Passer au contenu principal

RÉSULTATS

Un exploit qui ne saurait tarder pour Matthew Bergeron

Publié
Mise à jour

VICTORIAVILLE – « Il y a le Matthew aimant, le Matthew gentil et le Matthew avec lequel il ne faut pas niaiser ».

 

Cette savoureuse citation vient de Dino Babers, l'entraîneur-chef de Matthew Bergeron à l'Université Syracuse. Très fier de l'évolution de son protégé, Babers s'était déplacé jusqu'à Victoriaville pour ne rien rater du repêchage du Québécois.

 

Un mélange de joie, de reconnaissance, de fierté et de nervosité flottait dans l'air pour cette grande soirée pour le football québécois. 

 

Puisque la valeur de Bergeron n'a cessé de grimper depuis les étapes du Senior Bowl, du Combine et du Pro Day, il était devenu possible que Bergeron soit repêché, jeudi soir, dès la première ronde.

 

L'athlète de 23 ans disait qu'il allait devenir plus nerveux à partir du 19e choix. Pour avoir eu la chance d'être présent dans la salle, on peut vous confirmer que Bergeron a ressenti des papillons avant cela. À mesure que des joueurs de ligne offensive étaient sélectionnés, ça devenait plus plausible que son nom résonne à travers l'Amérique du Nord.

 

« La plupart des équipes ont dit que je suis classé environ entre les rangs 20 à 45. Ce sera de voir qui fera le geste de me choisir », a expliqué Bergeron qui n'avait nullement à justifier sa nervosité.  

 

En fin de soirée, il a particulièrement cru à la possibilité d'être choisi par les Jaguars de Jacksonville au 27e échelon, mais ils ont opté pour Anton Harrison, un autre joueur de ligne offensive. C'était le cinquième à être choisi et Bergeron sait que son tour approche.

 

Ainsi, tout porte à croire que Bergeron sera repêché assez tôt, vendredi soir, lors de la deuxième ou troisième ronde. S'il est sélectionné avant le 74e rang, il deviendrait le deuxième Québécois repêché le plus hâtivement derrière Tshimanga Biakabutuka (8e rang en 1996).  

 

Tout le chemin parcouru par Bergeron a trouvé son sens via une visite déterminante à l'Université Syracuse, il y a cinq ans, après sa première année collégiale avec les Filons du Cégep de Thetford.

 

Babers était emballé de repenser à ce souvenir. Il n'avait pas tardé à être charmé par le colosse très athlétique.

 

« Il arrivait du Canada et je voyais qu'il était très talentueux et doté d'un bon physique. Mais je ne connaissais pas son éthique de travail, ni son grand cœur, son intégrité, sa maturité et son désir d'être bon », s'est rappelé l'entraîneur.

 

À partir de son année recrue, Bergeron a exposé toutes les valeurs qui l'animent en plus de fasciner par le but précis qui le motivait : atteindre la NFL. Il n'est maintenant qu'à quelques heures d'enfiler l'uniforme de l'équipe qui misera sur lui.

 

« Tu vois des noms comme Laurent Duvernay-Tardif et Benjamin St-Juste. Ils sont arrivés dans la NFL et ils ont prouvé des choses. Ce sont des excellents joueurs et j'espère un jour arriver à leurs chevilles et avoir des performances similaires », confiait Bergeron.

 

« C'est important de permettre aux jeunes de voir que c'est possible si tu crois en tes rêves et que tu investis les efforts. J'espère devenir une inspiration pour les jeunes », a-t-il ajouté.

 

Geoffrey Cantin-Arku a assisté de près à l'ascension de Bergeron. Le secondeur originaire de Lévis a entamé son parcours à Syracuse en même temps et ils y ont été coéquipiers pendant trois saisons.

 

Cantin-Arku, qui joue désormais pour Memphis, a conduit à partir du Tennessee pour vivre cette étape avec celui qu'il voit comme son « petit » frère.

 

« J'ai vu Matthew progresser pendant quatre ans d'une façon que peu d'athlètes peuvent le faire. Il est prêt physiquement et mentalement pour le prochain niveau. Je ne suis pas surpris, juste content. Il devient un exemple pour les générations futures et j'aimerais le faire aussi », a décrit Cantin-Arku.  

 

« Matthew, c'est un gars très humain, il est proche des gens et tout un meneur. Peu importe l'équipe qui va le repêcher, ce sera un plus », a-t-il ajouté.

 

Giguère, un allié de taille 

 

Comme n'importe quel athlète, Bergeron a eu à surmonter des embûches. Cela dit, son évolution demeure fascinante. Ça s'explique par la collaboration avec des entraîneurs marquants comme Jean Bourassa (avec les Vicas au secondaire), Diego Ratelle (Filons du Cégep de Thetford) et Rémi Giguère qui a été un allié de taille.

 

Giguère a épaulé Bergeron avec Équipe Québec et les deux hommes ont développé une grande complicité. Ainsi, Giguère a encadré Bergeron pour des séances individuelles. Une à deux fois par semaine, Bergeron conduisait de Thetford à Sherbrooke pour aller peaufiner sa technique avec Giguère.

 

D'ailleurs, la veille de l'essai à Syracuse, ils avaient passé deux heures à fignoler des détails techniques.

 

« Je me rappellerai toujours de cette journée, avec le soleil qui se couchait. Le lendemain, pratiquement 24 h plus tard, il m'appelait pour me dire que Syracuse lui offrait une bourse », a confié Giguère.

 

« Matthew n'était pas obligé de descendre à Sherbrooke deux fois semaine et payer son gaz. Mais il l'a fait et Matthew va toujours en faire un peu plus. C'est incroyable de voir où il est rendu », a poursuivi Giguère avec attachement.

 

Le but de Giguère était de préparer Bergeron à jouer contre l'élite. Après tout, avec ses attributs, c'était normal qu'il domine la compétition collégiale au Québec.

 

« On est au Québec, il n'y a pas 150 gars qui ont atteint la NFL avant lui. On a été prudents, on ne voulait pas vendre du rêve, on voulait l'aider », a décrit Giguère, coordonnateur du recrutement et entraîneur adjoint de la ligne à l'attaque avec les Carabins de l'Université de Montréal.

 

« Je suis privilégié de vivre ce moment avec lui. Comme entraîneur, tu te dis que tu as aidé le jeune à atteindre son rêve. Tous les joueurs rêvent à la NFL, mais ce n'est pas tout le monde qui a tout ce qu'il faut et le physique de l'emploi. Matt a tout ça, c'est une bonne personne avec le physique requis, le côté athlétique, l'intelligence… Il a les mêmes attributs que Laurent Duvernay-Tardif et Benjamin St-Juste. Tu dois avoir ça », a ciblé Giguère.

 

Victoriaville vibre pour Bergeron

 

Si Bergeron et ses proches vivent une semaine extrêmement spéciale, l'effet se ressent partout à Victoriaville.

 

« C'est une histoire de conte de fées! Un petit gars de Victo qui est devenu capitaine de son équipe aux États-Unis et qui sera repêché dans la prestigieuse NFL. Matthew est tellement un bel ambassadeur, il parle toujours de sa ville natale avec un bel attachement, de ses amis de longue date, ses anciens entraîneurs... C'est un modèle exceptionnel », a témoigné Antoine Tardif, le maire de Victoriaville et ancien gardien de la LHJMQ.