Kaiden Guhle : l'avenir se conjugue au présent!
Que Kaiden Guhle soit le défenseur le plus sollicité chez le Canadien avec 24 min 23 s de temps d'utilisation, donne une idée de la place que l'arrière âgé de 20 ans seulement occupe déjà au sein de la brigade défensive du Canadien.
Que Kaiden Guhle soit plus utilisé par le Canadien que Kristopher Letang l'a été par les Penguins de Pittsburgh donne une plus grosse idée encore de l'importance de la présence de l'arrière qui ne compte que quatre matchs d'expérience dans la LNH est-il besoin de le rappeler.
Que Kaiden Guhle ait été non seulement le meilleur défenseur du Canadien, mais qu'il ait aussi déclassé, le temps d'un match, le vétéran Letang, Jeff Petry à son retour au Centre Bell et tous les défenseurs des Penguins venus de Pittsburgh confirment ce qu'on sait déjà depuis un moment :
Malgré son âge, malgré ses quatre matchs d'expérience, Guhle est déjà la pierre d'assise du Tricolore à la ligne bleue.
Guhle en a fait la preuve à plusieurs reprises au cours de la partie. Une rencontre au cours de laquelle la qualité de son jeu a été aussi impressionnante que le nombre de présences (32) qu'il a effectuées.
Une qualité de jeu qui dépasse les deux passes qu'il a récoltées au cours de la rencontre. Ses deux premiers points en carrière. Deux points qui auréolent une solide performance et aussi une victoire à l'arraché, mais ô combien méritée, du Canadien qui a comblé un recul de deux buts pour finalement l'emporter 3-2 en prolongation.
Guhle a cadré trois des sept tirs qu'il a décochés. Il a été crédité de trois mises en échec. Mieux encore, il a facilement composé avec la pression appliquée par les Penguins en échec avant en plus d'essuyer une très solide mise en échec que lui a servie Brock McGinn le long de la bande en territoire du Tricolore en cours de première période.
Le jeune défenseur a aussi volé trois rondelles en plus de bloquer un tir. Vrai qu'il s'est rendu coupable de deux revirements relevés par les officiels mineurs de la LNH. Mais au temps qu'il a passé sur la patinoire et au nombre de fois qu'il a été totalement impliqué dans le jeu, il est tout à fait normal d'avoir été pris au piège une fois ou deux. Comme dirait un grand philosophe : il n'y a que ceux qui ne font jamais la vaisselle qui ne cassent pas d'assiettes de temps en temps…
Attaque massive et prolongation
Si ces statistiques éloquentes et les 32 présences effectuées par Guhle ne suffisent pas à vous convaincre qu'il est déjà le meilleur défenseur du Canadien, deux décisions de Martin St-Louis donnent plus de poids à cette prétention.
Le coach du Canadien a finalement décidé d'envoyer Guhle dans la mêlée en attaque massive. Il a obtenu 1 min 54 s d'utilisation à cinq contre quatre. C'est une minute de moins que le temps passé à écouler les pénalités. Mais quand même. Le fait qu'il soit ainsi utilisé dans les trois situations démontre la confiance que le vouent ses coachs.
Autre fait plus marquant encore : Guhle a été envoyé sur la patinoire pour amorcer la prolongation.
Quand j'ai vu Guhle discuter stratégie avec Nick Suzuki et Cole Caufield alors qu'on se préparait à donner le coup d'envoi à la première prolongation de la saison pour le Canadien je me suis dit : St-Louis ne conjugue plus au futur, mais bien au présent dès maintenant!
Tout ça dans le cadre d'un match contre les Penguins alors que le jeune arrière trépignait quelques heures plus tôt à l'idée de se retrouver sur la même patinoire que Sidney Crosby.
Une fois le match commencé, on n'a jamais senti Guhle déstabilisé à l'une ou l'autre de ses 32 présences. Au contraire.
« Kaiden n'est pas intimidé par les joueurs qu'ils affrontent ou par les situations de match », assurait avec une fierté évidente St-Louis en rappelant qu'avant de partager l'action avec Crosby et Evgeni Malkin, lundi soir, au Centre Bell, son jeune arrière avait composé de la même façon avec Alexander Ovechkin, samedi, à Washington.
Bien que quatre matchs ne font pas une carrière, tous les critères utilisés pour analyser le jeu de Guhle, pour évaluer son talent, pour élaborer des projections quant au genre de carrière qu'il connaîtra permettent de l'assurer d'un avenir brillant.
St-Louis partage d'ailleurs l'enthousiasme général en s'appuyant sur un aspect bien particulier. « C'est clair que le plafond est très haut quand on pense à Kaiden, mais ce plafond pourra être haut parce que le plancher est solide », que l'entraîneur-chef a lancé dans ses commentaires d'après-match.
À n'en pas douter, les fondations sur lesquelles Guhle est en train de bâtir sa carrière, sont non seulement solides, elles semblent très solides. Au fil des prochaines semaines, le jeune homme nous démontrera peut-être – je me retiens pour ne pas écrire tout de suite sans doute – qu'elles sont inébranlables.
Comme la confiance tranquille que le jeune arrière affiche.
Pendant que ses coéquipiers rivalisaient d'éloges pour commenter les performances et la personnalité de leur jeune coéquipier, Guhle restait de marbre.
« Je vais savourer jusqu'à minuit et après, ce sera une nouvelle journée! »
Rien de plus!
Le genre de commentaire auquel nous habituait Raymond Bourque alors qu'il était l'un sinon le meilleur défenseur de la LNH au grand complet.
Je ne suis pas en train de prétendre que Guhle est le meilleur défenseur de la LNH. Après quatre matchs, ce serait prématuré un brin ou deux.
Mais après quatre matchs, il est clair que Guhle est déjà le meilleur défenseur du Canadien.
Un pari salutaire
Le Canadien est revenu de l'arrière pour battre les Penguins parce qu'il a mieux joué que ses adversaires.
Exception faite de la séquence au cours de laquelle Malkin a marqué deux fois en un peu plus de quatre minutes lors de la période médiane, le Canadien, comme son jeune défenseur Guhle, ne s'est pas laissé intimider par Crosby et les Penguins.
En première période, il s'est offert six occasions de marquer contre trois pour Pittsburgh selon mon évaluation. Au fil de la partie, il a su générer de belles poussées en zone ennemie.
Bon! Les défenseurs peinent encore à sortir la rondelle rapidement et efficacement, mais en territoire ennemi le Tricolore a pu donner à son coach ce qu'il réclamait : plus de temps de qualité en zone offensive afin d'aider la défensive à reprendre son souffle.
« J'ai aimé notre match ce soir. On n'a jamais lâché. Même à 0-2, on était en arrière, mais n'était pas battus. Si on joue toujours comme on l'a fait ce soir, on ne gagnera pas chaque fois, mais on va se donner de chances de gagner », que le coach a commenté.
St-Louis a d'ailleurs joué un rôle dans la victoire alors qu'il a décidé de rappeler Samuel Montembeault au banc à la faveur d'un sixième attaquant alors qu'il restait près de 150 secondes à faire au troisième tiers et de réclamer son temps d'arrêt pour établir une stratégie.
« C'était peut-être vite, mais nous avions une mise en jeu en zone offensive. J'aurais pu attendre, mais peut-être que cette situation de mise en jeu ne serait pas revenue », que l'entraîneur-chef a plaidé.
Peu importe. Ce pari a porté fruit alors que Caufield a profité d'une passe sensationnelle de Jonathan Drouin qui a fait glisser la rondelle d'un côté à l'autre de la zone ennemie pour marquer son troisième de la saison et envoyer le match en prolongation.
Cette passe fera du bien à Drouin qui a certainement besoin de renforcement positif pour retrouver sa forme et sa confiance sur la patinoire.
Petry : un tour du chapeau pas rigolo
Jeff Petry a eu droit aux deux honneurs que le Canadien et ses partisans réservent aux anciens lorsqu'ils reviennent au Centre Bell dans le rôle d'ennemi :
Une vidéo hommage et des huées nourries.
Petry, qui a offert bien plus de bon hockey que de hockey moyen ou mauvais comme ce fut le cas l'an dernier, a été hué dès l'instant où il a touché à la rondelle lors de sa première présence sur la patinoire.
C'était prévisible. Surtout que dans le cas de Petry, on peut dire sans risque de se tromper que la très grande majorité de ces huées représentaient une marque de respect.
D'ailleurs, lorsque le Canadien a profité de la première pause publicitaire au premier tiers pour diffuser la vidéo hommage, une vidéo bien montée au cours de laquelle on a vu de belles séquences de Petry lors de matchs, mais aussi en interaction avec ses anciens coéquipiers dans le vestiaire, la foule lui a réservé une belle ovation. Une marque d'affection que le principal intéressé a appréciée puisqu'il a ensuite levé la main au ciel pour saluer la foule avant la reprise du jeu.
Les huées ont repris de plus belle au fil du match, mais les fans auraient aussi pu ovationner l'ancien défenseur du Canadien qui a offert pas une, pas deux, mais trois attaques massives à son ancienne équipe.
C'est d'ailleurs pendant que Petry était au cachot que Kirby Dach a scellé l'issue de la rencontre au cours de la prolongation.
Après deux tentatives infructueuses plus tôt dans le match, et les 10 autres qui se sont succédé au cours des trois premiers matchs, le Canadien a finalement mis fin à sa disette.
Il était temps!
Cela dit, Petry n'a jamais voulu faire un si gros cadeau à son ancien club et à ses anciens partisans.
« C'est tout à fait inacceptable de ma part d'avoir écopé ces trois pénalités ce soir », que le défenseur a simplement commenté.
Le mot inacceptable flottait autour du vestiaire des Penguins. Il est d'ailleurs sorti de la bouche de l'entraîneur-chef Mike Sullivan qui a candidement admis aux journalistes que son équipe méritait pleinement d'avoir perdu en prolongation, car malgré l'avance de deux buts qu'ils se sont donnée, les Penguins n'ont jamais égalé la qualité du jeu offert par le Canadien.
Après s'être offert des victoires aux dépens des Maple Leafs et des Penguins, deux adversaires contre qui on lui accordait peu de chances de gagner, le Canadien sera en quête d'une troisième victoire de suite au Centre Bell, jeudi, alors que les Coyotes de l'Arizona feront escale à Montréal.