Lane Hutson a épaté, comme prévu
BROSSARD – Même en plein été, ce n'était pas étonnant de voir des centaines de partisans du Canadien se déplacer au Complexe Bell pour observer la relève de l'organisation et il ne fallait pas non plus se surprendre de voir Lane Hutson accomplir quelques prouesses.
Insistons bien là-dessus, ce n'était qu'un match intra-équipe à quatre contre quatre et Hutson est déjà habitué de s'imposer contre des adversaires plus vieux dans la NCAA. Donc c'était logique de le voir dominer la compétition à Brossard.
Malgré tout, sa vision exceptionnelle du jeu et son agilité sur patins sont fascinantes. D'ailleurs, les dirigeants du CH n'hésitent pas à le dire. À au moins trois reprises, Hutson a alimenté David Reinbacher de superbe manière sans qu'il puisse toutefois enfiler l'aiguille.
« J'aurais aimé pouvoir bouger comme lui sur la patinoire, a d'abord lancé Rob Ramage, le directeur du développement des joueurs. Il continue d'impressionner, il est tout simplement très intelligent et il semble toujours en mesure de repérer un coéquipier. »
« Chaque fois que je suis allé le voir jouer, il a eu un impact positif. Il était presque toujours le meilleur joueur sur la patinoire », a-t-il enchaîné sans vouloir jurer qu'il allait s'implanter dans la LNH.
Avec la naïveté de sa jeunesse, Reinbacher ne s'est pas limité dans ses projections à propos de Hutson.
« Tu prends la rondelle, tu patines, tu lui donnes et tu le regardes aller! J'espère que ce n'est pas trop haut, mais c'est probablement le prochain Cale Makar. Il est tellement bon sur ses patins, il fait des choses folles sur la glace et j'espère jouer avec lui un jour », a commenté le premier choix du Canadien en 2023.
Pour Hutson lui-même, ça ne ressemblait qu'à une journée comme les autres quand il s'amuse avec ses frères.
Avec le temps, il a également appris à gérer l'attention qui se dirige vers lui tout en sachant que l'ampleur atteindra un niveau supérieur quand il se joindra au Canadien.
« J'essaie de ne pas trop y porter attention et de m'amuser chaque jour. C'est un sport amusant à jouer et je me concentre là-dessus », a répondu Hutson qui raffole de patiner jour après jour.
À ne pas en douter, Hutson ne craint pas non plus de s'aventurer loin en zone offensive même dans un tel contexte. Pendant qu'il était jumelé à de nouveaux partenaires et que l'état-major du Tricolore épiait les gestes de chacun, Hutson faisait aller sa magie sans se restreindre.
« Je n'ai jamais peur de commettre des erreurs, elles vont se produire de toute manière. Je préfère tenter un jeu que jouer de manière prudente. Je n'essaie pas non plus de déjouer tout le monde entre les patins », a mentionné le gaucher de Boston University.
Le discours de Martin St-Louis, qui accepte les erreurs dans cette phase de développement de l'organisation, le ravit, bien entendu.
« Bien sûr, je sais que l'accent se dirige sur le développement et bientôt, ça prendra un virage vers les victoires. Il faut juste que les gars apprennent des erreurs », a-t-il cerné.
Déjà redoutable pour son sens du hockey offensif, Hutson aime entendre Adam Nicholas (directeur du développement hockey) exposer sa vision avec son énergie unique. Avec son intelligence sportive, on présume que Hutson retiendra quelques éléments même si sa compréhension dépasse déjà la moyenne.
« Il accomplit un excellent travail, c'est une personne, très, très intelligente. Il connaît très bien ce dont il parle et il a vraiment à cœur le développement de chacun. Il nous aide à voir le jeu d'une autre perspective, à un niveau élite. Il est très bon. Tu n'as qu'à l'entendre parler deux minutes pour comprendre qu'il a une intelligence de hockey très impressionnante. C'est précieux pour nous sa manière de tenter de nous apprendre des choses et ses façons différentes pour y parvenir », a témoigné Hutson en faisant allusion aux vidéos présentées aux joueurs directement sur la patinoire après une répétition.
« Par sa façon de bouger et de jouer, il est dans la catégorie élite. Ça se voit que son talent est immense », a remarqué Nicholas à propos de son élève fort doué.
Un pouce de plus pour Hutson
Il faudra voir si les enseignements de Nicholas et du département hockey du Canadien vont permettre à Hutson d'être efficace défensivement dans la LNH.
Avec son gabarit modeste, Hutson s'attelle déjà à défendre son territoire avec ses atouts d'agilité.
Parlant de sa charpente, Hutson a précisé qu'il avait grandi d'un pouce.
« Je mesure désormais cinq pieds neuf pouces (et 158 livres) donc c'est bien. Je suis allé vérifier cet été de nouveau et je pourrais encore grandir donc c'est bien à entendre », a indiqué l'Américain de 19 ans.
Alors non, il ne mesure pas encore cinq pieds dix pouces comme prétendait Boston University.
« Je présume que mon équipe voulait simplement me grandir un peu pour que les autres équipes regardent notre formation et pensent que je suis plus grand », a expliqué Hutson en souriant.
À le regarder aller sur une patinoire, on en vient souvent à se demander d'où provient cet arsenal différent de vision, de feintes et d'agilité. Hutson a confié qu'il mange du hockey avec son père et ses trois frères. D'ailleurs, son petit frère Cole pourrait le surpasser un jour.
« Je ne veux pas le dire et j'espère qu'il ne regardera pas ceci, mais oui, je pense qu'il peut devenir meilleur que moi. Il possède assurément des habiletés spéciales. Je crois qu'il sera repêché nettement plus haut que moi. Il est très talentueux, c'est un patineur naturel qui voit bien le jeu, il possède les feintes et tout un tir aussi », a commenté Hutson, repêché en 2e ronde en 2022, qui retournait à Boston mardi.
Avant de quitter, Hutson a reconnu que l'appui du public ne le laisse pas indifférent.
« Ça veut dire beaucoup à mes yeux, ils connaissent beaucoup le hockey, ils sont parmi les partisans les plus connaisseurs. Aucun autre camp de développement vit un contexte similaire à ça pour un match intra-équipe 4 contre 4. Ça nous donne un aperçu de l'avenir », a-t-il conclu.