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Un premier touché plus que mérité pour le persévérant Regis Cibasu

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MONTRÉAL – Ça faisait 1772 jours, près de cinq années, que Regis Cibasu n'avait pas goûté à l'euphorie d'un touché. Pour cet habitué des exploits offensifs au niveau universitaire, ce premier touché dans la LCF était on ne peut plus savoureux. 

À sa quatrième saison dans la LCF, Cibasu était encore perçu comme un atout des unités spéciales et un redoutable bloqueur pour ses rares jeux offensifs. 

Avant le match de samedi à Hamilton, l'athlète de 29 ans n'avait capté que trois passes depuis son entrée dans le circuit canadien en 2019. Trois petites passes pour un total de 16 verges. 

C'est pour vous dire à quel point on comprend la défense des Ti-Cats d'avoir été complètement bernée par le superbe jeu élaboré par les Alouettes menant à son touché de 37 verges. 

« Je ne vais pas mentir, c'était un gros soulagement. Un bonbon pour tout le travail que j'accomplis depuis le début de ma carrière. Je suis vraiment reconnaissant d'avoir eu cette chance pour faire ce jeu », a confié Cibasu, avec un grand et radieux sourire, après l'entraînement de sa troupe. 

Même si Cibasu avait rêvé à la NFL à sa sortie des Carabins de l'Université de Montréal, il a dû se contenter d'un rôle très souvent ingrat dans la LCF.  

« On pratique chaque jour pour réussir le gros jeu et il faut être prêt. Si ça revient à moi de marquer un touché, je dois le faire. Et si je dois bloquer, je dois être à la hauteur aussi », a simplement exposé le colosse de six pieds trois pouces et 232 livres. 

Là où ça devenait encore plus intéressant, c'est que Cibasu a amplement eu le temps de voir le ballon se diriger vers lui. C'était tout sauf une passe rapide qui arrive en une fraction de seconde. Après une si longue attente pour ce premier touché, il a eu le temps de réfléchir à une tonne de trucs avant que le ballon atterrisse dans ses mains. 

Même s'il est doué comme receveur, ça peut devenir un piège d'avoir autant de temps pour réfléchir.  

De toute évidence, il n'était pas question qu'il laisse son adversaire Kenneth George fils le rabattre au sol avant de franchir la ligne des buts. 

« Cody (Fajardo) a fait une très bonne passe et le jeu avait été bien dessiné par les entraîneurs en plus de le sélectionner au bon moment. Il faut être prêt quand c'est ton tour », a exposé Cibasu en reconnaissant qu'il avait hâte que le ballon se rende à lui. 

L'entraîneur-chef Jason Maas a rendu tout le crédit à Cibasu et à Michael Lionello, le coordonnateur de l'attaque aérienne et entraîneur des receveurs. 

« Mike a préparé cette stratégie et on avait une bonne idée de comment les Tiger-Cats allaient réagir à la première phase du jeu. Cibasu a très bien couru son tracé et ils ont mordu sur celui de (Austin) Mack car on avait montré un tracé similaire plus tôt dans le match. Ce fut un énorme jeu pour nous », a statué Maas alors que les Alouettes clouaient, en quelque sorte, le cercueil des Tiger-Cats en prenant une avance de 27-14 avec moins de sept minutes à jouer. 

« Je suis vraiment heureux pour Cibasu, car il accomplit plusieurs choses que les gens ne remarquent pas. Il a eu sa chance et ce fut l'un des plus gros jeux du match », a ajouté l'entraîneur. 

Si Maas était souriant mardi, il a tout de même rappelé à Cibasu que sa punition - pour conduite répréhensible lors de sa célébration – était à proscrire. 

« Ouais, coach Maas est venu me parler pour me dire d'agir comme si j'avais déjà marqué des touchés. C'est vrai, mais je me disais dans ma tête ‘je ne l'ai jamais vécu justement' », a admis Cibasu. 

Quand on l'a relancé pour s'assurer qu'il n'avait pas usé de cette répartie avec Maas, il a confirmé que non en éclatant de rire. 

C'est donc dire que deux anciens Carabins qui ont été très patients, lui et Frédéric Chagnon, ont connu un match mémorable à Hamilton. Pour Chagnon, c'était son premier départ en sept ans en défense.  

« C'est un sport pour lequel tu dois toujours rester prêt. Certains deviennent des partants dès leur première saison et d'autres doivent attendre plus longtemps. Même si ça n'arrive pas dans les premières années, il faut demeurer persévérant. On doit agir comme des professionnels et l'équipe peut avoir besoin de nous pour un jeu à la coupe Grey », a-t-il témoigné. 

Sa persévérance a été si longue que Cibasu ne se souvenait pas du contexte de son dernier touché. Selon nos recherches, ça remonte au 28 septembre 2018 dans un gain des Carabins contre le Vert & Or de l'Université Sherbrooke sur une passe de six verges de Dimitri Morand. 

On salue donc sa décision de placer ce précieux ballon dans un boîtier transparent qu'il donnera en cadeau à sa mère. 

L'autre bonne nouvelle, c'est que Cibasu cadre à merveille dans le système offensif de Maas qui adore se fier sur des bloqueurs supplémentaires qui peuvent capter des passes à l'occasion. 

« C'était juste une question de démontrer à Coach Maas que je pouvais comprendre son système et accomplir le boulot, de lui prouver qu'il pouvait m'accorder sa confiance », a convenu Cibasu. 

En terminant, on s'en voudrait de ne pas souligner l'impressionnant travail, à titre de bloqueur, du petit Tyler Snead sur un autre jeu déterminant, le flea flicker vers Quartney Davis. 

« On avait un accent sur la course dans ce match et on sentait, dans notre préparation, qu'on pouvait intégrer ce jeu si on obtenait du succès par la course pendant la partie. Tout le monde a contribué pour élaborer ce jeu et il a fallu que chacun accomplisse sa part comme Snead, sur la ligne de mêlée, face à un ailier défensif », a vanté Maas alors que Snead a contenu un adversaire fort imposant pendant trois secondes.