Rapport d'espoir : une transition vers les pros bien entamée pour Joshua Roy

Existe-t-il un espoir des Canadiens ayant fait plus de compromis dans le but d'harmoniser son jeu aux rigueurs du hockey professionnel que Joshua Roy?

L'ancien état-major montréalais avait pris un pari peu risqué, et potentiellement payant, en repêchant le Beauceron en 5e ronde de l'encan de 2021.

Mais la transformation du jeu de l'ancien 1er choix au total des Sea Dogs de Saint John a été tellement singulière qu'on peut difficilement prétendre que le CH voyait la carrière du jeune ailier prendre cette tangente. 

J'ai récemment passé à la loupe les quelque 120 premières minutes de temps de glace de Roy dans la Ligue américaine. 

Deux saisons de domination outrageuse de la LHJMQ dans l'aspect offensif ne doivent pas porter ombrage au cheminement réalisé par Roy sous les ordres de Stéphane Julien, à Sherbrooke. Il s'est donné pour mandat de se défaire de l'étiquette de joueur unidimensionnel qui lui collait à la peau, et les bottines ont suivi les babines. 

Allergique aux replis défensifs il y a deux ans et affichant une tendance marquée à jouer de façon individualiste, Roy a affiché de nets progrès dans ces deux aspects, en plus d'améliorer de façon significative sa vitesse de croisière, du moins en ligne droite (c'est moins convaincant lors de changements de direction soudains). Néanmoins, rien de tout cela ne semble être un enjeu dans sa quête de se faire un nom chez les pros, et cela constitue tout un tour de force. 

Mettons les choses au clair : ce premier rapport des progrès de Roy dans la LAH ne sera pas axé sur sa capacité à réaliser les jeux exigeant le fameux « souci du détail ». Les séquences vidéos retenues mettent majoritairement de l'avant sa formidable créativité offensive.

Déjà, le fait qu'il apparaisse au 11e rang chez les attaquants pour les tirs bloqués par match a de quoi attirer l'attention.

Le reste du jeu sans la rondelle est un travail en évolution avec Jean-François Houle et son groupe, et c'est essentiellement pour cette raison que Roy demeure à Laval pour l'instant.

À l'aise dès ses débuts

Roy s'attaque maintenant à de nouveaux mandats, alors qu'il fait ses classes avec le Rocket.

Des débuts éclaboussants, on ne peut le nier, alors qu'il a été nommé recrue par excellence du mois d'octobre au terme de sa récolte de 12 points en sept matchs.

C'est un échantillon encore relativement petit, mais les données indiquent que ses succès ne sont pas un coup de chance. 

Les données de Sportlogiq révèlent que Roy se retrouve au 4e rang de la LAH en ce qui a trait aux buts attendus (expected goals) parmi 570 joueurs qualifiés, dont 370 attaquants. Autrement dit, à 0,59 but attendu par match, Roy se donne jusqu'ici le genre d'occasions de marquer qui devraient se solder par d'autres buts.

Le natif de Saint-Georges-de-Beauce se situe aussi dans le top-25 de plusieurs autres catégories reliées à la création d'attaque, dont celle des réceptions de passes dans l'enclave (5e) et les tirs tentés (11e).

Jusqu'au rappel de Joel Armia par le grand club le 21 octobre, Roy avait disputé ses quatre premiers matchs aux côtés du vétéran et du centre Mitchell Stephens.

Le remaniement des trios l'a depuis amené à jouer à la droite de Lukas Condotta et Sean Farrell.

Au moment d'écrire ce rapport, le Québécois passe 17:39 en moyenne sur la glace, dont près du tiers (5:23) en supériorité numérique, où il s'aligne majoritairement à la pointe, à droite, aux côtés de Nicolas Beaudin ou de William Trudeau.

Très bien lancé dans sa première saison dans la LAH, l'attaquant de 20 ans souhaitera améliorer ses résultats en transition (une phase qui n'était pas non plus centrale à son jeu dans les rangs juniors), afin de créer davantage d'espace pour ses coéquipiers en contre-attaque. 

Ce n'est pas que Roy ne possède l'accélération nécessaire pour distancer ses rivaux en zone centrale. Mais ce n'est pas une force chez lui, et il en est conscient.

Comment fait-il, alors, pour y remédier jusqu'à maintenant dans la LAH?

En misant sur sa créativité et son sens du « timing » impeccable. Bref, en s'appuyant sur tout ce qui ne s'enseigne pas.

Près de la bande en sortie de territoire, mais aussi en zone neutre et à la ligne bleue offensive, l'un de ses jeux favoris est la passe par déviation (one-touch pass), qu'il arrive à reproduire soir après soir grâce à sa lecture du jeu très avancée. 

Cette habileté est également visible en territoire offensif, où Roy se régale de la demi-seconde supplémentaire qu'on lui octroie pour identifier le meilleur jeu à réaliser. Il est tout aussi habile pour se faire oublier par la couverture adverse, alors qu'il est 5e dans le circuit pour les réceptions de passes dans l'enclave. 

Malgré la créativité dont il fait preuve en territoire ennemi, Roy s'est très peu souvent compromis en redonnant la rondelle à l'adversaire. Toujours parmi les 370 attaquants affichant 50 minutes de temps de jeu ou plus dans la LAH, le no 10 du Rocket est répertorié au 31e échelon pour le taux de revirements, à 13,0 %.

Les plus enthousiastes à son endroit clament que déjà, au mérite, Roy devrait recevoir sur-le-champ l'appel du grand club. D'autres préfèreraient voir le CH garder une vue d'ensemble et ne pas accélérer le processus.

Cela semble inévitable que Roy sera récompensé par un premier goût de la LNH en cours de saison. Est-ce que ce sera avant les Fêtes, au retour de celles-ci ou au printemps 2024?

Pour l'instant, ce n'est pas une mauvaise stratégie que d'éviter de brusquer les choses avec un des joyaux de l'organisation.