Du bon pour le CH, des abandons pour les Flyers
MONTRÉAL – De l'arrière du banc, Martin St-Louis a vu de belles choses de la part des 20 joueurs sélectionnés, lundi, pour affronter les Flyers venus de Philadelphie.
Un peu parce qu'ils ont fait plaisir à leurs partisans à qui ils ont offert une victoire de 5-0. Mais surtout parce qu'ils ont établi, lors de cette première rencontre préparatoire, les paramètres d'implication que le coach réclamera lors des cinq autres au calendrier.
Pas surprenant dans ces circonstances qu'il distribuait généreusement de bonnes notes dans des commentaires d'après-match.
Avec raison!
Patrik Laine a réalisé l'ampleur des espoirs fondés en lui par les amateurs qui épiaient chacune de ses présences et soulignaient avec passion et empressement chacune de ses actions sur la patinoire.
Chaque tir – il en a décoché neuf dont cinq ont forcé les deux gardiens des Flyers à effectuer des arrêts – chaque passe, chaque feinte ou chaque « touche » comme Martin St-Louis aime qualifier les actions de ses joueurs avec la rondelle : tous les prétextes étaient bons pour lui souhaiter la bienvenue.
On a même eu droit à un magnifique crescendo de clameur lorsqu'il s'est emparé de la rondelle en zone du Canadien pour ensuite la transporter jusqu'en zone ennemie.
Une clameur que le principal intéressé a bien sûr ressentie. Une clameur qui l'a aussi, de son propre aveu, un brin désarçonné puisqu'une fois à l'autre bout, Laine a perdu la rondelle.
Pas grave!
Depuis le temps que les partisans encaissent des saisons difficiles, depuis le temps qu'ils attendent une vedette offensive, une vraie, il était hors de question de bouder leur plaisir.
Même en match préparatoire.
Ça me rappelait l'acquisition d'Ilya Kovalchuk par Marc Bergevin en 2020 pour aider les partisans à mieux encaisser les affres d'une autre saison difficile.
Martin St-Louis est allé plus loin en associant cette clameur à celles qui marquaient les présences de Guy Lafleur à l'intérieur du Forum. Le collègue Éric Leblanc revient sur cette vague d'amour à l'endroit de Laine dans ce texte.
Il faudra du temps à Laine pour retrouver la forme et la fougue qui lui permettra de justifier plus encore l'amour qu'il a reçu lundi soir.
Et on va lui donner tout ce temps.
Surtout que ce temps sera également nécessaire pour concrétiser la complicité qui semble en voie de s'installer avec Kirby Dach qui, vous me voyez sans doute venir comme un train, aura besoin de temps lui aussi après deux saisons minées par les blessures.
Kapanen : du sérieux!
Si Patrik Laine a été le Finlandais le plus dorloté par les partisans du Canadien, lundi, Oliver Kapanen a été le meilleur Finlandais sur la patinoire pour le Canadien.
Le meilleur du Canadien tout court.
Je sais! Lane Hutson a récolté la première étoile. Et le petit défenseur a été fort bon une fois encore. Ses mouvements latéraux avec la rondelle sont magnifiques à voir et redoutables à encaisser. Parlez-en à Anthony Richard que Hutson a sorti de ses patins avec une feinte gauche droite à la ligne bleue des Flyers.
Mais aussi électrisant soit Hutson, Kapanen lui a été supérieur en efficacité lors de cette première partie.
Je l'ai déjà dit et écrit. Je le répéterai et l'écrirai encore j'en suis convaincu : Oliver Kapanen me rappelle la fougue et la capacité d'avoir le nez dans l'action en tout temps d'Artturi Lekhonen. Des qualités reconnues aux quatre coins de la LNH et qui ont incité Joe Sakic et l'Avalanche du Colorado à faire son acquisition.
En prime, Kapanen est plus costaud, plus rapide et a plus de mains qu'Artturi.
Ça promet!
Je sais qu'on a déjà accordé à Christian Dvorak le poste de troisième centre et à Jake Evans la responsabilité d'orchestrer les présences du quatrième trio.
Mais je ne crois pas trop m'emballer en prétendant qu'il est déjà meilleur que ces deux joueurs.
Il pourrait même se battre d'égal à égal avec Owen Beck à qui la haute direction réserve une place de choix au sein de la ligne de centre du Tricolore.
Pas mal pour un gars dont pas grand monde – même Martin St-Louis – n'avait entendu parler ou ne fondait de grands espoirs depuis sa sélection en toute fin de deuxième ronde au repêchage de 2021.
Oliver Kapanen est un joueur de hockey. Un sérieux joueur de hockey même. Et je ne suis pas le seul à être impressionné. Alex Barré-Boulet, son compagnon de trio lundi soir, l'est lui aussi.
« Il s'adapte vite. Je l'ai trouvé très bon. Sans être le plus gros, il gagne beaucoup de batailles et est fort physiquement. Il a remporté plusieurs mises en jeu (8 en 14, meilleur centre du CH avec 57 % d'efficacité) contre des vétérans des Flyers. Il a une bonne vision. Il est calme avec la rondelle. Il est bon dans les deux sens de la patinoire. On voit qu'il est un joueur talentueux », a défilé le vétéran québécois qui, à 27 ans, a épaulé bien des joueurs de centre depuis son arrivée dans les rangs professionnels.
Troisième membre de ce trio avec Kapanen et Barré-Boulet, Emil Heineman a disputé un match solide. Tout comme Jared Davidson, dont l'efficacité en échec avant a mené au premier but du Tricolore, celui de Luke Tuch.
Mais bon! On pourrait défiler pratiquement le nom de tous les joueurs tant le Canadien s'est imposé, surtout en troisième avec un barrage de quatre buts.
Parlant de but, Cayden Primeau a été très solide devant sa cage en première moitié de match. Une première moitié au cours de laquelle les Flyers ont été beaucoup meilleurs que lors de la deuxième.
En première moitié, ils étaient même nez à nez avec le Canadien. En deuxième, le Canadien les a largués loin derrière.
Flyers : plusieurs abandons
Derrière le banc des Flyers, Ian Laperrière a donc dressé une liste beaucoup plus négative que celle dressée par Martin St-Louis.
« On a des gars qui ont abandonné en troisième période alors qu'on s'est sortis du match en donnant la rondelle au Canadien », que « Lappy » a convenu après la défaite.
« Je suis convaincu que la liste de Torts – John Tortorella – est pas mal plus longue. Les matchs préparatoires servent à évaluer nos gars. John dirige un camp d'entraînement très difficile. Les gars doivent arriver en grande forme pour passer au travers. Ils l'étaient bien plus que l'an dernier. Les tests, les exercices, les séances de patin : tout est difficile. Et c'est ce que John veut, car il veut être en mesure de séparer les gars qui ne lâchent jamais ceux qui abandonnent. Il avait le choix ce soir », a expliqué Laperrière.
En passant : pourquoi Ian Laperrière, l'entraîneur-chef du club-école à Lehigh Valley, était derrière le banc des Flyers lundi alors que John Tortorella était sur la galerie de presse?
« Parce que John tient à impliquer tous les coachs de l'organisation. Je dirige les deux premiers matchs. Plusieurs gars qui joueront ces deux matchs me suivront dans la Ligue américaine. Une fois mes deux matchs dirigés, les adjoints de John auront la responsabilité du banc chacun leur tour. Torts va arriver à la toute fin, avec une évaluation complète de ce qu'il aura relevé en suivant les matchs d'en haut », a expliqué Laperrière qui, au-delà le résultat final, était heureux de son expérience.
« Je suis chez moi ici. J'ai grandi à 15 minutes du Centre Bell. À Montréal, c'est toujours plus spécial », a convenu celui qui amorcera sa quatrième saison derrière le banc du club-école des Flyers.