Un gentil géant québécois qui aspire à la NFL
MONTRÉAL – À 16 ans, le géant québécois de six pieds sept pouces et 290 livres, Sidney Rouleau, fait saliver les plus prestigieux programmes de football. La NCAA s'arrache celui qui a retrouvé le plaisir grâce au football.
Oregon, Penn State, Georgia, Alabama, Michigan... Ne voici qu'un petit aperçu des 25 offres de première division reçues par le bloqueur à gauche.
Et ce, alors qu'il sélectionnera l'université de son choix uniquement à l'été 2026.
On le dit en toute franchise, Rouleau n'avait pas encore apparu sur notre radar de journaliste sportif alors qu'il demeure méconnu au Québec.
Dans le monde du football, c'est tout le contraire ! En fait, il représente probablement le joueur québécois ayant attiré le plus d'attention à un si jeune âge. Pour son gabarit qui fait rêver la NFL, mais surtout pour son agilité.
Il faut savoir que Rouleau s'est intéressé au football uniquement à partir de l'été 2021.
« J'avais slacké un peu le hockey. J'étais à la maison et je n'avais rien à faire. Je suis allé aux Vikings à Aylmer. J'ai essayé pour le fun et j'ai aimé ça », a modestement raconté Rouleau.
La vérité, c'est que son arrivée dans le monde du football a déclenché un tsunami. Ses vidéos avec les Vikings ont attiré des entraîneurs ontariens qui l'ont recruté à la Capital City Academy. Ensuite, il a été l'un des plus jeunes à participer à un match des espoirs les plus prometteurs de moins de 18 ans au Canada.
Depuis, la puissante vague n'a cessé de déferler.
Nebraska a été la première université à sauter sur la planche de surf pour le convaincre.
« Ils m'ont offert une bourse sur le champ. Je ne pouvais pas y croire. Le matin suivant, j'ai eu une offre de Miami, j'étais pas mal surpris », a confié Rouleau avec le charmant étonnement d'un adolescent.
Le football a sauvé Rouleau
Son histoire sportive est spectaculaire, mais elle devient plus impressionnante par le revirement phénoménal dans son parcours scolaire.
Au Québec, Rouleau en arrachait sur les bancs d'école et il voulait s'en éloigner. Ses notes avoisinaient régulièrement les 40%. On avait même passé le message à ses parents que Sidney ne finirait jamais son secondaire V.
Pourtant, depuis deux ans, il fréquente l'école Pennington au New Jersey dans le but de le préparer à la NCAA et il se débrouille très bien académiquement. Les classes sont plus petites et il profite aussi d'un tutorat bénéfique.
« J'essaie d'inciter le monde à jouer au football parce que ça peut changer des vies, le football a changé la mienne », a noté Rouleau avec le visage rayonnant.
Les yeux de ses parents, Jocelyn Rouleau et Tanya Tremblay, se remplissent de fierté et d'émotion quand ils abordent le sujet.
« L'autre jour, il m'a même dit qu'il avait hâte de retourner à l'école », a mentionné Tanya Tremblay avec le ton d'une mère soulagée.
Aujourd'hui, grâce à son éclosion au football, son physique est perçu positivement. Mais il a connu des périodes plus sombres.
« Ce qui me faisait de la peine, vu qu'il était plus grand, il se faisait écoeurer. Même au hockey. Il a sorti de sa coquille, mais à un jeune âge, il ne savait pas comment réagir », a noté son père.
Timide de nature, Rouleau écoute les propos de ses parents. Quand on lui lance que le football est venu l'aider, il pousse plus loin.
« Oui, ça m'a sauvé. »
Dans ce sport, il a découvert un esprit familial où il est heureux. Et son père a l'honnêteté d'admettre qu'il n'était pas enchanté par l'idée du football.
« Moi, je n'étais pas vendu à ça, non ! J'avais dit ‘Parlez avec sa mère, parce que moi, le hockey, c'est ma vie' », a précisé Jocelyn Rouleau qui a changé d'avis.
Le potentiel de briller dans la NFL
Ça nous brûlait les lèvres de lui demander pourquoi toutes les équipes veulent se l'approprier.
« Dans mes faits saillants, tu vois que, quand je pogne des adversaires, ils se retrouvent à terre », a lancé Rouleau avec un sourire qui rend sa charpente moins intimidante.
C'était dit sans aucune arrogance et, heureusement, on n'a pas eu besoin de le contredire. L'entrevue avait lieu, à Ottawa, dans les superbes installations de Tony Greco, un entraîneur physique très réputé.
Greco a encadré une panoplie d'athlètes de haut niveau comme Dan Boyle, Mike Fisher et Claude Giroux.
« Son bagage athlétique est pratiquement impeccable. La plupart des gens ayant un tel physique ne vont pas bouger aussi vite. Wow qu'il peut bouger ! Le hockey a assurément eu un impact positif dans ce sens. Il a une personnalité réservée, mais ses adversaires ne voudront pas réveiller le géant ! », a décrit Greco.
À voir son aisance pour soulever des poids et sauter sur une boîte pliométrique, on avait l'impression de regarder un athlète de 25 ou 26 ans.
Justement, quand il aura cet âge, Rouleau s'imagine à un seul endroit.
« Je me vois dans la NFL, être l'un des meilleurs bloqueurs à gauche. Et faire bien de l'argent », a-t-il osé dire avec un but qui semble atteignable.
Le danger, avec les jeunes athlètes, c'est qu'ils pensent parfois trop vite qu'ils ont atteint leur objectif. Ceux qui ont côtoyé Rouleau sont persuadés qu'il ne tombera pas dans ce piège grâce à sa nature de travaillant.
Ainsi, avant d'atteindre la NFL, Rouleau devra s'illustrer dans la NCAA. Présentement, il réfléchit surtout à enfiler la casquette de Michigan, Alabama, Georgia ou Oklahoma.
Ce grand moment mènera ses parents à repenser à la « petite » surprise qu'ils ont eu en apprenant l'arrivée d'un troisième enfant. La pédiatre avait prédit qu'il allait mesurer six pieds huit ou six pieds neuf pouces.