Jonathan Drouin mérite sa place dans la LNH

COLLABORATION SPÉCIALE

Depuis son arrivée à Montréal, Jonathan Drouin est l'un des joueurs les plus chaudement discutés des dernières années pour le Bleu-Blanc-Rouge. Le gros prix payé pour ses services et la production qui n'a pas répondu aux attentes élevées a attiré beaucoup de critiques de la part des médias et des partisans.

Les nombreuses blessures qu'il a subies au cours des dernières années ainsi que son séjour dans le programme d'aide aux joueurs de la LNH n'ont évidemment pas aidé sa cause. Il n'a joué que 148 des 275 matchs du CH depuis 2019-20. Plusieurs de ses blessures sont survenues alors qu'il semblait commencer à trouver un rythme, le forçant à recommencer de zéro encore et encore.

Malgré tout ce temps à l'écart du jeu, Drouin est tout de même troisième chez le Canadien avec 64 mentions d'aides au cours de cette période, derrière Nick Suzuki (122) et Jeff Petry (80). Cette année, pendant que tout le monde lamente son maigre total d'un but, il mène le club en aides par match avec 0,49.

Est-ce qu'il est une vedette? Non. Est-ce qu'il va répondre aux attentes d'un troisième choix? Probablement pas. Mais il n'y a aucun doute selon moi qu'il est un bon joueur qui mérite sa place dans la LNH la saison prochaine, que ce soit à Montréal ou ailleurs.

Revoir ses attentes pour Drouin

Pour moi, une grosse partie des critiques envers Drouin sont basées sur des choses qu'il ne contrôle pas et qui sont arrivées il y a des années.

Beaucoup ont de mauvais souvenirs de la transaction qui a envoyé Mikael Sergachev au Lightning en retour de Drouin. Oui, Drouin avait demandé à être échangé, mais ce n'est pas lui qui a demandé que Sergachev soit inclus. C'est une décision de Marc Bergevin et le blâme devrait lui revenir, pas à Drouin.

Les gens se concentrent aussi sur tout le potentiel qu'il avait lorsqu'il a été choisi troisième au repêchage de 2013. Cet été marquera le 10e anniversaire de sa cuvée. Je crois qu'il est temps de passer à autre chose et de regarder ce qu'il est capable de faire sur la glace plutôt que de mettre l'accent sur la façon dont les directeurs généraux ont évalué ses talents au cours de la dernière décennie. Il en est à sa sixième saison à Montréal, après tout.

Depuis ce temps, nous avons vu ce que Jonathan Drouin est, et ce qu'il n'est pas. C'est inutile de se lamenter de ce qu'il aurait pu devenir. Ce qui est fait est fait. Il faut regarder de l'avant et voir ce que nous offre Drouin présentement et nous devons ajuster nos attentes en conséquence plutôt que d'être déçu qu'il ne soit pas la vedette que l'on espérait il y a une décennie.

Qui est Jonathan Drouin, vraiment?

En un mot, Jonathan Drouin est un passeur. Sa vision et ses talents de fabricant de jeu ont toujours été ses plus grandes forces. C'était visible à sa dernière année junior, où il a obtenu 79 aides en 46 rencontres. C'était évident lors de sa saison recrue avec le Lightning, avec 28 de ses 32 points qui étaient des passes. Et c'est évident lors de chacune de ses six saisons avec Montréal.

On peut lamenter son manque de buts autant que l'on veut, et oui, plus de production à ce chapitre serait la bienvenue, mais de juger ce qu'un passeur apporte à son équipe par son total de buts est une logique fautive. Plutôt que de regarder ce qu'il ne fait pas, penchons-nous plutôt sur ce qu'il fait pour Montréal.

Un des joueurs les plus productifs de 2023

Alors que le club est ravagé par les blessures, Jonathan Drouin joue possiblement son meilleur hockey depuis des années. Ses 15 aides en 22 matchs depuis le 1er janvier 2023 le placent au premier rang du club, tandis que ses 16 points sont devancés seulement par Nick Suzuki, qui en a 17.

C'est un rythme de 56 aides en 82 matchs. Une saison de 56 aides aurait été bonne pour le 20e rang dans LNH l'an dernier, à égalité avec Nathan MacKinnon, Mikko Rantanen, et Jakub Voracek, et une de plus de Leon Draisaitl. Et si on regarde relativement au temps de jeu, Jonathan Drouin se classe parmi l'élite de la LNH en aides par 60 minutes de jeu en 2023.

Les passeurs depuis le 1er janvier

Évidemment, maintenir ce rythme sur une saison entière est loin d'être facile et je ne dis pas que Drouin pourrait le faire. Je veux simplement illustrer qu'il joue de l'excellent hockey depuis quelques mois pour Martin St-Louis. Et en analysant son jeu plus en profondeur, tout porte à croire que Drouin pourrait continuer d'être un contributeur de qualité pour les années à venir, même s'il ne s'établit pas comme un joueur qui génère 50+ aides par saison.

Jonathan Drouin depuis le 1er janvier

Depuis le 1er janvier, Drouin se classe dans le top 75 dans chacun de nos indicateurs de performances les plus révélateurs chez les fabricants de jeu, relativement au temps de glace. Top-75 en aides est environ une quarantaine de passes sur une saison complète, ce qui est un objectif tout à fait réaliste pour Drouin selon moi.

Je crois qu'un rôle réduit lui permet de laisser sa créativité aller sans la pression d'être le meilleur joueur du club ou une pièce clé sur le premier trio. Cette créativité était évidente lors de ce but de Mike Hoffman contre les Hurricanes cette semaine, où Drouin a fait une superbe passe entre les jambes pour laisser une cage béante à Hoffman, qui a facilement marqué.

Année après année, les clubs cherchent à apporter de l'attaque dans le bas de leur alignement et je crois que c'est un rôle qui irait à merveille pour Jonathan Drouin. Que ce soit à Montréal ou ailleurs, un rôle sur un troisième trio offensif et une place sur une deuxième vague d'avantage numérique serait idéal pour lui.

Oui, même si les buts continuent à être rares.