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Devils-Canadien : du gaspillage!

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MONTRÉAL – Martin St-Louis a salué la victoire de 3-0 de son équipe en lançant à la blague, du moins j'espère que ce l'était, qu'il n'était jamais facile de gagner deux matchs en deux soirs.

Car un seul de ses joueurs, le défenseur Logan Mailloux, disputait dans les faits un deuxième match en deux soirs. Il a donc une petite excuse pour justifier le fait qu'il a été beaucoup moins bon lors de cette deuxième rencontre qu'il ne l'avait été, lundi soir, face aux Flyers.

Les autres, tous les autres, étaient frais comme des roses. Les vétérans pouvaient donc satisfaire leurs partisans. Les plus jeunes et ceux qui se battent pour sauver leur place dans le vestiaire du CH avaient toute l'énergie nécessaire pour y aller à fond la caisse.

Mais non!

Contre des Devils venus du New Jersey avec un club qui peinerait à rester dans « le mix » dans la Ligue américaine et non dans la LNH, le CH aurait dû faire payer plus cher à leurs rivaux la piètre formation envoyée sur la patinoire que le prix des billets payés par les fans du Tricolore pour assister à cette misérable partie.

Malgré le manque criant de profondeur de leur formation, les Devils ont respecté les règles imposées par la LNH. Et Martin Brodeur expliquera, plus bas dans le texte, pourquoi son organisation n'a pas fait de cadeau au Canadien et ses partisans en gardant ses « vrais » joueurs aux New Jersey.

Mais bien qu'ils respectaient les règles, les Devils ont un brin ou deux gaspillé le match de mardi alors que la piètre qualité de leur formation a compliqué et peut-être même miné les évaluations associées aux expériences que les matchs préparatoires devaient permettre d'effectuer.

Dans ces circonstances, ce n'est pas par un score de 3-0, mais par une marque finale de 6, 8 même 10-0 – j'ai exagéré un brin à Hockey 360 avant le match en parlant de 15-0 – que le Canadien aurait dû gagner.

Il s'est contenté de trois buts. Dont un, le deuxième du match de Michael Pezzetta, a été enfilé dans un filet désert. Le « Pezz », qui a un patin à Montréal et l'autre à Laval, a déployé plus d'efforts et a été plus impliqué que tous les vétérans envoyés dans la mêlée mardi. C'est tout à son honneur. 

Quant aux autres, un « simonac » bien senti s'impose.

« Relax! Chill Out! »

Je sais que ce n'était qu'un match préparatoire. Que Nick Suzuki, ses complices Cole Caufield et Juraj Slafkovsky n'avaient rien à prouver. Qu'ils patinaient dans le sable en raison du manque d'opposition!

Je sais aussi que dans le cadre d'un match préparatoire il est impératif de ne pas sauter aux conclusions : qu'elles soient positives ou négatives. Qu'il faut relaxer et même « Chiller » comme l'a philosophiquement rappelé Carey Price il y a quelques années alors que les amateurs l'avaient chahuté au Centre Bell et que les journalistes l'avaient mitraillé de questions après qu'il eut accordé quatre buts sur neuf tirs aux Bruins de Boston.

Mais quand même.

Le premier trio, avec Mike Matheson et Joel Armia pour compléter la première vague, a été incapable de marquer malgré près de huit minutes passées sur la patinoire en avantage numérique.

Je ne panique pas ici. Je ne fais que souligner que l'occasion était trop belle pour être ratée d'en mettre plein la vue des partisans et plein le filet des Devils.

Et je vous fais grâce des « exploits » de l'autre trio de la LNH concocté par Martin St-Louis. Jake Evans, flanqué de Brendan Gallagher et Joel Armia, pilotait le deuxième trio du CH mardi. On sait tous que ces trois joueurs seront confinés au sein d'un quatrième trio lorsque la vraie saison commencera. Mais mardi, contre les Devils, ils n'ont rien offert qui permettrait de leur confier ce quatrième trio.

Beck dans l'ombre de Kapanen

L'allure de ce match sans allure a privé tout le monde de se faire une meilleure tête quant à l'évaluation des jeunes et des moins jeunes.

Owen Beck, qui est en face à face avec Oliver Kapanen, pour obtenir un jour le poste de troisième centre derrière Nick Suzuki et Kirby Dach, n'a pas été mauvais. Il a offert quelques « flashs » intéressants.

Mais il a été beaucoup moins visible et impliqué que Kapanen la veille face aux Flyers de Philadelphie qui offraient pourtant une meilleure opposition que les Devils.

Il aura d'autres occasions de prouver sa valeur.

Comme Filip Mesar que Martin St-Louis a vanté après le match en saluant un talent évident. Ce n'est pas mardi qu'il l'a mis en évidence ce talent. Du moins, il me semble.

Trudeau le meilleur

À la ligne bleue, j'avais hâte de revoir Logan Mailloux dont j'avais beaucoup aimé l'aisance et la confiance affichées sur la patinoire lundi.

Elles étaient moins évidentes. Presque disparues. À l'exception d'une belle poussée offensive en deuxième période, on a plus remarqué Mailloux pour les mauvaises que les bonnes raisons.

Il est encore jeune. En âge (21 ans) et en expérience.

Plus jeune encore, sur les deux fronts, David Reinbacher a offert le type de performance qui a justifié sa sélection au cinquième rang du repêchage il y a deux ans.

Sans être spectaculaire – ce n'est pas dans son ADN – on l'a vu orchestrer de bonnes sorties de zone avec des passes précises. On l'a vu protéger la rondelle et la récupérer à quelques reprises après l'avoir perdue en zone défensive.

On ne verra pas Reinbacher à Montréal cette année. À moins d'une épidémie de blessures. Et ce sera souhaitable pour son développement qui pourrait être plus lent que celui d'autres jeunes. Mais la patience en matière de développement est bien plus une qualité qu'un défaut.

Si on exclut Mike Matheson de la discussion pour des raisons évidentes, William Trudeau a été le meilleur jeune défenseur du Canadien mardi.

Trudeau m'avait grandement impressionné l'an dernier au camp d'entraînement et en matchs préparatoires. Je le croyais vraiment près du vestiaire du CH et prêt à faire le saut dans la grande ligue.

Mais ce n'est pas arrivé. Il a même connu une saison en deçà des attentes à Laval.

Bien heureux donc de le voir s'imposer comme il l'a fait mardi. Mais je vais me garder une petite gêne avant de sauter trop vite aux conclusions comme je l'avais fait l'an dernier.

Un mot aussi sur Jayden Struble. Mardi soir, comme c'est pratiquement toujours le cas avec lui, le défenseur a été efficace. Tout ce qu'il fait, il le fait bien. C'est simple. C'est efficace. C'est prévisible. En ce sens que ses coéquipiers peuvent toujours compter sur lui.

À mes yeux, Jayden Struble est un défenseur de la LNH. Il est le gars parfait pour être sixième/septième défenseur avec le Tricolore.

Mais je crains qu'il soit victime d'une petite injustice et qu'il se retrouve à Laval par manque de place et non parce qu'il mérite ce retrait de la formation.

On verra.

Le camp est encore jeune.

Pas de cadeau au Canadien

Martin Brodeur a esquissé un sourire agacé lorsque, avant le match, je lui ai souligné qu'il était loin de faire un cadeau au Canadien et à ses partisans avec l'équipe débarquée au Centre Bell.

Il le savait très bien.

Les Devils jouent mercredi soir. Ils rejoueront vendredi alors qu'ils rendront visite aux Islanders. Dimanche, ils mettront le cap sur la Tchéquie pour compléter leur camp d'entraînement et amorcer la saison les 4 et 5 octobre avec deux matchs contre les Sabres de Buffalo.

« On a déjà deux défenseurs blessés (Brett Pesce et Luke Hughes) et on doit protéger nos réguliers qui seront sollicités beaucoup au cours des prochains jours », a plaidé Martin Brodeur.

« Mais les gars qu'on va envoyer sur la patinoire ont des choses à prouver. Tu seras peut-être surpris de l'opposition qu'ils offriront », que Brodeur a ajouté tout juste avant l'échauffement.

Il avait raison.

Avec Curtis Lazar comme pierre d'assise, les Devils ont tenu tête au Canadien bien plus et bien mieux que prévu. À moins que ce soit le Canadien qui se soit abaissé au niveau des Devils.

Mais d'un angle ou d'un autre, ça reste du gaspillage!

Les règles de la LNH sont simples. Tous les clubs doivent compter un minimum de huit vétérans au sein de leur formation dans le cadre des matchs préparatoires.

Sont considérés comme vétérans, tous les joueurs comptant :

-    Cent matchs d'expérience dans la LNH;
-    Les patineurs qui ont disputé au moins 30 matchs LNH la saison dernière;
-    Les gardiens qui ont été habillés au moins 50 matchs la saison dernière ou en ont disputé 30;
-    Les choix de première ronde du repêchage de l'année en cours;

Ces critères sont loin d'assurer aux amateurs la présence d'un club de la LNH sur la patinoire pour l'un ou l'autre des six à huit matchs préparatoires que les 32 clubs doivent disputer.

On en a eu une « belle » preuve mardi soir.