Jose Alejandro Gonzalez Garza, dans la lignée de Jonathan Sénécal
MONTRÉAL - De magnifiques histoires s'écrivent sur les terrains de football collégiaux du Québec. Après l'ascension de Benjamin St-Juste et Matthew Bergeron, il y a désormais celle de Steve Pierre Bolo Mboumoua. Mais voici plutôt l'histoire d'un quart-arrière, originaire du Mexique, qui succède à merveille à Jonathan Sénécal.
Le temps nous manque pour s'attarder régulièrement sur ces parcours inspirants. Heureusement, on a pu s'arrêter sur celui de Jose Alejandro Gonzalez Garza, décrit comme le prochain grand espoir à cette position.
Celui qui est surnommé Pepe a hérité de l'imposant défi de diriger l'attaque des Phénix du Collège André-Grasset peu de temps après le parcours exceptionnel de Sénécal.
L'inévitable jeu des comparaisons aurait pu peser lourd sur ses épaules. Sauf que ç'a n'a pas étouffé la passion de ce quart-arrière qui a commencé le football, dès l'âge de trois ans, dans sa ville natale de Monterrey au Mexique.
À sa deuxième année collégiale, « Pepe » est venu tout près de mener sa troupe à la conquête du Bol d'Or, mais il s'est avoué vaincu, 41-30, contre les puissants Titans du Cégep Limoilou.
Vingt jours après cette défaite, il parvient à parler de cette rencontre avec fierté.
« C'est un match dans lequel on avait investi beaucoup d'émotions et d'efforts durant la semaine. On avait plusieurs nouveaux jeux préparés spécifiquement pour la défense de Limoilou. Je suis extrêmement fier de mes coéquipiers, ils n'ont presque pas commis d'erreurs. Chapeau à Limoilou, c'est une grande équipe de football », a retenu Gonzalez Garza.
Auteur de quatre passes de touché, le numéro 12 des Phénix prône l'humilité.
« Ça part de la ligne offensive qui m'a donné tout ce temps pour lancer les passes de touché. Ce n'était pas le but du match, ce qu'on voulait, c'était de gagner. Mais je suis quand même fier de la performance de tout le monde », a-t-il noté, lundi.
Le quart droitier a tout de même admis que l'expérience du Bol d'Or a été grandiose.
« J'ai eu énormément de plaisir à jouer ce match d'autant plus devant les caméras, de savoir que tu vas passer à la télé. Le stade des Diablos est extraordinaire, j'ai adoré y jouer. »
Les caméras ont pu capter ce qu'on avait décelé en quelques minutes en assistant à un triomphe de 33-23 contre Vanier en fin de saison. Nos sources avaient vu juste, son talent épate autant par la force et la précision de son bras que son agilité pour gagner du temps ou des verges.
Jose Alejandro Gonzalez Garza et Tony Iadeluca« J'en ai vus des quarts au Québec, il est l'un de ceux qui se rapprochent le plus de Jonathan Sénécal. Il n'est pas rendu au même niveau côté compréhension du football, mais côté puissance de son bras, c'est l'un des meilleurs », a cerné son entraîneur, Tony Iadeluca.
À notre arrêt au Complexe Claude-Robillard pour la partie, quelques entraîneurs des Carabins de l'Université de Montréal étaient venus le voir jouer tout en épiant aussi d'autres athlètes prometteurs.
Ça ne date pas d'hier que « Pepe » attire l'attention. Iadeluca se souvient d'une confidence de Mathieu Bertrand, l'ancien quart-arrière du Rouge et Or de l'Université Laval.
« Mon fils avait joué une partie contre lui dans la pluie et la neige. Et quand je l'ai vu lancer, j'ai fait ‘Wow!' Pas beaucoup de jeunes peuvent lancer un ballon de cette façon dans de telles conditions », avait exposé Bertrand qui a joué plusieurs matchs dans un climat contraignant.
Arrivé avec sa famille au Québec à l'âge de six ans, Gonzalez Garza a eu le temps de s'habituer aux rigueurs des hivers québécois. Pour lui, le football a toujours exigé des sacrifices qui ne l'ont jamais effrayé.
Comme lorsqu'il habitait à Vaudreuil et qu'il avait eu « la chance » de faire le saut au Collège Notre-Dame pour les trois dernières années du secondaire.
« Je crois que c'est l'un des plus beaux moments de mon parcours, ça m'a permis d'exposer mon potentiel aux entraîneurs collégiaux et universitaires », a mentionné celui qui devait effectuer le long trajet matin et soir.
Mais comme il le dit, le football est rapidement « devenu une routine, comme aller à l'école ».
« Mon père, c'est un fan de foot ! Il m'a inscrit dès la première journée qu'un petit garçon pouvait commencer. Il y avait l'école et le football », raconte-t-il en plaçant les mains une à côté de l'autre pour illustrer que le football est vraiment près de l'école, et peut-être même plus haut, dans sa tête.
Si son paternel a joué au football à l'adolescence, son oncle était le meilleur joueur de la famille. Mais il l'a sans doute détrôné de ce titre.
À preuve, Iadeluca l'aidera à participer à quelques camps de football cet été pour mesurer l'intérêt des universités américaines à son endroit. Rien ne s'annonce facile pour percer aux États-Unis à la position de quart-arrière.
Jose Alejandro Gonzalez Garza« Dans mes rêves, ce serait l'idéal d'aller dans une université américaine. Je fais mon possible pour que ça se produise. En attendant, je me consacre à 100% au collégial, on n'a pas accompli notre objectif encore », a témoigné le droitier qui accueillent les comparaisons avec Sénécal comme un grand compliment.
« C'est un superbe athlète avec un bras ultra puissant, il faut juste le contrôler. Parce que lui, il lancerait 200 ballons par pratique et 12 mois par année », a dit Iadeluca à propos de celui qui continue aussi à jouer à un autre sport qu'il adore, le baseball.
Il juge avoir développé son impressionnant talent grâce à son père. Celui qui allait au parc si souvent pour lancer des ballons et lui apprendre à repérer ses lectures sur le terrain. Mais ses parents ont surtout pris la décision de quitter le Mexique pour offrir, à lui et sa sœur, une vie moins dangereuse ainsi qu'un meilleur encadrement académique et sportif. Grâce à eux, il peut rêver à une carrière professionnelle.
« Les deux options, la NFL et la LCF, sont un rêve pour moi. Je veux jouer au football le plus longtemps que je pourrai dans ma vie, ça me tient à cœur. C'est un but à atteindre », a lancé le sympathique athlète.