Le petit Tyler Snead réussit des blocs extraordinaires pour les Alouettes
MONTRÉAL – Ça sonne fou de demander au petit Tyler Snead de bloquer un ailier défensif auquel il concède 70 livres et près d'un pied. Mais ça fonctionne! Véritable pépite d'or dénichée par les Alouettes, Snead brille de plusieurs façons depuis son arrivée à Montréal.
Après avoir attendu son tour pendant trois matchs, Snead a obtenu son premier départ le 9 juillet et, dès sa deuxième rencontre, il a capté trois passes de touché.
À cinq pieds sept pouces et 174 livres, ses talents de receveur sont déjà épatants.
Mais c'est véritablement avec sa faculté renversante de bloquer des adversaires plus imposants que Snead épate la galerie. Et disons-le, ses coéquipiers et entraîneurs aussi.
On entend des « Oh ! », des « what ! » et des mots qu'on ne peut pas écrire ici dans les réunions des Alouettes lorsque les entraîneurs font visionner au reste de l'équipe des blocs hallucinants réalisés par Snead.
Le meilleur exemple est survenu le 5 août à Hamilton. Au début du quatrième quart, les Tiger-Cats mènent 14-9 et l'entraîneur-chef, Jason Maas, décide de sortir le grand jeu. Un flea flicker qui exige une protection maximale en raison de son déploiement plus long.
Là où ça surprend, c'est que Snead s'est installé au coin de la ligne, à proximité du bloqueur à gauche, Nick Callender. Devant eux se dresse l'ailier défensif Tre Crawford (six pieds trois pouces et 245 livres) qui se lèche les babines en voyant Snead face à lui.
En toute logique, Crawford part comme une flèche du côté de Snead en pensant le pulvériser et obtenir un sac du quart. Snead réagit plutôt avec un bloc sensationnel de trois secondes permettant à Cody Fajardo de décocher une bombe de 43 verges à Quartney Davis.
Le plus drôle dans l'histoire, c'est que l'immense Callender (six pieds six pouces et 321 livres) n'a même pas eu à aider Snead pour freiner Crawford.
« Parfois, quand il se retrouve près de moi, je veux l'aider et le protéger, mais je le vois aller et c'est comme s'il n'avait pas besoin de moi, c'est cool à voir », a lancé Callender avec un sourire d'admiration.
« Snead est un brute! Il réussit tout ce qu'on lui demande. C'est fou de le voir se débrouiller aussi bien contre des joueurs très imposants », a ajouté le bloqueur.
L'œil affûté de notre collègue et analyste Pierre Vercheval n'a pas tardé à repérer les blocs importants de Snead. Sur un ton léger, il a raconté qu'il était en train de devenir son partisan numéro un.
C'est exactement l'effet que produit Snead dans son équipe. Voici les propos de Luc Brodeur-Jourdain, l'entraîneur de la ligne offensive, à propos de lui.
« Je n'ai pas vu ça très souvent dans ma carrière! De voir les blocs qu'il effectue et les maintenir quelques secondes, c'est exceptionnel. Il parvient à le faire avec une technique très solide. Ce lui fut enseigné dans sa jeunesse et c'est ancré en lui », a vanté Brodeur-Jourdain.
« Durant le match, tu n'as pas le temps de réaliser tout ce qu'il fait. Mais en visionnant de nouveau les images, on voit que c'est très impressionnant. Même sur les jeux de course, pour un petit gars, il va se promener avec les plus gros et il distribue des coups! C'est vraiment le fun de pouvoir miser sur un joueur aussi combatif que lui », a enchaîné le garde Pier-Olivier Lestage qui s'y connaît dans l'art de bousculer ses opposants.
Toutefois, Snead accueille l'émerveillement de ses coéquipiers avec humilité.
« C'est vrai que, parfois, des gars sont étonnés et c'est amusant. Mais je ne veux surtout pas voir ça comme si c'était un gros accomplissement. Je sais que je suis en mesure de le faire », a réagi l'Américain de 23 ans.
L'assurance de Snead vient de son acharnement.
« Depuis que je suis jeune, mon père a toujours été mon entraîneur et il est petit lui aussi, donc il m'a toujours enseigné de tout donner sur le terrain et d'avoir une attitude de fonceur », a-t-il raconté.
« En vérité, j'aime ça contribuer avec un bloc. C'est plaisant aussi de se retrouver tout près des joueurs de ligne offensive. Ça me fait sentir un peu plus gros! », a déclaré Snead en riant.
Pour se rendre jusqu'à jouer trois matchs préparatoires, incluant un touché, avec les Steelers de Pittsburgh en 2022, il faut que le travail ait rapporté. Mais ça exige également une grande dose d'intelligence.
« J'ai assimilé quelques techniques des joueurs de ligne offensive. Je les observe et j'écoute parfois les consignes. C'est ma réalité d'être le plus petit joueur sur le terrain donc j'essaie de reproduire leur tout, j'aime apprendre sur les autres positions », a exposé celui qui a étudié en communications à l'Université East Carolina.
D'ailleurs, ses entraîneurs universitaires aimaient dire qu'il était, livre pour livre, le joueur le plus dur des États-Unis.
Un constat que personne ne contredira chez les Alouettes et sans doute bientôt à travers la LCF. Les entraîneurs des Oiseaux ont donc l'intention de continuer de maximiser l'arsenal épatant de Snead.
« Dès qu'une passe est complétée, sa réaction est de se tourner et d'aller trouver le premier bloc à réussir. C'est intuitif en lui et il n'a pas peur de rien. On essaie ainsi de le placer dans des situations qui représentent des défis », a précisé Brodeur-Jourdain à propos du joueur dont le père, Scott, a été repêché par les Reds de Cincinnati en 1991.
Et comment pensez-vous que Snead a réagi après avoir répondu à nos questions avec générosité? Il a couru à toute vitesse sur le terrain pour effectuer du temps supplémentaire après l'entraînement.