Vivre ses passions
NFL jeudi, 6 avr. 2017. 09:02 samedi, 14 déc. 2024. 04:00MONTRÉAL – Ce n’est pas tous les jours qu’on peut réunir des colosses du football, des artistes comme Armand Vaillancourt, des spécialistes de la médecine et même une ancienne astronaute. Mais ça, c’est le monde fascinant de Laurent Duvernay-Tardif.
Avant de se concentrer sur sa préparation pour sa quatrième saison dans la NFL, le Québécois de 26 ans a procédé au lancement de sa biographie qui renferme une multitude d’informations fascinantesde sa fondation qui vise à promouvoir l'activité physique et les saines habitudes de vie chez les jeunes. Pour cette grande occasion, il était entouré de personnes venant de sphères différentes de la société et il n’y avait rien qui lui faisait plus plaisir.
« Dans le fond, c’est ça, la mission de la fondation. On dit qu’on veut viser l’équilibre, on veut encourager les jeunes à toucher à tout, à suivre leurs passions. Tout le monde qui était ici, ce sont des gens passionnés, qui veulent avoir un impact, qui n’ont pas peur de persévérer dans leur domaine. J’étais ému de voir tous ces visages comme des personnes que je n’avais pas vues depuis 10 ans », a exprimé Duvernay-Tardif au cours d’une soirée couronnée d’un franc succès.
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Depuis son arrivée dans la NFL, la carrière de numéro 76 des Chiefs de Kansas City a progressé à un rythme fulgurant autant sur le terrain qu’à l’extérieur. Devenu un rouage importante de son équipe, il s’est vu octroyer un imposant contrat et il s’est établi comme une personnalité plus que grande que le football par ses actions comme citoyen.
« C’est très impressionnant de voir ça. Laurent est très passionné et inspirant. Il aime beaucoup allier ses amis avec lui dans ses projets et ça devient un travail d’équipe. C’est vraiment un tourbillon présentement, mais ça s’est quand même développé de façon graduelle depuis son repêchage », a témoigné sa compagne Florence-Agathe Dubé-Moreau, étudiante à la maîtrise en histoire de l’art à l’UQAM.
« Depuis le contrat, c’est complètement fou et on a encore besoin de temps pour absorber le tout. Mais je suis extrêmement heureuse et fière de lui. Ce qui est plaisant, c’est qu’on a chacun nos objectifs de carrière et on se pousse pour les atteindre. On veut faire mieux et différent », a-t-elle ajouté.
Ce développement effréné, Mathieu Quiviger l’a vu se dérouler sous ses yeux lorsque Duvernay-Tardif a été muté de la ligne défensive à la ligne offensive avec les Redmen de McGill. En fait, l’ancien joueur des Alouettes de Montréal a prédit dès le premier entraînement de Duvernay-Tardif à sa nouvelle position qu’il allait se rendre dans la NFL !
« Absolument. Quand je l’ai vu sur le terrain pour la première fois, j’ai fait des correctifs de base avec lui. Automatiquement, il épousait tous les enseignements et je peux vous dire que c’est assez unique », s’est rappelé Quiviger.
« Il a survécu devant tout le monde au premier entraînement. Ce n’était pas beau, mais il a réussi à battre tout le monde et c’était déjà extraordinaire à mes yeux qu’il le fasse aussi rapidement. »
Épaté par le potentiel de ce diamant, Quiviger n’a pas hésité à lui exposer les possibilités à sa disposition.
« L’idée n’était vraiment pas de me vanter. Je lui ai dit que je faisais partie du Temple de la renommée de McGill, mais que lui et moi, nous n’étions pas dans la même catégorie. Humble comme il l’est, Laurent a répondu ‘Oh, j’étais vraiment poche…’ »
-Non, non, moi je ne suis pas dans ton équipe ! Toi, tu vas te rendre à un niveau que je ne peux même pas imaginer, s’est empressé de répliquer Quiviger.
Quelques minutes plus tard, Quiviger était dans la pièce des entraîneurs quand il a lancé que Duvernay-Tardif se rendrait dans la NFL. Sur le coup, son commentaire avait fait rire tout le monde.
Maintenant, si le repêchage de 2014 était à refaire, Duvernay-Tardif ne patienterait pas jusqu’en sixième ronde pour être sélectionné. La troisième ronde – ou même la deuxième – aurait été plus appropriée comme Quiviger avait anticipé. Pour lui, les atouts de LDT sont exceptionnels et il se sert d’une comparaison avec Antony Auclair – l’ailier rapproché très convoité du Rouge et Or – pour illustrer son point.
« Laurent, au niveau de ses aptitudes physiques, il est absolument unique. Il suffit de regarder ses résultats à ses évaluations (Pro Day) avec ceux d’Auclair. Sur le 40 verges, Laurent a presque le même chrono (4,94 contre 4,90), mais à 310 livres. Au bench press, il a effectué 11 répétitions de plus et il a presque eu le même saut vertical (33,5 contre 31,5). Il y a de quoi à tomber à terre, on parle d’un receveur contre un joueur de ligne offensive », a-t-il présenté.
Confronté à d’autres phénomènes physiques de la nature, Duvernay-Tardif parvient à se démarquer au sud de la frontière par l’étude et la préparation.
« Ça facilite l’anticipation et te donne un net avantage parce que tout se déroule plus lentement quand le jeu commence. C’est probablement un de mes avantages d’étudiant-athlète qui aime étudier le jeu », a avoué LDT qui peut bénéficier de ressources vidéos et statistiques pour approfondir ses recherches.
La contribution du « Canadian Doc », « Frenchie » ou « Larry » tout simplement ne passe donc plus inaperçue.
« Il a un beau rôle au sein de l’équipe, il est bien respecté. Les Chiefs sont extrêmement contents de l’avoir dans l’équipe, c’est un joueur clé et un rassembleur », a vanté Étienne Lapierre, son ami de longue date, qui fait partie du conseil d’administration de la fondation.
En observant tout le succès récolté par leur fils, Guylaine Duvernay et François Tardif n’abandonnent pas leur rôle de parents. Ils ont confiance de voir leur « grand garçon » garder les deux pieds sur terre et ils ne veulent pas qu’il soit débordé par l’ampleur de la situation.
« Je sais qu’il sera capable d’imposer des limites. Bien sûr, c’est l’explosion présentement avec le contrat et le lancement de la fondation. Le matin, je m’inquiète à me demander si ça se passe bien pour lui, s’il est happé par ce tourbillon ou s’il est capable d’avoir encore le contrôle », a admis sa mère en se souciant de son bien.
Heureux de son développement et de ses implications sociales, les Chiefs lui ont même accordé une permission spéciale.
« Je me rapporte trois semaines plus tard à l’entraînement et Andy Reid (l’entraîneur) m’a dit que ce n’était pas un problème, il comprend ce que j’essaie de bâtir. D’avoir un tel support d’un entraîneur qui a la pression de gagner, ça me démontre qu’il essaie de faire de nous des meilleurs hommes et pas seulement des meilleurs joueurs de football. Ça me pousse, ça me touche et ça me rend fier de jouer pour lui », a confié LDT au sujet de Reid dont la mère a étudié la médecine à McGill, l’une des informations intéressantes révélées sous la plume de Pierre Cayouette.
Des différences devenues des atouts
À l’heure actuelle, tout fonctionne à merveille pour le futur médecin. Cependant, il admet que son intégration dans la NFL n’a pas été de tout repos et il s’ouvre davantage qu’auparavant sur ce sujet.
« Il devait faire sa place dans un milieu très compétitif. Ça ne me surprend pas qu’il ait réussi, mais j’ai vu que ce fut quand même difficile », a convenu sa copine.
En dehors du vestiaire, le couple a notamment constaté les visions divergentes en sol américain durant les étapes menant à l’élection de Donald Trump. Disons que Duvernay-Tardif se sentait bien loin des convictions de son grand-père (Guy Tardif) qui a été ministre pour le Parti Québécois.
Mais signe que LDT a fini par s’intégrer à merveille, il a déjà convaincu des coéquipiers de venir visiter Montréal. À titre d’exemple, Mitch Morse et Jarrod Pughsley (maintenant avec les Ravens) viendront l’appuyer à son camp de perfectionnement (du 13 au 15 avril) pour les joueurs de ligne offensive et défensive.
« C’est cool. Ce qui a été un peu un frein à mon assimilation, être un Canadien français qui étudie en médecine, est devenu en quelque sorte ma marque de commerce. Je ne peux pas demander mieux, ils ont la curiosité intellectuelle de venir voir ce qui se fait à Montréal », a-t-il répondu.
Duvernay-Tardif pigera dans son parcours déjà fascinant pour les sujets à aborder durant la conférence qu’il organise et qui s’intitule : Le football sous tous ses angles. Il sera accompagné par son grand ami et agent Sasha Ghavami, l’entraîneur Danny Maciocia, Jean-Christophe Beaulieu (Alouettes) et le spécialiste du recrutement Jean-Marc Edmé.
« On aura cinq acteurs du football québécois avec leurs perspectives différentes de la LCF, la NFL, l’agent, l’entraîneur et le recruteur. Ce sera animé par une des meilleures têtes de football ici, Matthieu Proulx. Il s’agit d’une belle opportunité pour démystifier certains mythes et voir les dessous du football de plusieurs angles. J’invite tout le monde à venir. Que tu sois un néophyte du sport ou un fan fini, je pense que tu peux en retenir quelque chose que ce soit la persévérance pour atteindre son but ou les dessous des stratégies, du coaching et du recrutement. Tout le monde peut y trouver son compte », a conclu Duvernay-Tardif qui vit ses passions à fond.