À sept points du bonheur... peut-être moins
MONTRÉAL - Quand un lanceur ne peut compter sur sa balle rapide pour déjouer les frappeurs qui se succèdent devant lui, il espère que sa courbe, sa glissante ou son changement de vitesse, bien que moins redoutable, l'aideront à se sortir d'impasses.
Dimanche soir, à Nashville, Le Canadien n'avait pas sa balle rapide comme l'a candidement reconnu Martin St-Louis.
Vraiment pas!
Des preuves? Les Predators ont plus que doublé le Tricolore au chapitre des tirs cadrés (37-17), des tirs bloqués (26-10), des tirs hors cibles (20-9) et vous l'aurez déjà deviné : des tirs tout court (83-36). Vous n'avez pas la berlue : Les « Preds » ont bel et bien cadré plus de tirs (37) que le Canadien a tiré en direction de la cage de Juuse Saros. Mais le Canadien a gagné pareil.
Une contestation qui a tout changé
Trois raisons expliquent cette victoire volée au Tennessee. Quatre si vous ajoutez aux trois premières le fait que les Predators de Nashville représentent la plus grande déception de la LNH cette saison tant ils jouent mal.
Mais bon!
Jakub Dobes est la première raison. Ou la raison principale si vous préférez. Souvent en déséquilibre, souvent déporté, loin d'attiser la confiance des partisans en multipliant les retours généreux accordés sur des tirs qui semblaient pourtant facilement contrôlables, le gardien numéro deux a fait le travail. Il s'est battu. Il s'est même souvent débattu. Mais il a trouvé différentes façons de stopper 36 des 37 tirs des Predators.
Deuxième raison : la contestation que Martin St-Louis a réclamé sous les conseils judicieux de son adjoint responsable du vidéo : Éric Gravel.
Cette contestation n'était pas évidente. Mais parce que le Canadien tirait déjà de l'arrière 1-0 et qu'il ne donnait aucune indication d'avoir les jambes pour combler un recul de deux buts, Martin St-Louis a contesté le but.
« J'étais pas mal convaincu que j'aurais gain de cause, mais j'ai déjà perdu des contestations alors que j'étais plus convaincu que ce soir », a souligné l'entraîneur-chef qui a pris un pari qui lui a finalement rapporté.
Je vais être bien franc. Comme toujours!
J'étais convaincu que tout ce que Martin St-Louis obtiendrait de cette contestation serait une pénalité mineure de deux minutes pour avoir retardé le match. En plus du but accordé bien sûr.
Le jeu semblait en tous points identique aux jeux que les responsables des opérations hockey de la LNH ont fait défiler devant les directeurs généraux – et ensuite devant les journalistes – lors de la dernière réunion tenue en Floride le mois dernier. Des jeux qui donnaient le bénéfice du doute aux joueurs et non aux gardiens qui s'étaient aventurés hors de leur zone réservée.
Pourquoi le but a été refusé alors?
« Parce que le numéro 37 – le défenseur Nick Blankenburg – fait tourner le gardien – Jacub Dobes – vers sa droite et l'empêche ainsi de pouvoir affronter le tir du numéro 47 – Michael McCarron – qui a marqué. C'est vrai que le gardien avait les patins dans le blanc et non le bleu. Et si le numéro 37 avait récupéré la rondelle pour lui-même marquer, le but aurait pu être accepté. Mais comme c'est le 47 qui hérite de la rondelle à la suite de l'impact de son coéquipier sur le gardien, on doit l'annuler parce que le gardien n'est pas en mesure d'affronter le tir », que le superviseur du match Canadien-Predators dans le centre de contrôle de Toronto m'a expliqué deux minutes après l'annonce faite sur la patinoire.
Un autre exemple que tous les flocons de neige se ressemblent, mais qu'il n'y en a pas deux pareils...
Troisième et dernière raison expliquant cette 38e victoire du Canadien cette saison : bien que l'équipe n'avait pas de jambes et semblait prête à se faire battre, le talent naturel de Cole Caufield qui a marqué le but égalisateur en début de deuxième, la vision et les mains de Lane Hutson qui a servi une passe savante – une autre – à Patrik Laine en entrée de territoire de Nashville, et la très grande qualité du tir du Finlandais ont conjointement mené au but gagnant.
Laine a marqué son 20e but de la saison. Vingt buts en 47 matchs c'est énorme. C'était seulement son cinquième à force égale. Mais si ce joueur maximisait la qualité du tir qu'il a reçu en cadeau par les Dieux du hockey et qu'il dégainait plus souvent lorsqu'il entre en zone ennemie – comme il l'a fait dimanche soir à Nashville – il afficherait plus de buts à forces égales qu'en avantage numérique. Il serait donc dans la course au trophée Maurice-Richard saison après saison.
Un patin déjà en séries
Même si le Canadien était loin de mériter le gain acquis aux dépens des « Preds » à Nashville, il a prolongé quand même sa série victorieuse à cinq matchs.
À ce temps-ci de l'année c'est énorme.
Car ses rivaux directs dans la course aux séries n'arrivent pas à suivre le rythme.
Est-ce qu'on peut acheter tout de suite des billets pour les deux premiers matchs d'une première ronde qui opposera le Canadien aux Capitals à Washington?
Presque..
Car le Canadien est à sept points du bonheur. Peut-être moins. Sans doute moins pour être précis.
Les Rangers et les Red Wings de Detroit ont encore six matchs à disputer et affichent 79 points au classement.
Six victoires les propulseraient à 91 points.
Mais attention : la plus longue série de victoires consécutives des Rangers cette saison est de quatre gains. Rien que ça! Et elle est survenue entre les 14 et 22 octobre. Depuis, les Bleu Shirts ont collé trois victoires une seule fois. Une seule! Ils pourraient y arriver une deuxième fois contre Tampa Bay, mais ce ne sera pas facile.
Les Red Wings ont connu deux séquences de sept gains de suite après l'arrivée de Todd McLellan derrière le banc. Mais lors des 22 derniers matchs, ils n'ont jamais gagné plus de deux fois de suite. En prime, ils doivent composer avec un calendrier très difficile.
Les Islanders ne peuvent accumuler plus de 90 points.
Les Blue Jackets : 89.
C'est donc dire que le Canadien doit, pour l'instant, récolter sept points lors de ses cinq derniers matchs pour assurer sa place en série.
Mais chaque point perdu par les Rangers, les Red Wings, les Islanders et les Blue Jackets « facilitera » la tâche du Canadien qui a déjà un patin en séries... et le deuxième sur le point de l'être.