La patience a mené Cam Heyward vers les plus hauts sommets chez les Steelers
Le match entre les Steelers et les Giants sera présenté sur RDS2 et le RDS.ca dès 20 h lundi.
Avant-match Giants c. Steelers
Le parcours de Cam Heyward vers l'immortalité à titre de porte-couleurs des Steelers de Pittsburgh n'a pas commencé sur le terrain, mais sur les lignes de côté, où celui qui était alors un plaqueur recrue a passé la majeure partie de l'année 2011 dans un rôle d'apprenti anxieux.
Les semaines passaient et passaient encore, mais le statut de Heyward en tant que membre des unités spéciales et remplaçant occasionnel des vétérans Aaron Smith, Brett Keisel et Casey Hampton restait inchangé.
Pour un choix de premier tour qui a grandi en regardant son père, Craig «Ironhead» Heyward, passer plus d'une décennie à titre de punitif demi offensif pour cinq équipes, et pour un joueur qui avait l'impression d'avoir le football dans le sang, l'étrangeté de voir le jeu se dérouler sans lui a engendré un doute difficile à dissiper.
« Je me disais que le ciel me tombait sur la tête », a illustré Heyward à l'Associated Press. « On se demande ce qu'on fait de mal. »
En fait, rien.
Tout ce temps passé à regarder a permis à Heyward d'absorber les leçons de joueurs ayant plusieurs bagues de Super Bowl cachées quelque part. Il a appris non seulement quel était son rôle en fonction des circonstances sur le terrain, mais aussi celui des dix autres joueurs de la défense.
Il a aussi, d'une certaine manière, préservé son corps, celui-là même qui entrera sur le terrain pour la 202e fois lors d'un match de saison régulière, lundi soir, lorsque les Steelers (5-2) accueilleront les Giants de New York (2-5).
Aucun joueur défensif des Steelers n'a joué plus fréquemment. Pas Joe Greene. Pas Jack Lambert. Pas Troy Polamalu. Pas Mel Blount. Pas Donnie Shell, dont Heyward battra le record lorsque son numéro 97 foulera la pelouse du stade Acrisure pour participer à son premier jeu défensif du match.
Tous ces immortels du football se retrouveront à regarder le livre des records de l'équipe pour y voir le nom de Heyward, qui, pour être honnête, ne peut s'empêcher de se demander s'il les rejoindra un jour à Canton, où se situe le Temple de la renommée du football professionnel..
Lorsqu'on lui demande s'il pense, qu'un jour, il méritera une considération sérieuse pour y être intronisé, Heyward y va d'un signe de la tête.
« Je pense que oui », a-t-il répondu. « Mais ce n'est pas comme si on entrait au Panthéon quand on joue encore. L'objectif est d'essayer de gagner un Super Bowl. »
Retourner l'ascenseur
C'est la seule chose qui manque à Heyward au cours de ses 14 années de carrière. La seule chose que les icônes de la franchise qu'il est en train de dépasser ont sur lui.
Le temps presse, même s'il a signé, début septembre, un contrat de trois ans qui pourrait en théorie lui permettre de revêtir le chandail noir et or jusqu'à la fin de la saison 2026.
Ce pacte signifie que Heyward prendra probablement sa retraite en tant que Steeler, ce qu'il a toujours voulu. Le lien entre Heyward et la ville où son père a brillé à l'université de Pittsburgh et où sa mère a grandi est très fort.
Il a commencé à s'investir dans la communauté presque immédiatement après avoir été choisi au 30e rang en 2011. D'ailleurs, il est peut-être logique que le match record de Heyward ait lieu à la fin de la « Cam's Kindness Week », une série d'événements à travers Pittsburgh qui comprenait tout, d'une visite à l'Hôpital pour enfants à une collecte de vêtements, en passant par un don au département athlétique aux programmes de football et de flag football féminin de l'Obama High School, l'alma mater de sa mère.
Heyward ne considère pas ce qu'il fait comme quelque chose de particulièrement spécial. Sa mère, Charlotte, a inculqué à ses enfants, dès leur plus jeune âge, l'importance de retourner l'ascenseur.
« Elle ne voulait pas que nous nous contentions de faire notre chemin sans nous préoccuper de notre communauté », a expliqué Heyward, dont la fondation éponyme s'intéresse à tous les domaines, de l'alphabétisation à la lutte contre le cancer, qui a emporté son père en 2006.
L'altruisme de Heyward est ce qui fait de lui «la véritable incarnation d'un Steeler de Pittsburgh sur et en dehors du terrain», a déclaré son coéquipier de longue date T.J. Watt.
Retour en forme
Il faut ajouter à cela le fait que Heyward reste un élément perturbateur à un poste qui ne se prête pas vraiment à la longévité.
Blount et Shell, malgré toutes leurs réalisations, étaient des demis défensifs. Robustes, certes — à un point tel, dans le cas de Blount, que la NFL a littéralement changé les règles dans les années 1970 pour empêcher les demis défensifs de maltraiter les ailiers espacés à la ligne de mêlée — mais ils n'avaient pas à encaisser des contacts à chaque jeu. C'est le cas de Heyward, mais il peut encore donner autant qu'il reçoit.
Âgé de 35 ans, il compte déjà trois sacs du quart cette saison, ce qui porte son total en carrière à 83 1/2, un record pour un joueur de ligne défensive des Steelers.
À six pieds cinq pouces et 295 livres (à peu près), il est encore capable de contrer les efforts simultanés de deux joueurs de la ligne à l'attaque qui ont la responsabilité de freiner ses poussées vers le champ arrière, et de rabattre, occasionnellement, les tentatives de passes du quart rival.
La blessure à l'aine qui a limité son efficacité en 2023 n'étant plus qu'un souvenir de plus en plus lointain, il n'est pas rare de voir Heyward — des mèches grises dans sa barbe et tout le reste — pourchasser des adversaires à 20 ou 30 verges de la ligne d'engagement, symbole d'un acharnement qui reste aussi frais qu'il l'était le jour où il est arrivé dans la ligue.
« C'est un joueur puissant qui se trouve être athlétique », a déclaré Mike Tomlin, l'entraîneur-chef des Steelers. « Ces joueurs puissants vieillissent plus gracieusement que les athlètes surdimensionnés. J'imagine qu'à 45 ans, vous ne pourriez pas faire déplacer Cam d'un couloir sur le terrain. »
Il y a un côté rétro dans la façon dont Heyward fait son travail, et c'est l'une des raisons pour lesquelles l'homme dont il battra le record lundi soir pense que Heyward aurait eu sa place aux côtés des premiers membres du fameux « Steel Curtain », ce groupe de joueurs défensifs qui ont contribué faire des Steelers une dynastie durant les années 70.
« Cam est un homme remarquable », a déclaré Shell. « Il fait beaucoup pour la communauté et il est un joueur formidable. »