MONTRÉAL – Pour une rare fois, on se permet une parenthèse éditoriale. En se fiant sur les histoires glanées à gauche et à droite depuis deux jours, il était devenu essentiel que les Alouettes de Montréal se séparent de Mike Sherman.

 

Selon ce qu’on a pu se faire raconter, l’adaptation de Sherman aux particularités de la LCF était vraiment pénible. Mais ça ne s’arrête pas là, l’ancien entraîneur des Alouettes a souvent été désorganisé dans sa gestion de l’équipe, parfois irrespectueux envers des athlètes et même confus sur l’identité de certains de ses joueurs.

 

Considérant son parcours dans la NFL, il aurait été vraiment plaisant que Sherman connaisse du succès avec les Alouettes. C’est plutôt tout le contraire pour l’homme que Kavis Reed avait insisté vivement pour le convaincre de tenter l’aventure en sol canadien.

 

Au terme du premier entraînement dirigé par son successeur, Khari Jones, quelques déclarations ont confirmé que le geste s’imposait même si un meilleur timing aurait été préférable.

 

« Je ne dirai jamais que c’est une bonne affaire, parce qu’on parle d’emplois qui se perdent. Tu ne souhaites pas ça à personne, mais je crois que la direction a pris une décision qui était assurément nécessaire », a admis André Bolduc, l’entraîneur des porteurs de ballon qui a vu plusieurs responsabilités s’ajouter à son mandat.

 

« Quand les joueurs parlent ouvertement ou réagissent ouvertement comme on a pu le voir dans les derniers jours, c’est sûr que c’était une question de temps », a ajouté Bolduc qui doit partager le boulot offensif avec Jones et Paul Dunn, l’entraîneur de la ligne offensive.

 

Un entraîneur des receveurs sera ajouté pour remplacer Andre Barbosa, un complice de Sherman, qui s’occupait de cette unité. Sans surprise, lui et le fils de Sherman n’ont pas été retenus pour poursuivre la saison avec les Alouettes.

 

« Une décision extrêmement favorable »

« On est des professionnels, mais je crois que les équipes obtiennent de meilleurs résultats quand le côté business disparaît. C’est là que la cohésion s’installe et qu’un sentiment d’attachement se crée donc je crois qu’on se retrouve dans une meilleure situation », a statué le vétéran Luc Brodeur-Jourdain.

 

Le respecté joueur de ligne offensive a vu trop d’entraîneurs défiler aux commandes des Alouettes, mais il ne pouvait pas s’opposer à cet autre changement.

 

« Je n’ai jamais trouvé ça agréable de voir des gens perdre leur emploi. Par contre, en voyant l’enthousiasme des joueurs, je dois constater que c’est une décision positive pour notre organisation autant dans l’atmosphère de l’équipe que du côté organisationnel. Je crois que c’est une décision extrêmement favorable pour notre équipe », a avoué celui qui n’est pas du style à exagérer ses propos.

 

Si une dissidence s’était installé à l’égard de Sherman, le mot révolte – qui a été utilisé ou suggéré par certains – serait démesuré.

 

« Non, je considère que c’est un mot trop fort », a déterminé LBJ.

 

Des entraînements trop exigeants

 

Ceux qui suivent de très près l’actualité des Alouettes se souviendront que le RDS.ca avait publié un article, en août dernier, sur la possibilité que Sherman impose des entraînements trop épuisants à ses joueurs, une observation évoquée par l’analyste Pierre Vercheval.

 

Ce sujet se classe parmi les principaux facteurs qui ont mené au départ de Sherman. À ce chapitre, l’ancien dirigeant des Packers de Green Bay a clairement débarqué à Montréal avec un entêtement.

 

« Il est arrivé avec ses idées, il a imposé ses idées. Je pense surtout à la manière de s’entraîner. On avait souvent l’impression de jouer plusieurs matchs par semaine l’an passé. C’est une chose qui devenait lourde parce que c’est une saison de 20 semaines et on n’a pas le luxe d’avoir beaucoup de joueurs sur la formation non plus. Ce n’est pas le premier à qui ça arrive, c’est différent. », a expliqué Bolduc.

 

« J’ai beau chercher dans mes souvenirs, je ne me souviens pas d’avoir vu des équipes faire 96 répétitions par jour. C’était beaucoup, c’est l’une des choses que l’on veut changer. On a eu 34 répétitions dans cet entraînement. Les gars vont arriver à la partie avec des jambes fraîches », a ajouté Bolduc.

 

Quelques minutes plus tard, ce fut au tour de Jones d’arguer dans ce sens en présentant un bref résumé de son approche. 

 

« Avant tout, je veux être fidèle à ma personnalité. Je veux me rabattre sur des choses que j’aimais en tant que joueur. Je souhaite également instaurer des entraînements plus courts, je veux reposer les jambes des joueurs. Je désire également que nos exercices dans les entraînements aient un but. En diminuant les répétitions, on doit du même coup s’assurer d’être en plein contrôle. J’ai une grande confiance envers les joueurs », a lancé le nouveau pilote par intérim.

 

L’autre critique qui a été soulevée à plus d’une reprise, c’est que Sherman était animé par une approche « old school » qui faisait grincer des dents bien des joueurs.

 

« Je ne voudrais pas dire vieille école, mais il y a deux philosophies qui prédominent. Il y a des entraîneurs qui sont avant tout professionnels dans leur approche et d’autres qui sont intimes. Personnellement, j’ai développé plus d’affinités avec ceux qui dénotent une intimité. Ça ne m’empêche pas d’être jugé ou critiqué. Il y a des entraîneurs qui vont dire, a priori, de ne pas s’approcher des joueurs, que c’est un environnement professionnel et qu’on est là pour les juger et non devenir leurs amis.  Bref, qu’on doit se respecter, mais sans plus. Dans mon cas, j’ai toujours cru que plus était mieux », a précisé Brodeur-Jourdain.  

 

L’évidence c’est que les résultats doivent apparaître. Depuis le départ de Marc Trestman, c’est loin d’avoir été un succès avec Dan Hawkins, Jim Popp, Tom Higgins, Jacques Chapdelaine, Kavis Reed et Sherman.

 

« C’est mon sixième entraîneur, il faut que ça fonctionne. On a une équipe talentueuse donc il faut que les joueurs soient à la hauteur maintenant », a reconnu  Bolduc sans détour qui perçoit assez talent au sein de l’équipe pour renverser la vapeur.