien différente.
« Ça représentait une motivation extrême. On a souvent répété cette saison qu'on est un groupe de joueurs mal adaptés, a confié Fajardo en s'amusant de ce statut. Des jeunes et des vétérans poussés à l'écart qui devaient se prouver à nouveau. C'était moi-même ma situation. Danny et Jason Maas ont déniché pas uniquement les bons joueurs, mais les bons individus pour notre équipe », a résumé le quart-arrière Cody Fajardo qui ne voulait pas bousiller ce renouveau personnel avec les Alouettes.
Sans savoir si c'était relié à la fatigue des heures interminables ou plutôt à un vent de réalisme, Maciocia a commencé à croire aux chances de sa troupe durant le camp d'entraînement.
« Je sentais qu'on avait quelque chose d'intéressant et qu'on serait une équipe compétitive ; c'était notre but avec tout ce qu'on avait vécu. Chapeau à toute l'organisation car il y avait plus de questions que de réponses au début », a noté le DG.
Avec l'intensité qui le caractérise Coach Maas aurait refusé d'accepter un dossier de 11-7, qui semblait fort optimiste, avant d'entamer le calendrier.
« Je ne suis pas certain que j'aurais concédé sept défaites, j'aurais probablement demandé qu'on me laisse jouer les matchs pour voir la chimie qui allait s'établir. Je ne suis pas surpris d'avoir atteint les éliminatoires, c'était l'objectif », a répondu Maas après avoir vanté Maciocia pour l'assemblage du groupe.
Cette chimie a été particulièrement visible en défense. L'unité du coordonnateur Noel Thorpe a même atteint un autre niveau avec les ajouts de l'ailier défensif Shawn Lemon et du secondeur Darnell Sankey.
« C'est vraiment beau de regarder la défense jouer chaque semaine. Tout le monde joue son rôle à la lettre en défense », a vanté Maciocia.
Étant donné qu'une saison de reconstruction se dessinait dans le ciel des Alouettes, ça ferait du sens de procéder à une forme de bilan au terme du calendrier régulier.
« Ma famille me reproche souvent de ne jamais être satisfait dans la vie. On veut gagner ce match (la demi-finale de l'Est). On n'a pas investi toutes ces heures et ces sacrifices pour se dire mission accomplie avec notre fiche de 11-7. Le bilan on le fera à la fin », a lancé Maciocia.
Toutefois, il était inutile d'attendre pour souligner la contribution de l'équipe de recrutement des Alouettes. Si Maas a instauré une solide culture d'équipe dès l'an I de son règne, ce département a rempli le nid d'athlètes prêts à déployer leurs ailes.
« [Dans le monde du sport] On parle beaucoup du travail de l'entraîneur et du DG. Mais on fait tout en équipe. Les Jean-Marc Edmé, Pier-Yves Lavergne, Éric Deslauriers, Byron Archambault pendant la saison morte et Allyson Sobol, ils ont eu un impact énorme dans le recrutement et le repêchage. Tout ce crédit leur revient », a énuméré Maciocia.
Si les Alouettes parviennent à vaincre Hamilton pour une quatrième fois, samedi, les protégés de Maas devront ensuite prouver qu'ils ont développé la maturité pour vaincre les puissances actuelles du circuit.
Ils ont présenté une fiche de 0-7 contre les Argonauts, les Lions et les Blue Bombers.
« On a échappé quelques matchs, mais, avec tout ce qu'on a vécu, ces expériences peuvent seulement nous aider. Dans la vie, on gagne ou on apprend », a conclu Maciocia.