Antoine Pruneau, de joueur à entraîneur avec la même passion chez les Carabins
MONTRÉAL – Antoine Pruneau n'aime pas la « bullsh.t ». Alors, il n'embellit pas la réalité du football professionnel quand il transmet son savoir aux Carabins de l'Université de Montréal qui boivent ses paroles depuis son arrivée.
Si Pruneau a été déçu de pas pouvoir poursuivre sa carrière avec le Rouge et Noir d'Ottawa cette année, il a plongé à fond dans son nouveau rôle de coordonnateur défensif adjoint à son alma mater.
« Ça s'est passé tellement vite, c'était fou! Je suis encore dans l'étape de réaliser tout ça surtout avec la saison qui approche. C'est un environnement tellement spécial avec le terrain et la montagne », a confié celui dont la passion semble aussi contagieuse comme entraîneur que comme joueur.
« Je me souviens très bien de mon dernier match joué au CEPSUM, je me rappelle du feeling. J'ai hâte de revivre ça dans les souliers d'un entraîneur », a ajouté l'homme de 33 ans.
Visiblement à l'aise dans cette fonction qui l'intéressait depuis longtemps, Pruneau pensait tout de même encore fouler les terrains de la LCF au lieu de préparer le match d'ouverture (le 26 août) des Bleus.
Sauf que les discussions avec le Rouge et Noir « ne se sont pas super bien passées ». Il aurait pu choisir une autre équipe, mais l'ouverture démontrée par Marco Iadeluca, l'entraîneur-chef des Carabins, a changé l'équation.
« J'ai fait l'entrevue comme les autres. Quand il m'a confirmé que je serais leur candidat, je lui ai dit ‘Donne-moi une journée pour y penser'. Ensuite, j'ai dit ‘Donne-moi deux jours pour y réfléchir' », a décrit Pruneau qui n'a pas facilement mis une croix sur sa carrière de joueur.
« Au final, je me disais que je serais vraiment cave de refuser. De perdre l'occasion d'apprendre de deux gars comme Marco et Denis (Touchette, le coordonnateur défensif) qui m'a dirigé ici », a-t-il cerné.
Iadeluca savait que l'ajout de Pruneau serait judicieux. Il en avait eu la preuve, en 2017, quand il avait demandé à Pruneau de venir l'aider au sein d'Équipe Canada.
« Les joueurs avaient adoré sa présence et je savais qu'il avait une affinité pour le coaching. Mais il surpasse toutes nos attentes présentement », n'a pas hésité à dire Iadeluca.
Antoine PruneauDurant sa carrière de neuf ans dans la LCF avec Ottawa, Pruneau s'est forgé une enviable réputation ; celle d'un athlète cérébral et fonceur à la fois. Il adopte le même style comme entraîneur tout en conservant son authenticité.
« Justement, j'essaie de garder ça le plus vrai possible avec eux. Je n'essaie pas de vendre la LCF mieux qu'elle l'est ou pire qu'elle l'est. C'est direct et on a une relation très ouverte avec les joueurs, on parle de plein d'affaires », a convenu Pruneau.
« Je l'adore! Ce qu'il apporte à la défense, ça fait vraiment du bien et ça va aider notre équipe », a commenté le demi défensif Nicolas Roy.
Pruneau se réjouit surtout de la réceptivité de ses athlètes.
« Pour l'instant, ils m'écoutent encore, mais on doit continuer d'avoir du succès », a-t-il réagi humblement.
« Ils appliquent vraiment bien ce que je veux amener. Ça ajoute des outils dans leur coffre parce qu'ils ont eu de très bons entraîneurs dans le passé comme Olivier Fréchette », a ajouté le père de deux jeunes enfants.
Le bagage professionnel de Pruneau demeure tout de même une source privilégiée d'informations.
« Il a du vécu 9-10 ans dans le pro, les joueurs adorent son côté expérience. Il leur parle de détails que peu de personnes ont pu vivre. Sa chimie avec Denis est fantastique aussi. Les deux s'entraident et se poussent », a décrit Iadeluca alors que Pruneau a prouvé le tout avec cette réplique.
« Une chose plaisante, c'est que je continue de grimper les échelons et d'apprendre. Je n'ai pas la responsabilité de la défense des Carabins. Si on n'est pas bons, c'est de la faute à Denis », a-t-il lancé, fier de son coup.
Du côté humain, Pruneau a capté l'attention de ses joueurs de manière astucieuse.
« À toutes ses réunions, il commence avec un conseil de vie, parfois sérieux et parfois moins. C'est vraiment trippant », a souligné Iadeluca.
Sur le terrain, Pruneau prône la communication et le dévouement. Son objectif ultime consiste à développer l'autonomie de ses joueurs ce qui fait plaisir à tous les athlètes.
« On veut qu'ils soient en mesure de voir les mêmes choses que nous pour ajuster ce qu'on fait et ne pas ressembler à des robots. Le but, après deux ou trois ans, c'est que tu puisses comprendre la défense », a-t-il exposé.
Avec cette mission en tête, les entraîneurs ne comptent donc pas le temps investi. Pour Pruneau, c'est un mandat à « temps plein, plus, plus » comme il le décrit avec un sourire. Le calendrier très condensé de la saison de quatre mois lui procurera plus de liberté le reste de l'année.
« Ce sera le fun, on pourra avoir un été. Je n'ai pas connu ça depuis 10 ans », a noté Pruneau qui fera sans doute découvrir le camping à ses enfants.
Il a beau multiplié les heures ces jours-ci, Pruneau n'oublie pas l'immense contribution de sa copine.
« C'était quasiment souffrant de tout quitter et vendre la maison super vite. Avec la situation du marché immobilier, ça faisait de grosses décisions à prendre en peu de temps, mais on se rapprochait de nos familles. Elle en a eu beaucoup sur les épaules avec toutes les démarches. Disons que j'ai hérité du plus beau côté de l'équation », a témoigné Pruneau.
Sans que la victoire soit le seul but au niveau universitaire, Pruneau voudrait bien que ce changement de cap culmine vers une conquête de la coupe Vanier. En grimpant dans la LCF en 2014, il avait raté le triomphe des Carabins.
« On avait fini (en 2013) à Québec sur une défaite (14 à 11) dans un match très chaudement disputé et défensif. Ce fut vraiment, vraiment tough. Mais cette défaite a mené à de belles discussions. Les gens ont appris de ça et ils ont mené le programme vers où il devait aller. On essaie d'y retourner », a conclu celui qui a soulevé la coupe Grey en 2016.