Maxence LeBlanc, un Québécois bientôt à Ohio State
MONTRÉAL – La carrure. C'est d'abord ce qui a sauté aux yeux d'Erik Kimrey.
À 6 pi 5 po et 225 lb, Maxence LeBlanc était dur à manquer. L'entraîneur-chef des Red Raiders de Baylor, une école secondaire préparatoire de Chattanooga au Tennessee, n'avait toutefois encore rien vu en cette première séance d'entraînement de la saison.
« Après les deux ou trois premiers tracés qu'il a courus, je savais qu'on avait quelque chose de spécial. Ça crevait les yeux. Par la façon dont il bougeait et la fluidité avec laquelle il effectuait ses tracés », se souvient Kimrey de son premier contact avec le receveur québécois.
Avant que LeBlanc ne débarque l'été dernier sur le bucolique campus bordant la Rivière Tennessee, Kimrey ne connaissait que bien peu de choses de sa nouvelle recrue formée chez les Dynamiques du Collège Charles-Lemoyne (CCL), un programme juvénile de Division 1 du RSEQ.
Il y avait certes le montage vidéo de ses plus récents exploits, sur lequel Kimrey avait bien jeté un œil, mais il n'y a rien comme le voir de ses propres yeux.
« Je le trouvais bon et je pensais qu'il serait un bon joueur, mais je ne savais pas encore à quel point. »
Kimrey a d'abord pu apprécier les aptitudes de receveur développées par LeBlanc à CCL. Puis, rapidement, l'entraîneur-chef a fait une proposition à l'athlète de Saint-Bruno.
« À mi-chemin dans la saison, on a eu une conversation. Je lui ai alors dit qu'il pourrait assurément jouer comme receveur dans la NCAA, mais que je pensais qu'il avait tout ce qu'il fallait pour devenir un espoir élite au poste d'ailier rapproché. »
Kimrey savait de quoi il parlait. Avant d'accepter le poste à Baylor, il avait passé la saison 2021 dans la NCAA à titre d'entraîneur des ailiers rapprochés des Gamecocks de l'Université South Carolina, un programme évoluant dans le SEC, une des conférences les plus relevées des rangs universitaires américains.
« Pour comprendre la game au poste d'ailier rapproché, je ne vois pas comment j'aurais pu mieux tomber », note LeBlanc, qui avait à l'occasion occupé la position à sa dernière saison avec les Dynamiques.
« Quand la balle est dans les airs, que les attrapés sont contestés, il va la chercher avec hargne », observe Michel-Pierre Pontbriand, qui a veillé au développement de LeBlanc à titre d'entraîneur-chef des Dynamiques.
« Quand il est dans la boîte au poste d'ailier rapproché, il amène un aspect physique qui est assez incroyable [...] Il peut autant faire un jeu en finesse qu'un jeu physique. Il est autant capable de danser comme une ballerine que de bloquer comme un joueur de ligne offensive », ajoute Pontbriand.
« Pas de faiblesses »
Au fil d'une saison durant laquelle il a capté 39 passes pour des avancées de 695 verges et trois touchés, en plus d'aider les Red Raiders à remporter un premier championnat d'État en 49 ans et conclure l'année au 61e rang des meilleures équipes au pays selon High School Football America, LeBlanc s'est imposé comme l'un des ailiers rapprochés les plus prometteurs au pays.
En date d'aujourd'hui, LeBlanc est classé au 14e rang des meilleurs ailiers rapprochés de la cuvée 2024 selon le site spécialisé 247Sports. Toutes positions confondues, il est répertorié au 271e échelon.
« Il a la carrure, le gabarit, les capacités athlétiques, l'agressivité et il maîtrise les angles pour bloquer, énumère Kimrey. Il n'a pas de faiblesses quand vient le temps de l'évaluer comme ailier rapproché. Les coachs d'ailiers rapprochés dans le Power Five (les cinq conférences d'importance dans le football de la NCAA ; ACC, Big Ten, Big 12, Pac-12 et SEC) veulent voir des gars athlétiques qui sont presque des receveurs assez gros pour jouer ailier rapproché. Et Max peut faire ça. »
Les Cardinals de l'Université Louisville ont été les premiers à le reconnaître officiellement et à offrir une bourse d'études complètes à LeBlanc le 6 novembre. Le lendemain, les Boilermakers de l'Université Purdue faisaient de même. Deux jours plus tard, c'était au tour des Tigers de l'Université Missouri.
« Dès que tu reçois ta première offre dans le Power Five, les autres se mettent à rentrer », explique LeBlanc, qui avait déjà huit offres sur la table avant la conclusion de sa première saison aux États-Unis. « À tous les jours, j'avais des coachs qui me textaient. Ils m'appelaient chaque soir. »
À la mi-décembre, alors que les règles de la NCAA permettaient aux entraîneurs et recruteurs des universités d'aller à la rencontre de futures recrues, quelques gros noms sont débarqués dans les installations de Baylor pour vendre leurs mérites à LeBlanc.
« Les plus grosses écoles, elles veulent te rencontrer en personne avant de te faire une offre », précise celui qui entre janvier et février a obtenu de nombreuses offres, parfois trois le même jour, notamment de Tennessee, Penn State, Florida State, Miami, Oklahoma, Wisconsin, Michigan et... Ohio State.
« Il l'attendait celle-là », note Pontbriand.
« Depuis que j'ai commencé à jouer au foot, je suis un fan d'Ohio State. C'était mon école de rêve. »
Maxence LeBlanc
Au pays de Nick Saban
Avec près d'une trentaine d'offres à départager, LeBlanc a publié son top-8 sur Twitter le 15 février, incitant quelques universités à se manifester, dont le Crimson Tide de l'Université de l'Alabama. Rien de moins. Nick Saban, l'entraîneur-chef de ce géant de la NCAA, est venu à sa rencontre, l'invitant alors à venir le visiter à Tuscaloosa.
LeBlanc y a reçu à la fin mars sa 31e et dernière offre.
« C'était quelque chose! J'étais un peu stressé. Ce n'est pas le coach le plus gentil que j'ai rencontré. Il avait un bon égo, lui. Mais c'est quand même Nick Saban, ça se comprend. »
Alabama ne s'est donc pas faufilé dans le top-4 de LeBlanc, publié le 5 avril et formé de North Carolina, Tennessee, Michigan et Ohio State, des universités qu'il avait déjà visitées, complétant sa tournée chez les Buckeyes.
« Dès que je suis arrivé, je savais. Je savais que c'était la bonne place », tranche le fils de Sébastien LeBlanc, un ancien joueur de tennis professionnel ayant remporté trois titres majeurs en double chez les juniors en 1990 avec Sébastien Lareau et Gred Rusedski.
« Je sentais que j'étais une priorité pour les coachs. Je suis rentré là-bas et tout le monde me connaissait. »
Ce n'était plus qu'une formalité. Dix jours à peine après avoir identifié les dernières équipes en lice pour ses services, LeBlanc procédait à la grande annonce.
« Quand ils lui ont fait une offre, je l'ai vu tout de suite dans ses yeux qu'il avait un faible pour eux, témoigne Kimrey. Keenan Bailey, leur entraîneur des ailiers rapprochés, a fait de l'excellent travail pour recruter Max. J'aurais pu le prédire très tôt que c'est à Ohio State qu'il allait aboutir. »
D'ici à ce qu'il joigne les rangs des Buckeyes et évolue dans un système offensif où on lui propose un rôle similaire à celui qu'il occupe à Baylor, LeBlanc a encore une saison dans les rangs secondaires pour prendre du coffre et parfaire ses habiletés au poste d'ailier rapproché.
« Ma principale force, c'est mes mains. Cette année, j'ai eu zéro échappé. Depuis que j'ai commencé à jouer au foot, c'est ça ma force. Ma taille, jumelée à mon poids et ma vitesse, m'aide aussi beaucoup. J'ai une bonne base quand je bloque, mais c'est sûr que j'ai encore beaucoup de techniques à apprendre. Je dirais que c'est ça ma plus grosse faiblesse en ce moment, mais j'ai déjà une bonne base selon Coach Bailey et c'est pourquoi ils étaient vraiment intéressés. »
« Il a encore un an devant lui et je ne serais pas surpris s'il parvenait à contribuer dès son année freshman, s'avance Kimrey. L'affaire avec Max, c'est qu'il a aussi toutes les qualités intangibles. L'éthique de travail, la ténacité et la volonté. Quand il va arriver à Ohio State, il va voir ce que ça prend pour contribuer et jouer là-bas, et c'est ce qu'il va faire. »