Alex Burrows se sent à l'aise et à sa place avec le Canadien
Canadiens mardi, 9 mars 2021. 16:54 mercredi, 11 déc. 2024. 16:44MONTRÉAL – Il y a deux semaines, Alex Burrows venait de regarder le Canadien subir une cinquième défaite en six matchs. Juste avant d’aller se coucher, Marc Bergevin l’a appelé pour lui annoncer qu’une voiture viendrait le chercher le lendemain matin parce qu’il se joignait au personnel d’entraîneurs du club. Le choc était grand, mais l’excitation était encore plus élevée.
« Évidemment, j’étais un peu surpris et un peu sous le choc. Ma femme m’attendait pour aller dormir, mais je lui ai dit ‘Ah non, il faut que je fasse mes valises, je m’en vais coacher avec le Canadien demain’. J’étais vraiment excité et surpris que Marc me fasse confiance pour remplacer Kirk Muller. En même temps, j’étais vraiment content parce que le Canadien, c’est l’équipe de mon enfance. Mes coéquipiers chez les Canucks m’agaçaient souvent parce que je voulais toujours qu’on regarde la partie du Canadien avant nos matchs », a dévoilé Burrows dans son premier point de presse fascinant en tant qu’adjoint du Tricolore.
Le changement est arrivé si vite que Burrows a dû quitter avant de pouvoir annoncer la grande nouvelle à ses deux filles et son garçon.
« Malheureusement, je n’ai pas pu les voir avant qu’ils partent à l’école. Une auto venait me chercher à 6h du matin. Quand ma femme leur a annoncé la nouvelle, ils étaient super contents pour moi », a-t-il admis.
« Même si mon gars n’a que cinq ans, il regarde Sports 30 tous les matins pour voir les faits saillants et il connaît quasiment plus la formation du Canadien que bien des gens au Québec, a-t-il lancé en souriant. Il reconnaît tous les joueurs. À l’école, ils se font poser des questions et se font dire que c’est spécial. Ils sont encore jeunes, je ne suis pas certain qu’ils réalisent l’ampleur de la chose au Québec, mais ils sont super fiers de leur père et ils me donnent plein d’amour. Je m’ennuie déjà d’eux après trois jours sur la route. »
L’inspirant parcours de Burrows a été raconté à de nombreuses reprises. Ce serait loin d’être suffisant de dire qu’il a emprunté les rangs de campagne pour se rendre à la LNH. Mais pour se retrouver derrière un banc du circuit Bettman, c’est un billet de TGV qu’il a mérité.
« En même temps, je me sens prêt après les deux dernières années à Laval (il avait entamé sa troisième saison avec le Rocket). Ça m’a permis de voir des choses et comment Joël (Bouchard) enseigne aux jeunes par rapport à la bonne manière de jouer », a exposé le jeune entraîneur.
Burrows fêtera son 40e anniversaire le 11 avril et il n’aura eu besoin que d’un bref tremplin dans la Ligue américaine. Dire que sa carrière de joueur a passé par le Junior AAA et l’ECHL.
« Le timing a été excellent quand mon bon ami Joël a eu le poste à Laval. C’était la fin de ma carrière, je commençais à trouver ça difficile physiquement. Mais je te mentirais si je disais que je pensais que je serais avec le Canadien deux ans plus tard, ce n’était pas mon objectif à court terme », a commenté l’ancien joueur pugnace.
Burrows a refusé d’autres offres de la LNH
Au passage, il a toutefois souligné que des équipes de la LNH avaient déjà cogné à sa porte.
« J’ai eu des opportunités à d’autres endroits dans les deux derniers étés, mais je ne me sentais pas prêt d’aller ailleurs et déménager ma famille même si c’était au niveau de la LNH. Le timing fait parfois bien les choses et je ne pourrais pas être plus excité », a raconté Burrows qui est heureux de collaborer avec Dominique Ducharme et les autres adjoints.
Grâce à plus de 900 matchs dans la LNH, un septième match en finale de la coupe Stanley et des détours par une panoplie de circuits mineurs, Burrows s’est senti très à l’aise dès sa première rencontre avec les joueurs du Canadien.
« À travers ma carrière, j’ai vécu des hauts et des bas, j’ai joué longtemps dans la LNH et j’ai appris d’excellents entraîneurs. On ne se le cachera pas, je suis vraiment un nerd de hockey, je regarde des matchs tous les soirs, je mange du hockey. Je suis passé par des moments difficiles et j’ai vu des choses vécues par mes coéquipiers ce qui fait que rien ne peut me surprendre. Je suis allé à l’université du hockey, j’ai même eu mon postdoctorat », a imagé Burrows qui aime communiquer avec la jeune génération de joueurs afin que chacun soit confortable.
« Je ne dis pas que ça fera de moi un excellent entraîneur, j’ai encore beaucoup de choses à améliorer et à polir. Mais j’ai vécu l’ECHL à 350$ par semaine, la Ligue américaine et la LNH à toutes les positions et dans toutes les chaises : agitateur sur le quatrième trio, rôle défensif sur le troisième trio et ensuite des missions offensives », a-t-il ajouté.
Depuis que Burrows a été ajouté au groupe de Ducharme, les témoignages ont été unanimes sur deux aspects : il était moulé pour ce métier et son énergie est contagieuse.
« C’est la passion pour la game, c’est vraiment ça. J’ai eu la piqûre en grandissant à Montréal, je demandais à ma mère d’enregistrer les matchs. Quand le Centre Bell a ouvert, on se faufilait à l’intérieur avec mes chums et on capotait de voir ça. On se prenait pour les Mats Naslund, Paul DiPietro, Éric Desjardins et Patrick Roy quand on jouait. Je suis aussi chanceux d’avoir eu de bons entraîneurs pour m’enseigner comment jouer et des coéquipiers pour me pousser », a répondu à propos de la première constatation.
« Chaque personne a ses forces et ses faiblesses. Ce n’est pas naturel pour tout le monde de faire ça, mais ça ne veut pas dire que tu n’es pas qualifié pour le travail. En travaillant avec Joël, j’ai vu à quel point il était énergique tous les matins et que les gars appréciaient ça. Mais je ne fais pas ça pour les crinquer, j’essaie de rester moi-même », a-t-il témoigné au sujet du deuxième élément.
À l’écouter parler, on ne peut qu’acquiescer avec Alain Vigneault ainsi que les jumeaux Daniel et Henrik Sedin qui avaient deviné son après-carrière.
« Quand l’opportunité avec Joël est arrivée, c’était comme si le train passait et qu’il fallait que j’embarque, c’était trop parfait pour moi. L’Association des joueurs dit souvent de préparer ton après-carrière parce que sinon, c’est plus difficile après. Mais je le vivais une année à la fois. Au départ, j’avais même pris juste une année de contrat avec le Rocket au lieu de trois comme les autres entraîneurs. Ce n’était pas pour l’argent. Dans le passé, j’hésitais souvent à décider si j’allais vouloir plus devenir entraîneur ou dirigeant. On avait des discussions avec Roberto (Luongo) et plusieurs anciens coéquipiers. Mais j’ai vraiment eu la piqûre, tu te sens un peu comme un joueur sans tenir le bâton. Sauf que je n’ai pas de plan à moyen ou long terme. On verra ensuite. Ça ne fonctionne pas à temps partiel dans le hockey, ça exige beaucoup d’heures et de sacrifices », a convenu Burrows qui pouvait bien être volubile auprès de ses adversaires et des arbitres.
Quand on pense que Burrows a failli accrocher ses patins en 2004-2005 alors qu'il avait envoyé dans l'ECHL pour une troisième année de suite et que ses amis finissaient tous leur université. Il présume qu’il aurait opté de devenir professeur d’éducation physique.