« Ce stade va toujours me tenir au cœur » - Kristian Matte
Alouettes vendredi, 27 août 2021. 07:20 mercredi, 11 déc. 2024. 14:51RDS et RDS Direct présenteront le match entre les Alouettes et les Tiger-Cats dès 19 h ce soir.
MONTRÉAL – Le Stade Percival-Molson est un lieu si intimiste que Luc Brodeur-Jourdain connaît plusieurs fidèles partisans par leur prénom. Lors de chaque partie des Alouettes, il envoie la main à Suzanne et Nathalie en leur soufflant un bec et il fait sa tournée de câlins aux agents de sécurité.
Vendredi soir, ce sera la première fois en 656 jours que Brodeur-Jourdain et de nombreux acteurs des Alouettes pourront renouer avec la précieuse routine dont ils ont été privés. C’est en écoutant leurs témoignages qu’on comprend que ce premier duel à domicile (dès 19h à RDS) depuis le 10 novembre 2019 leur fera vivre de grandes émotions.
« Au niveau de l’ambiance, il y a quelque chose de spécial sur la montagne avec la vue sur la ville. En tant que Montréalais, j’ai eu la chance d’être sur ce terrain avec des joueurs comme Ben Cahoon et Anthony Calvillo », s’émerveille, encore aujourd’hui, le vétéran Kristian Matte qui apprécie également le privilège de jouer devant ses proches.
« Ce terrain-là représente beaucoup plus que juste un terrain de football à mes yeux. Même que mon fils est né à l’hôpital Royal-Victoria. La vue de notre fenêtre, c'était le terrain de football! Ce stade va toujours me tenir au cœur », a ajouté Matte avec une note personnelle fascinante.
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À défaut d’être parfait, ce stade a sauvé l’organisation des Alouettes depuis l’histoire bien connue de leur déménagement – qui devait être temporaire – pour un match éliminatoire en 1997.
« J’étais avec les Lions en 1997 quand les Alouettes ont joué ce premier match ici. Je n’étais pas en uniforme, mais j’avais fait le voyage et je m’étais dit que l’équipe devrait y déménager. Je sais également très bien que ce n’est jamais facile de jouer ici dans le camp adverse. On entend si souvent "First down, Montréal!" Ça ne fait que résonner dans nos oreilles. Maintenant, je suis bien heureux de l’entendre », a raconté l’entraîneur-chef Khari Jones.
La lumière est apparue au bout du tunnel notamment grâce à son influence comme entraîneur. Avant cet autre changement de régime, les dernières saisons avaient été plus laborieuses en comparaison avec l’époque des Calvillo et Cahoon justement.
Tout de même, quelques matchs ont été mémorables, comme la prestation invraisemblable de Tanner Marsh pour mener les Oiseaux vers une remontée victorieuse de 39-38 le 22 août 2013 après de puissantes averses.
« Il avait mouillé à siaux! Je comprenais que bien des partisans avaient quitté. Je me mettais dans leurs souliers », s’est rappelé Brodeur-Jourdain, dont le père s’était promis de ne plus jamais partir d’un match quand il a appris le résultat en embarquant dans son auto.
Le retour historique pour combler un déficit de 20 points au quatrième quart contre les Blue Bombers de Winnipeg en 2019 demeure un autre point d’exclamation plus récent.
« J'étais dans les cabines pour les entraîneurs, au-delà des gradins, et je pouvais encore mieux observer ce qui se passait. C’était merveilleux de voir tout le monde au bout de son siège », a confié LBJ.
« Durant cette saison de 2019, on était devenus des spécialistes des remontées et les partisans étaient enflammés, l’ambiance était folle! Je me souviens de la lumière des cellulaires des spectateurs, ça créait toute une atmosphère dans le stade. Ce sera merveilleux de retrouver les gens », a témoigné le secondeur Chris Ackie.
Brodeur-Jourdain a aussi été happé par cette réaction de la foule.
« Ça n’avait pas de sens comment il faisait noir en fin de partie et les partisans ont créé un moment magique en faisant ça. Je me disais "Wow, maudit que c'est beau!" Ce sont des choses qui sont belles, des moments que les gens veulent partager ensemble », a témoigné l’entraîneur de la ligne offensive.
L'eau coulait sur la tête de Whyte dans le vestiaire
S’installer dans un stade aussi vieux - il date de 1915 - veut cependant dire composer avec des vestiaires désuets et minuscules. Un défi considérable pour la taille d’une équipe de football.
« Bien sûr que je ne m’ennuie pas de cet aspect. Mais un peu quand même, parce que quand on se replonge dans les sensations d’une journée complète de match, ça fait partie de l’expérience. Il faut accepter les petits côtés moins parfaits pour avoir la chance de jouer de nouveau, donc je vais prendre le petit vestiaire », a réagi Ackie.
En somme, même si ce vestiaire a été source de frustration à plusieurs reprises, les joueurs sont en mesure d’en rire aujourd’hui.
« Chaque fois que je pense au vestiaire, je pense à Martin Bédard qui était assis en face de moi. Je pense aussi à Sean Whyte qui avait de l’eau qui lui coulait sur la tête quand il pleuvait à l’extérieur. C’est quand même un peu farfelu, mais ce n’est pas si grave. Quand les choses sont moins polies, ça bâtit toujours plus de souvenirs », a raconté Brodeur-Jourdain.
Il faut carrément se faufiler dans ce vestiaire pour s’y promener. Cela dit, même si les joueurs sont collés les uns sur les autres, ils retiennent avant tout les moments magiques, à commencer par la tradition de compter chaque point à voix haute, en français, après les victoires.
« J’adore ce moment! La majorité des anglophones peuvent seulement compter jusqu’à 10 alors ça devient plutôt drôle après 10 », a rigolé le receveur B.J. Cunningham.
Au moins, le vestiaire de l’équipe adverse n’a rien de plus élégant. Khari Jones peut le confirmer grâce à son expérience avec plusieurs clubs et il en garde un souvenir amusant.
« Pour une raison que j’ignore, dans le vestiaire des visiteurs, il y a toujours eu un casier problématique. Dès que le joueur déposait des choses dans le haut, ça tombait derrière et il fallait que quelqu’un tente de récupérer le tout en allant à la pêche! Chaque équipe avec lesquelles j’ai été associé a dû composer avec ce casier truqué. C’était drôle, ça ajoutait quasiment au cachet », a raconté Jones, que l’on voit souvent sauter et danser sur les lignes de côté.
L’attente tire donc à sa fin et elle a été particulièrement longue - plus de deux ans pour Cunningham, qui s’était blessé le 9 août 2019.
« Je dis toujours aux nouveaux joueurs ou aux gens à qui je parle de notre équipe que nous avons le plus beau stade, celui avec le plus beau décor. C’est sans compter nos partisans avec lesquels j’adore communiquer. J’ai ma célébration quand je réussis un premier essai et j’adore voir les gens la reproduire dans les gradins. Je n’en peux plus d'attendre de retourner sur ce terrain et d’aller réussir des jeux », a conclu Cunningham.