Martin St-Louis : Owen Beck « ne joue pas comme un joueur de 18 ans »
MONTRÉAL – Il y a quelques années – « j'avais probablement 14 ans, peut-être 15 », précise-t-il – Owen Beck a participé à une visite guidée du Centre Bell. C'est à ce moment que, pour la première fois, il a mis les pieds dans le vestiaire du Canadien.
Aussi anodin que ça puisse paraître, ce souvenir l'a aidé à apaiser ses nerfs lundi alors qu'entre ces mêmes murs, il se préparait à jouer son premier match dans l'uniforme bleu-blanc-rouge des occupants du local.
« Mais évidemment, de me retrouver assis ici avec des joueurs de la Ligue nationale et d'enfiler ce gilet, ça amène l'expérience à un autre niveau », constatait-il, encore un peu incrédule, quelques instants après avoir vécu son baptême contre les Devils du New Jersey.
Les niveaux, Beck les franchit à un rythme que personne n'avait prédit depuis son arrivée dans l'entourage de l'équipe. Il est ressorti du lot au tournoi des recrues à Buffalo et a continué d'attirer l'attention lors des matchs intra-équipe. Visiblement, il est tombé dans l'œil de Martin St. Louis, qui l'a inséré entre Cole Caufield et Mike Hoffman pour le premier match préparatoire de son équipe.
Beck s'est montré à la hauteur de ce vote de confiance. Il a été fidèle à sa réputation dans les cercles de mises en jeu, n'a pas commis d'impair majeur en défensive, a créé quelques bonnes occasions pour ses ailiers et a lui-même obtenu sa part de chances de marquer.
Après la rencontre, c'est son nom qui a spontanément quitté les lèvres de son entraîneur lorsqu'il s'est fait demander d'évaluer le travail de ses jeunes.
« Il propose un jeu très mature, a apprécié St. Louis. Il ne joue pas comme un jeune de 18 ans. Évidemment, il a eu sa chance ce soir avec la blessure de Suzy. C'était une occasion à saisir et j'ai trouvé qu'il en a bien profité. »
Caufield a aussi lancé des fleurs à son partenaire d'un soir. « Il a été très bon, on l'a bien vu dans les trois zones. Il patinait bien, il a bien fait au niveau des mises en jeu, c'était agréable de jouer avec lui. »
Ce n'était bien sûr qu'un match hors-concours, le genre de contexte qui invite toujours à la prudence et à la retenue. Aussi brillante fut-elle, il serait étonnant que la performance de Beck, même s'il trouve le moyen de la reproduire, ne contribue à rehausser son statut à la hauteur de celui de Juraj Slafkovsky, Kaiden Guhle ou Jordan Harris, par exemple, des jeunes qui peuvent de façon très réaliste aspirer à un poste régulier avec le grand club dès cette année.
Le jeune affilié aux Steelheads de Mississauga, dans la Ligue junior de l'Ontario (OHL), en est fort conscient. Mais la même confiance qui lui a permis de faire apparaître son nom dans les conversations depuis quelques semaines lui fait dire qu'il a une chance.
« Je ne crois pas que ça soit hors de portée, répond-il avec assurance quand on lui parle de la possibilité d'être encore à Montréal le 12 octobre. C'est évident que c'est un gros, gros défi. Jamais je n'oserais dire que ça sera facile, mais des gars avant moi l'ont déjà fait. Ryan O'Reilly est un bon exemple. Il a été repêché au même rang que moi et est resté dans la LNH à 18 ans. »
Beck admet qu'il a l'impression de vivre sa vie en accéléré depuis qu'il a été repêché au tout début de la deuxième ronde cet été. Dans le tourbillon que peut devenir le marché montréalais, il essaie de profiter de ce qui lui arrive sans perdre le contact avec la réalité.
« Mon niveau de confiance est assez élevé, mais je dois éviter de me laisser gagner par l'émotivité. Obtenir un vote de confiance comme celui que j'ai eu ce soir de la part d'un entraîneur de la LNH, c'est merveilleux. C'est le genre d'opportunité qui m'aide à croire en moi, mais il ne faut pas que ça me monte à la tête. »