À 5 pi 8 po, Lane Hutson parviendra-t-il à défier la logique?
MONTRÉAL – Si toutes les équipes se donnaient vraiment comme mandat de sélectionner le meilleur joueur disponible, Lane Hutson n'aurait probablement plus été à la portée du Canadien lorsqu'est venu le temps de procéder au 62e choix du repêchage vendredi.
Hutson était l'un des défenseurs les plus électrisants de la cuvée 2022. Il était le quart-arrière du programme de développement américain, avec lequel il a amassé 63 points en 60 parties. Il a aussi maintenu une moyenne supérieure à un point par match au Championnat du monde des moins de 18 ans.
On le dit créatif, intelligent, rapide. « S'il était juste un peu plus près de 5 pieds 11 et plus gros de 30 livres, on pourrait parler de lui comme le meilleur défenseur du repêchage », concluait la firme indépendante Hockey Prospects dans son guide de fin d'année.
Mais vous l'aurez deviné, les chances de Hutson d'exceller un jour dans la Ligue nationale sont handicapées par son petit gabarit. Le natif de Chicago est répertorié à 5 pieds 8 pouces et 158 livres. C'est ce qui fait que malgré tout son talent, plusieurs doutent de ses chances de faire sa niche un jour au plus haut niveau.
« Je sais que je peux devenir plus gros, plus fort et même plus grand, a argué le jeune Américain, habitué à ce refrain, après sa sélection. C'est quelque chose qui va venir en vieillissant. Mais que ça soit le cas ou non, je crois que je vais être capable de faire ma place en jouant à ma façon. De toute façon, sur la glace, tout le monde est de la même taille. »
Hutson dit s'inspirer de Torey Krug, qui en a fait beaucoup au cours de sa carrière pour redorer l'image des défenseurs de petite taille. Du haut de ses 5 pieds 9 pouces, le vétéran a été un solide quart-arrière pour les Bruins de Boston et les Blues de St. Louis. Adam Fox, des Rangers de New York, en est un autre auquel le nouveau projet du CH aime se comparer.
« L'une des clés dans mon jeu, c'est ma capacité à voir le prochain jeu avant que l'adversaire ne soit en position pour le contrer. Quand je transporte la rondelle, je vois plusieurs options. Et quand ma première option n'est plus valide, je passe à la prochaine. C'est important de penser vite et de garder l'autre équipe sur les talons. C'est ma mentalité. »
Hutson se décrit comme un passeur avant tout et aimerait développer des réflexes de tireur afin de devenir plus imprévisible aux yeux des équipes adverses. Il poursuivra son apprentissage à Boston University, où évolue déjà un autre espoir du Canadien, l'attaquant Luke Tuch.
L'intrigant Vinzenz Rohrer
Vinzenz Rohrer a probablement la personnalité la plus intrigante de tous les espoirs qui ont défilé au podium du Canadien vendredi. Martin Lapointe ne mentait pas lorsqu'il a comparé son charisme et son pouvoir d'attraction à ceux, déjà bien documentés, de Juraj Slafkovsky.
L'Autrichien de 17 ans a raconté avoir développé des atomes crochus avec les dirigeants du Canadien lorsque ceux-ci l'ont défié au tennis de table après leur rencontre à la semaine d'évaluation des espoirs à Buffalo.
« J'ai gagné cinq parties et je n'en ai perdu aucune. C'est probablement ça qui les a convaincus! Maintenant je sais pourquoi je suis ici », a rigolé le sympathique adolescent lors de son passage devant les médias.
La domination de Rohrer avec une raquette à la main n'aurait dû surprendre personne. Son père, Stefan Lochbihler, a joué sur le circuit ATP dans les années 1980, atteignant à un certain point le 141e rang du classement mondial.
Rohrer dit avoir lui-même joué pendant onze ans de façon compétitive. Il a cessé pour investir toute son énergie dans le hockey, préférant l'idée de se dévouer à un sport d'équipe plutôt que celle d'une potentielle carrière en solo. Mais il estime que sa force de caractère est aujourd'hui influencée par son passé sur les courts.
« Au hockey, si vous connaissez un mauvais match, il n'y a peut-être personne à l'exception d'un recruteur qui va le remarquer. Au tennis, c'est impossible de se cacher derrière les autres. Si vous n'avez pas une bonne journée ou que vous en arrachez mentalement, c'est évident pour tout le monde. Ça m'a donné une solidité d'esprit qui m'aide dans toutes les facettes de ma vie. »
Le parcours de Rohrer est intéressant à un autre point de vue. Son voisin et meilleur ami d'enfance à Feldkirch est Marco Rossi, un choix de première ronde du Wild du Minnesota en 2020. « Quand j'avais 4 ans, il venait jouer au mini-hockey dans mon sous-sol », offre-t-il en guise de preuve.
Rossi a écrasé la Ligue junior de l'Ontario en inscrivant 120 points avec les 67's d'Ottawa avant de passer chez les pros. Quand est venu le temps de choisir sa propre voie, Rohrer s'est dit que la même formule pourrait lui sourire. Il a lui aussi pris la direction de la capitale canadienne. Il a récolté 48 points, dont 25 buts, de l'autre côté de la rivière des Outaouais la saison dernière.
« On peut dire que ça a plutôt bien marché pour Ottawa afin de le préparer pour le prochain niveau. En étant un peu plus jeune, j'ai vu ça et tout en voulant faire mon propre chemin, je me suis dit que si ça avait été bon pour lui, ça pouvait aussi l'être pour moi. Je crois que l'avenir m'a donné raison. »