S.J. Green, l'ancien des Alouettes, sera intronisé au Temple de la renommée
MONTRÉAL – Il y a deux mois, S.J. Green avait mangé des ailes de poulet au Hooter's avec son bon ami Nik Lewis. Quand Lewis a rappelé Green la semaine passée, ce dernier était loin de se douter qu'il apprendrait son intronisation au Temple de la renommée du football canadien.
« On parlait tout bonnement et Nik est devenu très émotif. Je lui ai demandé s'il était correct et c'est là qu'il m'a révélé la nouvelle. Il était reconnaissant de pouvoir me l'annoncer. Je pensais pratiquement que c'était une blague surtout qu'il aime jouer des tours. J'ai ressenti un sentiment vraiment extraordinaire », a raconté Green qui représentait un choix indiscutable pour la cuvée 2024.
Si Green fera une entrée plus que méritée dans ce groupe sélect, il faut se rappeler de son chemin fabuleux qui s'est entamé par une attente de deux ans sur l'équipe d'entraînement des Alouettes.
À son arrivée à Montréal, en 2007, Green ne manquait pas de talent. Mais il a dû attendre son tour derrière de fabuleux receveurs comme Ben Cahoon, Kerry Watkins et Jamel Richardson qui s'est joint à l'équipe en 2008.
Avec le recul, Green réalise à quel point ce passage éprouvant a façonné la suite de sa magnifique carrière.
« Si je suis honnête, cette attente a probablement été la période la plus importante de ma carrière. J'étais à une étape de ma vie que le football était tout pour moi, mais je n'avais pas l'impression que le football m'aimait en retour. Dans ma tête, je considérais que j'étais prêt à jouer. Je voulais être un partant et je trouvais que j'étais meilleur que certains partants », a-t-il confié.
« Ça m'a permis de prendre un pas de recul et d'écouter Coach (Marc) Trestman pour comprendre ce qu'il enseignait à Cahoon, Watkins et Richardson. Je pouvais observer leurs erreurs et, quand ce fut mon tour, c'était facile de ne pas les répéter », a précisé l'ancien numéro 19.
Cet exercice de patience « qui a été difficile à endurer mentalement » lui a aussi appris à devenir plus patient, à développer son leadership et à découvrir ses coéquipiers.
Green n'a pas tardé à décoller quand il a eu le feu vert pour s'exprimer. Lors de sa première saison complète, en 2010, il s'est imposé comme une cible d'une immense fiabilité inscrivant 10 touchés par la passe. Entre 2011 et 2019 (sa dernière saison), il a accompli sept campagnes de plus de 1000 verges.
Il était dominant au point que ça semblait facile pour lui de vaincre ses adversaires. Si souvent, les partisans l'ont vu bondir pour capter une passe et compléter un premier jeu déterminant.
Mais son fait saillant le plus célèbre demeure son attrapé hallucinant à une main, en plongeant, dans la zone des buts. Une séquence qui résume à merveille tous les efforts investis par l'Américain qui est maintenant âgé de 38 ans.
« Je me souviens de cette saison morte, c'était l'année que j'avais signé avec les Jets et que j'avais été libéré. J'ai réalisé que j'essayais de m'implanter dans la NFL pendant que la LCF m'aimait. Mon beau-père m'avait lancé une tonne de ballons difficiles à attraper pour que je devienne encore meilleur. Il s'est presque arraché l'épaule à me lancer tant de ballons pendant ma préparation. On a pratiqué ces attrapés, ceux à une main et ceux en tombant au sol. Je repense donc à tout le travail qui a permis de réussir cet attrapé », a exposé ce grand travaillant.
Green aura été électrisant avec les Alouettes et il aura eu le bonheur de savourer deux conquêtes de la coupe Grey avec l'organisation montréalaise.
Mais il ne faudra jamais oublier le retour exceptionnel qu'il a effectué avec les Argonauts de Toronto en 2017.
Tôt dans la saison 2016, Green avait subi une blessure qui avait tout anéanti dans son genou droit : trois ligaments déchirés ainsi que le ménisque. Le nouveau directeur général, Kavis Reed, n'avait pas l'intention de le ramener avec l'équipe en 2017 et Green l'a incité à l'envoyer retrouver Trestman et Jim Popp qui dirigeaient désormais les Argos.
À la surprise de plusieurs observateurs, il est parvenu à redevenir un joueur étoile. En fait, il a connu la saison la plus productive de sa carrière en 2017 avec 1462 verges aériennes, 10 touchés et une autre conquête de la coupe Grey.
Que ce soit à Montréal ou à Toronto, Green aura laissé l'empreinte d'un merveilleux coéquipier qui s'est démené au quotidien pour aider son équipe. Quand on lui demande d'identifier un coéquipier qui demeure spécial dans son cœur, il ne veut pas offusquer tous ses grands copains.
Mais il finit par témoigner sur Jamel Richardson.
« Jamel a été un grand frère pour moi, il m'a pris sous son aile et montré le chemin. Notre relation a débuté sur une base compétitive dans un camp avant la saison 2008. Mais, au lieu de rivaliser, on a trouvé le positif dans ce contexte et il m'a appris bien des choses. Il a été vraiment spécial dans mon parcours, il a poussé mon jeu à un autre niveau et il a changé mon approche du sport », a vanté Green qui est heureux de voir que son fils et sa fille adorent, comme lui, les bénéfices du sport.
Avec une telle carrière en sol canadien (716 passes captées pour 10 222 verges et 60 touchés), c'est naturel que Green recommande la LCF à plusieurs Américains. D'ailleurs, il n'est pas impossible que son fils, qui aura 18 ans en octobre, débarque un jour au Canada.