C'était quoi la rivalité entre la PGA et la LIV ?
Coup de théâtre sur la planète golf alors que la PGA et la LIV ont cessé les hostilités en fusionnant leurs activités.
Les détails ne sont pas encore connus du grand public, tout comme les applications concrètes de cette fusion, mais une chose est certaine : la guerre est terminée.
Et c'est là qu'on se pose la question : pourquoi est-ce qu'il y avait un conflit entre les deux organisations déjà?
La LIV et l'argent litigieux
En 2021, les premiers murmures d'une nouvelle association de golf financée par des fonds privés saoudiens se font entendre. Avant le lancement de la saison 2022, la LIV fait son apparition et le LIV Golf Tour nomme Greg Norman comme son premier directeur général.
LIV n'est pas un acronyme, comme la plupart des associations sportives. C'est plutôt le nombre «54» en chiffres romains. Comme l'expliquait Norman lors de la création de la LIV, «54 est le plus bas pointage possible en trois rondes sur un terrain de 18 trous.»
Donc, pourquoi la LIV en 2022 ? Votre réponse est possiblement aussi bonne que la nôtre, mais la grande motivation derrière le projet est l'investissement massif des intérêts saoudiens.
Comme dans plusieurs autres sphères sportives, notamment le soccer en Angleterre et en France, des groupes saoudiens injectent de l'argent dans les instances sportives afin de rétablir la réputation de la région à l'échelle mondiale. Après tout, la provenance des richesses saoudiennes est un sujet très épineux, tout comme leur application des droits de la personne fondamentaux ainsi que des histoires comme le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi lors d'une affectation en sol saoudien.
La controverse entourant la LIV, c'est essentiellement là qu'elle repose. Plusieurs gros noms dans le monde du golf voyaient d'un mauvais œil l'arrivée de ce nouveau joueur et la PGA gardait, jusqu'à tout récemment, une ligne assez ferme sur ce sujet. Si un de ses membres acceptait une offre de la LIV, il ne serait plus le bienvenu lors des événements de la PGA. Les tournois majeurs ne sont pas sous la gouvernance de la PGA, donc les joueurs pouvaient y jouer.
Rory McIlroy et Tiger Woods, pour ne nommer qu'eux, ont monté aux barricades en dénonçant les positions de l'Arabie Saoudite en plus de critiquer fortement la décision de plusieurs golfeurs d'accepter une offre de la LIV.
Et les offres de la LIV, il faut l'admettre, étaient difficiles à refuser. Phil Mickelson aurait accepté 200 M$ tandis que Dustin Johnson et Bryson DeChambeau ont reçu 150 M$ et 125 M$ respectivement. Brooks Koepka, qui a remporté le dernier championnat de la PGA en tant que membre de la LIV, avait aussi un contrat de 100 M$ en poches.
En plus de l'argent, la LIV offrait une structure plus permissive aux golfeurs avec moins de tournois, moins de joueurs et trois rondes au lieu de quatre lors des compétitions.
La plupart des joueurs qui ont rejoint la LIV ont cité des problèmes d'organisation au niveau de la PGA et Greg Norman lui-même a longtemps dénoncé les pratiques du tour.
Le début de la fin
Avec sa création rapide, la LIV a aussi récolté des droits de télédiffusions et une certaine traction médiatique de par la popularité des joueurs « volés » à la PGA. Par contre, comme une fusée, l'ascension de la LIV a rapidement manqué de puissance et les spectateurs n'étaient pas au rendez-vous à la télé. De plus, la PGA avait déposé de nombreuses poursuites contre la LIV afin de clarifier les ramifications financières et l'implication de l'Arabie Saoudite.
Lors des derniers mois, plusieurs hauts placés de la LIV ont quitté le navire sous le poids des poursuites. Sans nommer les raisons, les spéculations étaient nombreuses et on parlait même d'un gouffre financier inévitable pour l'organisation qui avait sans doute surestimé le potentiel d'un concurrent à la PGA.
La fusion avec la PGA confirme que la LIV n'était qu'une secousse dans le monde du golf, mais, au final, les golfeurs vont peut-être en sortir gagnants puisque la PGA a, depuis la création de la LIV, ajusté les bourses à la hausse sur le circuit. Qui plus est, on adoptera sans doute quelques innovations de la LIV dans la nouvelle organisation de golf rassemblant tout ce beau monde.
Sauf que la grande rivalité de la planète golf, au fond, n'était qu'une guerre d'égos et de gros portefeuilles. Maintenant que le bon chiffre a été trouvé sur le chèque, la PGA et la LIV ne font qu'un.
Ce n'est pas une conclusion très inspirante, mais c'est le triste constat quand on réalise que les joueurs fidèles à la PGA et qui ont refusé de lucratives offres de la LIV ont appris cette fusion en même temps que monsieur et madame tout le monde sur Twitter.