MONTRÉAL – Dans Fiction Pulpeuse, un classique des années 1990 signé par le prolifique Quentin Tarantino, les personnages interprétés par Samuel L. Jackson et John Travolta rendent visitent à des petits voyous qui tardent à payer les dettes qu’ils ont contractées auprès de leur patron, Marsellus Wallace.

Gagné par la panique, l’un des jeunes hommes se confond en excuses et assure que ses comparses et lui ont agi avec « les meilleures des intentions ». Outré, Jules Winnfield, le bandit joué par Jackson, répond à ce plaidoyer en mettant froidement une balle dans l’abdomen d’un autre membre du groupe.  

Voilà où peuvent mener les belles paroles quand on se frotte à des rivaux qui ne jouent pas dans la même ligue que nous.

Quelque chose comme une réédition de cette scène s’est déroulé jeudi soir au Centre Bell, à la différence que le meurtre a été commis avant les excuses. Le Tricolore venait de se faire écraser pour au moins la cinquième fois de la saison, un triste revers de 6-2 aux mains des Islanders de New York. La piètre valeur de la performance semblait faire l’unanimité parmi les membres de la confrérie journalistique qui venaient de descendre de la passerelle de presse. Puis Tyler Toffoli est entré dans la pièce.  

« On doit être capables d’offrir une meilleure réponse. On venait de jouer un gros match contre Detroit et j’ai trouvé qu’on avait de bonnes intentions ce soir. Seulement, on a eu quelques bonds défavorables et on affrontait une équipe qui est intraitable quand elle se procure une avance. »

Après une victoire encourageante contre les Red Wings mardi soir, l’entraîneur-chef Dominique Ducharme s’était réjoui d’avoir enfin vu ses joueurs offrir une performance complète, un exemple à suivre pour la suite. Cette suite, le tableau indicateur dit qu’elle a été catastrophique.

Le Canadien a maintenant perdu les trois matchs qui ont suivi ses victoires par un pointage cumulatif de 16-5. Ducharme est toutefois d’avis que cette contre-performance contre les Islanders ne doit pas être comparée à celles livrées plus tôt contre le Kraken de Seattle et les Kings de Los Angeles.

« Je ne pense pas qu’on était si loin du blueprint, a argué l’entraîneur en récupérant l’expression anglaise qu’il avait utilisée après le blanchissage contre les Wings. Surtout si on prend la première moitié du match. On fait deux ou trois erreurs et ça donne les trois premiers buts. Je suis d’accord que ce sont des erreurs qu’on ne doit pas faire, mais je ne pense pas qu’on était loin. Ils n’avaient pas plus de chances de marquer que nous, c’était fermé des deux côtés. On va regarder le match encore, mais on appliquait de la pression et on a eu beaucoup de temps en zone offensive. »

« C’est pour ça que je dis que ce n’est pas le même genre de défaite. Sauf que nos erreurs nous ont fait mal », a conclu Ducharme.

« Le score ne reflète pas l’effort qu’on a mis. Je pense que c’est plate d’avoir un score comme ça, mais je pense qu’ils ont été opportunistes. On a pris des mauvaises décisions, des erreurs qui ont mené directement à des buts, mais je pense que l’effort était beaucoup mieux ce soir de notre côté. C’est juste que nos erreurs nous ont coûté très cher. »

« En première période et pour une partie de la deuxième, on faisait du bon travail contre une bonne équipe, a suggéré Jake Evans. Mais il y a eu des erreurs mentales, des mauvaises lectures qui nous ont fait mal. Il me semble qu’à chaque fois qu’on foirait, la rondelle se retrouvait au fond de notre but. »  

Le Canadien a maintenant perdu neuf de ses douze premiers matchs. Il peine à jouer pour ,500 depuis qu’il a mis fin à sa série de cinq défaites pour commencer la saison. Seuls les Blackhawks de Chicago et les Coyotes de l’Arizona affichent un pire différentiel de buts que le -16 qui le congèle. Et il occupe le dernier rang du classement dans l’Est même s’il a joué deux matchs de plus que l’équipe qui le précède.

Voilà où l’ont mené ses bonnes intentions en date du 4 novembre 2021.

« C’est sûr que c’est frustrant, a répondu Ducharme lorsqu’on l’a questionné sur les émotions qui l’habitaient. Mais vous ne me verrez pas venir ici pour donner un show. Je ne ferai pas les manchettes et je ne deviendrai pas une sensation YouTube pour les vingt prochaines années. Ce que j’ai à dire, je vais le dire à mes gars. »