Une guerre des tranchées dominée par les Steelers
NFL lundi, 16 janv. 2017. 23:47 vendredi, 13 déc. 2024. 12:41Les Steelers ont utilisé une vieille recette pour vaincre les Chiefs.
Quand j’analyse cette rencontre, je pense à beaucoup de clichés du football. Les Steelers ont gagné la guerre des tranchées, et ce, des deux côtés du ballon. Les gros canons de Pittsburgh ont fait de gros jeux. Ceux des Chiefs, on ne les a pas vus beaucoup et quand ils ont eu l’occasion d’en faire, ils ont failli à la tâche.
Si les Steelers avaient fait preuve d'un peu d’opportunisme et de finition, probablement que cette rencontre n’aurait même pas été serrée. Pittsburgh a visité la zone payante à quatre reprises, mais la troupe de Mike Tomlin n’a inscrit aucun touché.
Une chance que le botteur Chris Boswell a réussi ses six tentatives de placement. À la blague, tout le monde disait que c’était le nouveau « B » dans les « Killer B’s » qui compte Antonio Brown, Le’Veon Bell et « Big » Ben Roethlisberger!
Dans des conditions difficiles, sur la route en plus, il a été parfait. Et une chance qu’il l’a été parce que c’est lui qui a inscrit les 18 points de son équipe dans la victoire de 18-16.
C’est rare qu’on voit une équipe l’emporter sans marquer de majeur. Et de l’autre côté, c’est rare qu’on voit une formation perdre en n’accordant pas de touché. Bref, c’était un match complètement bizarre.
Je donne beaucoup de mérite aux Steelers qui ont contrôlé le match à cause la combinaison de leur ligne à l’attaque qui a été exceptionnelle et Le’Veon Bell qui a été spectaculaire.
Bell est patient pour laisser le jeu se développer. Ça montre qu’il a une bonne vision, qu’il lit très bien les fronts défensifs et qu’il comprend les systèmes de blocage devant lui. Par le fait même, il sait préparer ses blocs. Si un joueur défensif n’est pas discipliné et qu’il veut jouer au héros contre Bell, il va lui faire accroire qu’il va dans un certain corridor de course pour ensuite y aller à contre-courant.
Il lit les joueurs défensifs. Il attend que ceux-ci se commettent pour partir à l’opposé. On entend souvent parler des receveurs qui veulent envoyer le demi défensif à l’opposé d’où ils veulent aller. Le’Veon Bell fait exactement la même chose à la position de porteur de ballon.
Je n’ai jamais vu cela de manière aussi flagrante que lui. Parfois, il arrête carrément ses pieds et il fait du surplace pendant une seconde, ce qui semble une éternité. Mais il est vraiment impressionnant depuis le début des éliminatoires.
Je dis aussi chapeau à la ligne à l’attaque. La patience de Bell implique que les joueurs doivent tenir leurs blocs beaucoup plus longtemps ce qui peut les rendre vulnérables pour des pénalités pour avoir retenu.
Bref, cette combinaison permet de contrôler le tempo, la guerre de tranchées et le temps de possession.
Roethlisberger n’a pas connu un gros match, mais à la fin de celui-ci, quand il fallait compléter les deux passes à l’intérieur de sa ligne de 5, il l’a fait. Il s’est présenté.
Le seul défaut de l’attaque des Steelers, c’est son manque de finition. Si elle avait été le moindrement opportuniste, je ne crois pas que les Chiefs auraient été dans le coup.
Du côté des Chiefs, pour une équipe qui a eu deux semaines de préparation en raison du laissez-passer, il s’agit d’une performance décevante, surtout du côté de l’attaque. En défense, on a accordé des verges, mais pas de touché. C’est frustrant pour une unité défensive de perdre une rencontre sans allouer un seul majeur.
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L’attaque n’a pas fait le boulot. On a vu des jeux où le receveur échappait la passe. On a vu des jeux où les receveurs étaient démarqués, mais Alex Smith manquait de précision. On a vu des jeux où le receveur était démarqué, Alex Smith s’apprêtait à lancer le ballon, mais un bloc raté dans la protection le forçait à changer ses plans.
Les Chiefs ont aussi écopé de beaucoup de pénalités et ont accordé plusieurs sacs. En somme, les Chiefs se sont tirés dans le pied toute la soirée.
Par exemple, au troisième quart, avec un troisième essai et deux verges à gagner, les Chiefs ont écopé d’une pénalité pour avoir pris trop de temps pour remettre le ballon en jeu. Le jeu suivant, Alex Smith a subi un sac du quart et Kansas City a dû dégager au lieu de tenter un botté de précision.
Sur la séquence suivante, les Chiefs étaient à une seconde de prendre une autre pénalité pour avoir retardé le match, mais Andy Reid a gaspillé un temps d’arrêt – qui aurait été utile en fin de match – pour l’éviter. Sur le même jeu, Travis Kelce a écopé d’une pénalité de 15 verges pour avoir bousculé un adversaire.
Il y a un dicton au football qui dit que la première chose que tu dois faire avant de gagner, c’est de ne pas te battre soi-même. Les Chiefs ne se sont pas aidés.
Évidemment, il y a aussi eu la pénalité sur la transformation de deux points. N’en déplaise à Kelce, qui a été assez sévère envers les arbitres, c’était clairement une pénalité. Eric Fisher a retenu James Harrison. Cela a coûté deux points et l’égalité.
C’était un match frustrant pour les Chiefs et on l’a vu avec Kelce et sa pénalité stupide. L’ailier rapproché a été le meilleur receveur des Chiefs, mais sa performance nous a laissés sur notre appétit en raison de ses passes échappées et de sa pénalité stupide.
De plus, la recette des Chiefs n’a jamais été de passer le ballon à 34 reprises et de courir à 14. Je m’explique mal la sélection de jeux. Je comprends qu’ils ont concédé que c’était difficile de courir contre les Steelers. Par contre, Pittsburgh n’a jamais mis le match hors de portée. Il n’y avait aucune raison d’abandonner le jeu au sol.
Tout ça ensemble fait en sorte que les Steelers méritaient amplement la victoire. Ils ont tout fait, sauf marquer des touchés. Et pour le spectacle, une chance qu’ils n’en ont pas inscrit parce que je ne suis pas certain que les Chiefs auraient eu la chance de créer l’égalité sur un converti de deux points en fin de rencontre.
C’est une autre défaite à domicile en éliminatoires pour les Chiefs. Ils ont une fiche de 2-6 en pareilles circonstances. Pourtant, on parle d’un stade qui est très bruyant. L’avantage du terrain, malheureusement, ça ne vaut pas grand-chose pour les Chiefs en éliminatoires.
Les Patriots ne sont pas parfaits
Il y a longtemps que je n’avais pas vu l’attaque des Patriots et de Tom Brady être aussi brouillonne. Comme les Chiefs, on ne pouvait pas avoir d’excuse avec le temps de se préparation en raison de la semaine de congé.
Il faut tout de même donner du mérite à l’unité défensive des Texans en ce qui a trait à la performance de l’unité offensive des Pats.
Ce fut difficile pour les Patriots. Brady a commis deux interceptions, soit son total en 12 matchs de saison régulière. Il n’a complété que 47 % de ses passes. Il a subi deux sacs et il a été frappé huit fois.
Les Texans l’ont dérangé et c’est la recette pour gagner contre les Pats. Si tu veux arrêter les Patriots, tu dois freiner Brady.
Le pire, c’est que même s’ils ont été brouillons, les Patriots ont tout de même marqué 34 points. Les Pats, c’est Brady et l’attaque, mais c’est avant tout un concept d’équipe. Les unités spéciales ont inscrit un touché avec le retour de botté de Dion Lewis sur 98 verges. La défense a également provoqué de gros revirements.
On peut donc dire que les deux autres facettes ont pallié les problèmes de l’attaque.
Ce qui les a sauvés, ce sont les gros jeux. L’attaque des Pats a réalisé des jeux de 48 et 45 verges en attaque. Il y a aussi eu une pénalité d’obstruction de 30 verges des Texans. Il faut également ajouter le long retour de Lewis. Outre ces jeux, nous n’avons pas vu les Patriots y aller de façon méthodique. Si ce n’était pas des gros jeux, ç’aurait été intéressant de voir le pointage final.
La Nouvelle-Angleterre s’est un peu tirée dans le pied avec des pénalités et des revirements qui ont coûté des points. Il y a eu une pénalité d’un joueur défensif qui a permis aux Texans de continuer une séquence où Houston est allé marquer trois points.
Un sac du quart des Texans a empêché les Patriots de tenter un placement. Une interception de Brady a mené à un botté de précision des Texans. Sur la séquence qui a suivi l’échappée de Dion Lewis, Houston a inscrit sept points. L’autre interception de Brady a aussi conduit à un placement des Texans.
Les Patriots ont commis beaucoup d’erreurs. Si les Texans avaient été plus opportunistes, le match aurait été plus chaudement disputé.
Il faut tout de même féliciter les Patriots qui ont trouvé une façon de gagner malgré une performance moins étincelante qu’à l’habitude.
L’avance des Patriots a donc fait en sorte que les Texans étaient en football de rattrapage. Ils devaient lancer le ballon et on a vu clairement que Brock Osweiler avait des difficultés avec cette facette.
Les qualités primordiales d’un quart sont sa prise de décision et de lancer au bon endroit, mais aussi d’être précis. C’est le problème d’Osweiler. À six pieds huit pouces, il me donne l’impression d’un adolescent qui grandit trop vite et qui manque de coordination. Ses passes sont souvent toutes croches et il a été intercepté à trois reprises. Cela a scellé l’issue du match.
Houston, l’inspiration de Pittsburgh?
Il sera intéressant de voir la semaine prochaine si les Steelers utiliseront la même stratégie en défense que les Texans pour mettre de la pression sur Tom Brady.
Étant un quart-arrière qui reste dans sa pochette, la clé pour battre Brady, c’est de le faire bouger de cet endroit. Les Texans ont bien fait cela. On se fout un peu de contenir Brady. Ils se sont donc dit que ce n’était pas nécessaire de mettre de la pression à l’extérieur. Ils l’ont toute mise au centre.
Ils ont donc placé Clowney, Mercilus et un autre joueur sur les deux gardes et le centre. Ils ont isolé le centre puisque les deux autres joueurs attaquait les gardes. Le pauvre a mal paru puisqu’il était la plupart du temps en un contre un face à Mercilus qui est très rapide.
Cela veut donc dire que c’était une pression à trois joueurs directement au centre de la pochette. Il y avait donc huit joueurs en couverture ce qui permet de doubler des receveurs. C’était le meilleur des deux mondes.
J’ai hâte de voir si les Steelers iront piger dans cette stratégie.
*Propos recueillis Christian L-Dufresne