Gallagher, Byron, Niemi : l’heure des récompenses
Canadiens mardi, 27 mars 2018. 07:40 vendredi, 13 déc. 2024. 00:40Parce qu’il a été le cœur et l’âme du Canadien depuis le début d’une saison difficile, pénible même, l’une des pires de l’histoire moderne du Tricolore, Brendan Gallagher a eu droit à une belle ovation lorsque Michel Lacroix a souligné le fait qu’il venait d’atteindre le cap des 30 buts.
Les buts de Gallagher étant bien davantage le fruit de son dur labeur que celui d’un talent brut, le meilleur marqueur du Tricolore a dû patienter avant d’être crédité du troisième but du Tricolore. Les arbitres l’ont initialement accordé à Mike Reilly qui semblait avoir déjoué Jared Coreau d’un tir de la ligne bleue. La reprise a toutefois démontré que Gallagher avait effleuré le disque avant qu’il ne touche le gardien des Wings.
Plus tôt dans le match, Gallagher a vu la chance lui sourire lorsqu’une passe dirigée vers l’enclave s’est retrouvée derrière Coreau après que Justin Abdelkader eut fait dévier la rondelle accidentellement.
Avec les défaites en séries qu’il a durement encaissées au cours de l’année, avec les frustrations associées aux fractures de la main gauche qui ont miné ses deux dernières saisons, avec tout ce qu’il déploie sur la glace sans toujours obtenir les récompenses équivalentes, Brendan Gallagher méritait bien que la chance soit de son côté lundi. Il méritait pleinement ces 29e et 30e buts qui lui ont permis d’atteindre un plateau qui semblait hors de portée depuis le début de sa carrière.
« Ces 30 buts sont pleinement mérités. Ils récompensent la façon dont il joue », a commenté l’entraîneur-chef Claude Julien.
« Brendan est un guerrier sur la patinoire. C’est plaisant de le voir être récompensé de cette façon », a ajouté son compagnon de trio et principal complice cette saison Paul Byron.
« Gally est un grand leader sur la patinoire et dans le vestiaire. Il a une grande importance au sein de notre équipe. Les circonstances ont fait qu’il prend la parole plus souvent, mais c’est d’abord et avant tout en donnant le ton sur la patinoire qu’il impose son leadership », a ajouté Alex Galchenyuk qui a fait le saut dans la LNH simultanément avec Gallagher il y a six ans... déjà!
« On dirait que c’était hier », a ajouté Galchenyuk.
Pendant que son coach, ses coéquipiers et bien des amateurs qui rentraient à la maison après la victoire de 4-2 aux dépens des Wings – certains étaient peut-être un brin fâchés en raison du fait que le Canadien est demeuré devant Detroit avec ce gain au lieu de glisser derrière avec un revers qui aurait moussé ses chances de remporter la loterie Dahlin – Brendan Gallagher faisait la moue en répondant aux questions associées à son exploit personnel.
« La meilleure chose que m’apportera ce 30e but sera de mettre un terme aux questions associées à ce plateau que vous me répétiez depuis des semaines et aux blagues lancées par Alex (Galchenyuk) qui m’en parlait tous les jours », a lancé Gallagher avec un petit sourire de satisfaction en coin.
Un sourire qui cachait un agacement évident.
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Pourquoi autant détester parler de ses exploits personnels? De son courage affiché devant les filets adverses? De sa manière de se donner à fond à chaque présence – Gallagher a bloqué un tir avec 15 secondes à faire en troisième alors que l’issue du match était déjà bien scellée – peu importe le score et le temps à écouler au cadran?
Après tout, les performances de Gallagher, on pourrait facilement écrire ses exploits, sont un baume sur une saison atroce.
« Parce que je n’aime pas ramener les choses à mes performances. L’équipe passe avant tout. En plus, je n’aime pas parler de mes performances parce que je ne veux pas non plus qu’elles deviennent une préoccupation pour moi. Ma philosophie est simple : ce ne sont pas les objectifs personnels qui comptent, c’est la façon dont tu joues. Et quand tu joues de la bonne façon, les chances sont meilleures d’obtenir de bons résultats. D’où ma nette préférence à parler de la manière de jouer que des résultats individuels », a précisé la première étoile de la rencontre.
Une première étoile qui rapproche Gallagher de la coupe Molson remise annuellement au joueur le plus utile du Canadien. À celui qui a obtenu le plus de sélections au sein des trois étoiles.
Il reste encore cinq matchs à disputer, mais les saisons moins qu’ordinaires qu’ont connues Carey Price, Max Pacioretty, Jonathan Drouin, Alex Galchenyuk et les autres candidats logiques à la coupe Molson laissent Gallagher pratiquement seul dans la course.
Byron pour le Jacques-Beauchamp
Parlant d’étoiles, le Canadien a mené son scrutin annuel auprès des journalistes couvrant les activités de l’équipe afin d’élire le récipiendaire du trophée Jacques-Beauchamp.
Ce trophée est remis au joueur du Canadien qui s’est le plus distingué sans obtenir les accolades méritées. Dans les faits, on le surnomme, avec raison, le trophée remis à la quatrième étoile de la saison.
Normalement, ce trophée irait comme un gant à Brendan Gallagher. Mais il serait tout à fait incongru de gagner à la fois la coupe Molson et le trophée Jacques-Beauchamp.
Alors qui?
À mes yeux, le seul candidat logique cette saison est Paul Byron.
Alors que personne – moi le premier – ou à peu près croyait que Byron pourrait marquer 22 buts encore cette année, voire simplement atteindre le plateau des 20, Ti-Paul a marqué son 19e en fin de première période lundi.
Son implication dans le deuxième but illustre toutefois encore mieux pourquoi je lui ai donné mon vote en dépit de sa victoire il y a deux ans. Byron a intercepté – au vol s’il vous plaît – une rondelle dégagée par les Wings. En gardant la rondelle en zone ennemie, Byron a amorcé une poussée au terme de laquelle Brendan Gallagher a marqué le premier de ses deux buts. Il n’a pas obtenu de mention d’aide, mais sans lui ce but ne serait jamais venu.
Cette image est associée au trophée Jacques-Beauchamp.
Je conviens que Nicolas Deslauriers mérite considération. Après un purgatoire avec le club-école à Laval, Deslauriers a rendu de fiers services au Canadien. Il en rend encore. Mais le fait qu’il n’ait disputé que 52 matchs le désavantage à mes yeux.
En plus d’avoir disputé tous les matchs du Canadien, Byron a été employé à toutes les sauces – on l’a vu au centre quelques fois – et au sein de tous les trios. Peu importe le trio, la position, les coéquipiers, Byron a toujours déployé le même effort et maintenu sa part au chapitre des résultats. Au risque de me répéter, sa sélection va de soi.
Mon vote de troisième place est allé à Charles Hudon.
J’ai bien hâte de connaître le résultat final du vote.
Niemi candidat au Masterton
J’aurais pu offrir un vote à Antti Niemi pour le Jacques-Beauchamp. Je ne serais d’ailleurs pas le moindrement surpris qu’il en reçoive quelques-uns. Voire plusieurs. Mais les journalistes avaient mieux à offrir au gardien finlandais.
En l’élisant à titre de candidat du Canadien dans la course au trophée Bill-Masterton, les journalistes de la presse écrite affectés à la couverture du Tricolore lui réservent un plus bel honneur encore. Une plus belle récompense en marge du renversement à 180 degrés de sa saison. Une saison qui n’allait nulle part après des essais désastreux à Pittsburgh et en Floride. Une saison qu’il a sauvée avec ses six victoires (6-8-2) signées après être débarquées à Montréal. Une saison qui lui permettra peut-être de prolonger une carrière qui semblait terminée avant que Marc Bergevin ne le réclame au ballottage.
Largué par trois équipes – il ne faut pas oublier que les Stars de Dallas ont racheté son contrat l’été dernier – Niemi doit maintenant être considéré par le Canadien – et plusieurs autres équipes – comme une police d’assurance sur laquelle ils pourraient compter encore l’an prochain. Mais s’il n’en tient qu’à Niemi, c’est à Montréal qu’il prolongera sa carrière.
« Quand tu joues bien, tu te sens chez toi. J’aime ça ici. Je veux rester ici. J’aime ma vie ici », a indiqué Antti Niemi lors d’un entretien au cours duquel il a appris sa candidature au trophée Masterton.
Parce que ce trophée est remis au joueur qui s’est le plus distingué par sa persévérance, son esprit sportif et le dévouement qu’il voue au hockey, Niemi représente une candidature plus que valable. Dans un vote très serré, le gardien a coiffé Brendan Gallagher de très peu.
Mais comme sa carrière s’en allait directement dans un mur au moment de se joindre au Canadien, il est normal qu’il ait devancé son jeune coéquipier.
« J’affiche la même philosophie face à la vie et au hockey : ne jamais abandonner malgré les situations difficiles. J’en ai vécu cette année des moments difficiles. Tu ne sais jamais ce que l’avenir te réserve, mais je me suis dit qu’il fallait essayer de voir où tout cela me mènerait. Je me suis assuré de travailler fort chaque jour afin de mieux jouer tout en gardant le même état d’esprit. Je ne sais pas comment expliquer le renversement de situation. Le fait d’être à Montréal et de devenir de plus en plus à l’aise avec tout le monde a certainement aidé », a déclaré le gardien finlandais qui a aussi retrouvé un ancien allier une fois avec le Canadien. Entraîneur des gardiens du Tricolore, Stéphane Waite occupait le même poste avec les Blackhawks de Chicago lorsqu’ils ont rapatrié la coupe Stanley en 2009-2010 avec Niemi devant le filet.
« J’ai aimé recommencer à travailler avec lui. Faire des petites choses au quotidien. Cela a fait la différence. Une fois sur la glace, j’essaie de ne pas trop en faire, car c’est trop difficile. Il est plus simple et meilleur à long terme de se concentrer sur les trucs de base. Depuis que je suis ici, je tente d’avoir la mémoire la plus courte possible. Peu importe ce qui arrive sur la glace, je sais que je dois me concentrer sur les bonnes choses et non sur les résultats. D’ici la fin de la saison, je vais faire de mon mieux chaque fois et je verrai où cela me conduira. Je veux jouer encore l’an prochain, et j’aimerais jouer ici », a expliqué Niemi qui ne s’est pas senti étouffé par la prétendue pression supplémentaire associée au fait de jouer à Montréal.
« Je suis arrivé en cours de saison. J’avais déjà ma part d’ennuis à régler. En me concentrant sur ce que je devais faire au quotidien j’ai été en mesure d’éviter de trop penser à ce qui m’entourait », a conclu Niemi qui a su maximiser la chance offerte par le Canadien lorsqu’il s’est retrouvé mal pris en raison de la commotion cérébrale subie par Al Montoya le 4 novembre après qu’il eut reçu un tir frappé de Dustin Byfuglien en plein masque.
Les 30 autres équipes de la LNH proposeront un candidat au trophée Bill Masterton. Le gagnant sera connu lors de la cérémonie de remises des trophées à la fin du mois de juin à Las Vegas.