Antwan Raymond, de Dalbé-Viau à Rutgers en moins de 2 ans
MONTRÉAL – Un porteur de ballon québécois avec l'Université Rutgers, dans la puissante division Big Ten, c'est un grand – ou plutôt - immense exploit. Mais rien ne semble trop intimidant pour Antwan Raymond.
Le sport nous permet d'assister à des performances inoubliables. En deux décennies à RDS, j'ai été plus que choyé à ce chapitre. Si je vous disais que l'une des plus mémorables n'est pas survenue sur un terrain de la NFL, de la LNH ou de la LCF, mais bien dans le cadre d'un match de l'école secondaire Dalbé-Viau.
En novembre 2022, sous une pluie battante, j'avais été soufflé par une performance magique de Raymond. En demi-finale, contre le Collège Bourget, il avait « pilé » sur le corps de ses adversaires alors que tout le monde s'attendait à des jeux de course en raison de la pluie diluvienne.
Une soirée de 5 touchés et 297 verges en 28 portées (moyenne de 10,6 verges par course). Raymond avait inscrit TOUS les 35 points de son équipe dans un gain de 35-28.
Pendant que mon linge peinait à sécher sur le trajet de retour, je ne pouvais que penser à l'avenir rayonnant qui l'attendait.
La suite s'est imposée rapidement. Grâce à une saison éclatante, en 2023, à l'Académie Clearwater en Floride, il a reçu environ 30 offres d'institutions convoitées de la NCAA dont Auburn, Miami, Texas A&M et Syracuse.
« Je me dirigeais vers ma deuxième année (à Clearwater), mais le programme football a cessé. Je ne savais vraiment pas ce qui allait arriver. J'ai parlé avec ma mère et Rutgers m'a présenté une belle occasion pour me joindre à eux dès cette année. Je trouvais que c'était la meilleure chose pour moi parce que j'étais mentalement et physiquement prêt », a expliqué l'athlète de cinq pieds onze pouces et 202 livres.
Quand il faisait la loi sur les terrains du Québec, Raymond sentait qu'il possédait le talent pour atteindre la NCAA.
« À 100%. J'ai toujours cru en moi. Mais ce serait un crime de dire que j'ai réussi par moi-même. C'est aussi grâce à mes entraîneurs et mes coéquipiers. Ma famille était toujours là, j'avais tout le support », a réagi Raymond en entrevue avec Didier Orméjuste et l'auteur de ces lignes.
Quand il parle de sa famille, il fait référence à sa mère, sa sœur et sa grand-mère. Car Raymond a obtenu sa résilience et sa détermination des femmes qui l'entourent.
« Tout ce que je fais : tout ce travail sur le terrain et toutes les décisions que je prends, je pense toujours à ma mère, ma grand-mère et ma sœur », a ciblé celui qui a grandi dans une famille monoparentale.
« Wow, ma mère c'est la personne que je connais qui travaille le plus fort. Depuis que je suis tout petit, elle cumule deux emplois pour subvenir à mes besoins et ceux de ma sœur. Je sais le travail qu'elle a investi chaque jour pour qu'on puisse manger et tous les sacrifices effectués », a ajouté Raymond avec reconnaissance.
Ce dévouement au football a permis à Raymond de s'illustrer bien plus vite que le plan ne le prévoyait. Une blessure à un coéquipier lui a permis d'obtenir des portées dès les deux premiers matchs de la saison 2024. On vous rappelle qu'il devait faire le saut universitaire uniquement en 2025.
Mais comme Raymond aime faire les choses en grand, il a trouvé le moyen d'inscrire deux touchés et une récolte de 126 verges en 23 courses (moyenne de 5,5 verges par portée).
Quand il a inscrit son premier touché dans la NCAA, Raymond a savouré le moment tout en pensant à ses proches. Il a lancé un 514 à la caméra en référence au code régional de Montréal.
« J'étais très fier, je viens de Montréal et j'ai une grande fierté par rapport à ça. Je ne veux jamais oublier d'où je viens. Tout le monde qui était là pour moi pendant mon parcours, ces gens seront ma famille pour le reste de ma vie, peu importe le chemin que je vais emprunter », a raconté Raymond.
Après quatre matchs, sa troupe n'a pas encore subi la défaite. Rutgers pourrait même accomplir sa plus belle saison depuis 2014 (8-5) dans cette division corsée qui vient d'intégrer Oregon, USC, Washington et UCLA à ses rangs.
Un portrait prometteur alors que, dans les prochaines années, Raymond deviendra un chevalier encore plus important au sein des Scarlet Knights.
« Mes entraîneurs font un très bon travail pour me préparer chaque semaine. Ils savent que je suis jeune et que j'ai beaucoup à apprendre. Au final, mes adversaires sont plus grands, plus gros et plus rapides, mais ça reste du football. Je sais ce que je suis capable de faire avec le ballon et que je suis bon au football », a exposé celui qui porte le numéro 21 avec Rutgers.
L'équipe dirigée par Greg Schiano a mené plusieurs joueurs à s'illustrer dans la NFL dont les jumeaux Devin et Jason McCourty ainsi que les porteurs de ballon Ray Rice et Isiah Pacheco.
Raymond, croit être en mesure d'ajouter son nom à la liste d'autant plus en voyant des Québécois comme Benjamin St-Juste et Matthew Bergeron s'y implanter.
« De voir des Canadiens dans la NFL, c'est une grande inspiration. Ça me démontre que je peux m'y rendre », a confié celui qui adore épier l'arsenal d'Alvin Kamara et Christian McCaffrey.
Ça rendrait son parcours encore plus fascinant. À Rutgers, il a joué devant plus de 40 000 spectateurs. Dans la NFL, son talent serait observé par des foules immenses. Mais la motivation de Raymond est plus profonde que l'ampleur de l'assistance. Il veut faire honneur à sa famille et à ses camarades de Dalbé-Viau qui suivent son ascension avec passion.