On a assisté à ce duel tant attendu entre Tom Brady et Peyton Manning, qui n'a finalement pas eu lieu parce que l'un a très bien joué et que l'autre a connu une partie difficile.

Manning a profité de la défense décimée des Patriots depuis le début de la saison pour prendre l'avantage. Les Pats étaient déjà privés de Vince Woldfork, Jerod Mayo, Brandon Spikes et Tommy Kelly, ce qui les a obligés à utiliser plusieurs substituts. Puis durant le match, la Nouvelle-Angleterre a perdu les services d'Aquib Talib. Contre une formation qui passe beaucoup comme les Broncos, une équipe a besoin de tous ses demis de coin, particulièrement de son demi de coin numéro un qui est capable de faire des couvertures homme à homme face au meilleur receveur ennemi, Demaryius Thomas.

La perte de Talib a forcé Bill Belichick à faire monter en grade les autres demis de coin et à faire entrer un réserviste dans la rencontre. Les Broncos ont vite exploité cette faiblesse et Manning en a profité. La blessure à Talif a forcé les Patriots à changer leur plan de match défensif.

Profitant d'une excellente couverture, Manning n'a pratiquement pas été touché de la journée, ce qui lui a permis de disséquer la défense des Pats. C'était un match phare pour Manning parce qu'en plus d'une autre confrontation face à Brady, c'était la finale d'association avec sa nouvelle équipe qui l'a embauché pour la guider à la conquête du Super Bowl. S'il avait fallu qu'il échappe la partie, c'est sa réputation qui en aurait pris un coup. Malgré ses records, son Super Bowl gagné avec les Colts, c'est son héritage qui en aurait pris un coup en cas de défaite. L'histoire juge les quarts par des championnats.

L'unité défensive des Broncos a accompli un travail colossal. Terrance Knighton, au centre de la ligne défensive, a anéanti le jeu au sol­. Il a appliqué une pression constante sur Tom Brady, qui n'a pas connu un bon match.

Il faut dire que l'arsenal dont disposait Brady était moins dangereux. Ses receveurs n'ont pas vraiment connu un grand match aussi, mais le quart n'a pas été à la hauteur. On a compris que les Pats jouent au rythme de Brady. Si Brady ne joue pas bien, toute l'équipe ne connaît pas de succès. C'est ce qui est arrivé dimanche. Il a connu une contre-performance et son club a perdu la partie.

Le pointage de 26-16 est un peu flatteur pour les Patriots, qui ont réussi à stopper les Broncos à quelques reprises près de la zone des buts et forcer les placements parce que l'écart au tableau aurait pu être plus grand.

Belichick a dit après la partie que Wes Welker avait délibérément attaqué son joueur défensif pour le bloquer. Je pense que Welker a posé le geste délibérément, mais c'était pour bloquer Talib lors d'un jeu en croisé. Comme au basketball, on appelle ça "un pick". C'est fait pour bloquer le chemin et les règles de la NFL le permettent. On protège beaucoup les joueurs offensifs. Peut-être que cet incident va inciter la NFL à mieux protéger les joueurs défensifs. Tant mieux si cette blessure a cet effet, mais je ne crois pas que Welker voulait blesser le joueur des Patriots.

Un match riche en émotions

Le choc entre les 49ers de San Francisco et les Seahawks de Seattle a répondu aux attentes. Ce fut un match haut en émotions et très robuste. Tous les trois ou quatre jeux, on avait l'impression qu'il y avait un joueur au sol tellement ça frappait.

Les coups étaient vicieux de part et d'autre. Il y a eu beaucoup de pénalités d'intensité. C'était comme un combat de poids lourds et quand il y avait une erreur, l'autre équipe avait la contre-attaque qu'il fallait. Ç’a donné un match serré.

Colin Kaepernick a fait la différence pour les Niners avec ses jambes. Il a obtenu 130 verges au sol et seulement 158 par la voie des airs. Il a connu des ennuis par la passe, mais il avait devant lui la meilleure unité défensive contre la passe. Les Seahawks ont été agressifs avec les receveurs. On les a dérangés. Vernon Davis a été éliminé de l'équation, Michael Crabtree n'a pas été un facteur important et Anquan Boldin a connu une partie difficile en échappant quelques passes. Au sol, Frank Gore n'a pas été mieux avec seulement 14 verges en onze courses. Le seul atout en attaque a été Kaepernick et ses jambes.

Chez les Seahawks, le quart Russell Wilson a connu une performance honnête. Ce qui a fait la différence, c'est Marshawn Lynch qui a totalisé 109 verges et un touché. Dans les rencontres éliminatoires, il est toujours exceptionnel. C'était la quatrième fois en six parties éliminatoires qu'il amasse au moins 100 verges. Comme les grands joueurs, Lynch se lève lors des grands événements. On l'a vu faire des gains importants après s'être fait frapper. Être frappé ne l'a pas empêché d'obtenir des verges supplémentaires parce qu'il continue tout le temps. Même s'il y a deux ou trois gars sur lui, il est très difficile à mettre au sol.

Je veux souligner le travail en défensive de Richard Sherman, qui a réussi un gros jeu en fin de partie en rabattant la passe de Kaepernick dans les dernières secondes, ce qui a conduit à l'interception qui a scellé l'issue du match. Je ne peux pas en dire autant toutefois de son comportement après la rencontre. Ce n'était que la deuxième fois du match qu'il était défié, lui qui est considéré comme le meilleur demi de coin.

J'aime l'intensité et même l'arrogance de certains joueurs en défensive. L'arrogance est parfois nécessaire pour avoir du succès et avoir une grande confiance en soi, mais je n'ai pas aimé que Sherman soit allé narguer l'adversaire en fin de partie. Peu importe, ce qui a été dit avant ou pendant la partie, cette forme d'arrogance n'a pas sa place. Ton équipe a gagné la partie et tu t'en vas au Super Bowl, il faut célébrer avec classe. Les grands athlètes le font avec classe, ce qui a nettement manqué au joueur des Seahawks. À mes yeux, c'est un manque d'esprit sportif et d'éthique en tant qu'athlète.

Une chose est sûre, le Super Bowl promet un beau spectacle alors que la meilleure offensive va se mesurer à la meilleure défensive. Il reste simplement à voir si les conditions météorologiques vont avantager l'une ou l'autre de ces facettes.

*propos recueillis par Robert Latendresse