Le scénario possible du Canadien qui repêche Iginla au lieu de Lindstrom

BUFFALO – Tij Iginla au lieu de Cayden Lindstrom avec les Canadiens? Voilà la recommandation, audacieuse pour certains, de l'entraîneur qui a encadré la fabuleuse ascension d'Iginla cette saison.  

Advenant que le Tricolore conserve le cinquième choix et qu'Ivan Demidov ait déjà trouvé preneur, le scénario le plus consensuel serait que Montréal mette le grappin sur Lindstrom, ce phénomène physique de six pieds trois pouces et 210 livres qui a composé avec quelques blessures.  

N'empêche qu'Iginla a fait tout en son pouvoir pour séduire les recruteurs cette saison. De plus, une audition enflammée au Championnat mondial U18 a alimenté le brasier du fils de Jarome qui a bâti sa renommée avec les Flames de Calgary. 

Durant la saison 2022-2023, sa première dans la WHL, Iginla avait été confiné dans un rôle de soutien avec la puissante équipe des Thunderbirds de Seattle. Échangé aux Rockets de Kelowna, il a connu l'éclosion espérée sous la tutelle de Kris Mallette. 

Ce dernier a également dirigé Lindstrom et Berkly Catton, un autre espoir à considérer pour le CH, dans le cadre de la coupe Hlinka-Gretzky. 

Tandis que les prévisions situent majoritairement Lindstrom, et Catton devant Iginla, Mallette n'a pas hésité à foncer à contre-courant. 

« J'ai dirigé ces trois joueurs donc j'ai une bonne idée du portrait et de leur personnalité. Même si Lindstrom est reconnu comme le meilleur attaquant de la WHL, je sélectionnerais Tij avant lui et Catton », a prononcé Mallette en entrevue avec le RDS.ca. 

Certes, on comprend Mallette d'avoir un préjugé favorable pour son protégé, mais il avait des arguments à soumettre. 

« Cayden (6'3 et 210 livres) a des habiletés physiques exceptionnelles, il est déjà prêt pour la LNH à ce niveau. Il est très imposant, il est fort, mais je ne trouve pas que son sens du hockey est aussi bon que celui des deux autres. Quant à Berkly (5'11 et 170 livres), je ne crois pas qu'il va encore grandir tandis que Tij (6'0 et 182 livres) peut ajouter du muscle à sa charpente », a-t-il indiqué.  

« Au tournoi U18, il a solidifié les évaluations à son endroit et il a probablement grimpé de quelques échelons aux yeux de plusieurs équipes alors que d'autres ont probablement baissé. 

En riant, on lui a demandé s'il avait aidé les dirigeants du Canadien à se démêler dans leur réflexion par rapport à l'attaquant à privilégier. 

« J'ai parlé avec toutes les équipes et plus d'une fois avec certaines. Personnellement, je me dis que ce serait préférable que Tij ne soit pas encore disponible pour les Flames au 9e rang. Son père est une légende à Calgary et Tij sera un merveilleux joueur qui souhaite écrire sa propre histoire », a répondu le pilote de 45 ans. 

Cela dit, le nom d'Iginla apparaît rarement dans le top-6 des prévisions les plus consultées dans les médias. D'ailleurs, un observateur contacté par RDS a refroidi les ardeurs de Mallette.  

« Je serais très, très surpris qu'il soit choisi par Montréal au cinquième rang. Je trouve que le Canadien veut davantage se grossir que rester dans ce moule », a cerné cet intervenant. 

Iginla perd parfois des points en raison de son jeu défensif qu'il devra peaufiner. Mallette admet qu'en début de saison, Iginla semblait un peu individualiste par moments, comme s'il trichait légèrement. 

« Je lui lève mon chapeau parce que je lui ai dit qu'il aurait encore plus la rondelle en s'investissant plus défensivement et en s'engageant davantage physiquement. Il a adopté cette approche à cœur et c'était le jour et la nuit par la suite. Je lui accorde encore une certaine marge de manœuvre, mais, quand le match est corsé et qu'on doit défendre, il s'investit à fond », a cerné son entraîneur. 

Pour baser son choix, le club montréalais devra aussi prédire si Iginla s'établira au centre dans la LNH. 

« Il a joué au centre toute sa vie. En fonction de notre formation, je trouvais que c'était préférable de l'utiliser comme un ailier cette saison. On a discuté et il veut avoir la rondelle sur son bâton encore plus souvent. Alors, je vais le défier de nouveau en l'employant comme centre la saison prochaine. ‘Tu veux jouer au centre, tu dois être le premier en repli dans notre zone' », a exposé Mallette démontrant que la réponse viendra éventuellement.  

Fâchés envers lui, ses coéquipiers se rallient

Alors non, le profil d'Iginla n'est parfait. Mais, à défaut de trouver une anecdote sur le champ, Mallette a offert un aperçu de son influence positive.  

« En début de saison, des joueurs étaient fâchés envers lui ! Ils se demandaient pourquoi il travaillait si fort dans les pratiques à un point qu'il faisait mal paraître des joueurs sur la glace. Il ne voulait que devenir meilleur et le groupe a suivi son exemple. On a eu 14 nouveaux joueurs cette saison, il fallait créer une unité et il a été une force déterminante dans notre groupe. Tout le monde voulait rivaliser contre lui parce que c'était plaisant et éprouvant », a vanté Mallette. 

Dans le moule de Jarome ? 

Pour quelques années encore, Iginla ne pourra guère éviter les comparaisons avec son paternel. Les avis divergent pour déterminer à quel point leur identité se ressemble. 

« Le nom Iginla évoque toujours dureté et hargne. Mais ce n'est pas son père ... », a lancé un observateur avec déception dans la voix. 

« Les partisans ne doivent pas s'attendre à revoir Jarome. Tij est plus un joueur avec des habiletés et tout un tir. Oui, il a un côté hargneux, mais pas autant que son père, il est plus dans la finesse ». 

Son entraîneur comprend cette version qu'il tempère. 

« Il n'est pas du style à initier les contacts autant que son père excellait à le faire. Mais Tij a les mêmes qualités pour protéger la rondelle. Cette saison, Tij s'est battu une seule fois et c'est arrivé contre Berkly Catton. J'ai vu la preuve qu'il avait cet interrupteur en lui qui me rappelait tellement Jarome. Il peut diriger ton attaque, mais tout d'un coup, il peut jeter les gants et démontrer que sa survie en dépend », a noté Mallette. 

« Il ne faut pas oublier que le style a changé dans la LNH. Les joueurs n'ont pas autant besoin de s'impliquer physiquement. Jarome comptait plus de buts avec son approche abrasive. Ceci dit, Tij n'est pas effrayé de la zone turbulente devant le filet. La pomme n'est pas tombée très loin de l'arbre, le hockey est différent », a ajouté son entraîneur. 

Brad Yetman, qui a dirigé Iginla dans un tournoi U17, est venu trancher avec un troisième avis. 

« Tu peux revoir des images de son père étant un joueur habile et physique à la fois. Il est assurément dans ce même moule. Dans certains contextes, il se concentre plus sur le côté offensif, mais c'est évident qu'il peut déployer ce style. Il a les atouts d'un joueur des grandes occasions », a conclu Yetman.