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MONTRÉAL - La dégelée de 6-2 encaissée jeudi aux mains des Islanders confirme que l’avenir est sombre pour le Tricolore.

 

Avec huit défaites lors de ses 10 premiers matchs, le passé récent était lui aussi déjà bien sombre. Ce qui est vrai. Mais après avoir profité de l’escale des Red Wings, un club plus démuni encore qu’il ne l’est, le Canadien assurait que le duel l’opposant aux Islanders servirait de baromètre.

 

Eh bien!

 

Ce baromètre a plongé au rythme des cinq buts sans riposte que les Islanders ont marqués pour s’offrir une petite victoire tranquille aux dépens d’un club qui a offert une performance gênante, une autre, à ses partisans.

 

Loin de bâtir sur sa victoire de mardi, le Canadien a fait ce qu’il avait fait au lendemain de ses deux premiers gains de la saison : il s’est écrasé. Ne me dites pas que vous aviez déjà oublié les revers de 5-1 encaissés à Seattle – après une autre victoire facile (6-1) contre Detroit – et de 5-2 aux mains des Kings après le jeu blanc de Jake Allen signé à San Jose?

 

Je veux bien que Dominique Ducharme tienne à garder son calme devant les journalistes. Qu’il contienne ses émotions, ses déceptions, ses frustrations pour éviter de « donner un spectacle qui pourrait revenir le hanter à jamais sur YouTube », comme il l’a indiqué après la rencontre.

 

Mais pas question d’accepter les prétentions selon lesquelles il y a du positif à tirer de cette autre mauvaise partie. Que les joueurs ont déployé de l’effort. Qu’ils ont mieux joué que l’avance de 5-0 des Islanders le laissait croire. Qu’ils ont été malchanceux alors que quelques bonds favorables auraient pu changer le cours de la partie.

 

Ces prétentions lancées par le coach et les joueurs qui sont venus tenter de défendre l’indéfendable après le revers ne reflètent en rien l’allure réelle du match de jeudi. Du moins à mes yeux. Un match qui s’est soldé par une neuvième défaite cette saison; une septième au cours de laquelle le Canadien a accordé quatre buts ou plus.

 

Les vagues de huées et l’exode rapide de partisans qui ont quitté l’enceinte avant la fin de la période médiane et qui ne sont pas revenus pour la troisième illustrent d’ailleurs bien plus fidèlement l’allure du match que les plaidoiries lancées après la rencontre.

 

Et, insulte suprême, les Olé! Olé! Olé! normalement chantés quand le Canadien file vers une victoire, mais qu’on a entendu plusieurs fois jeudi pour saluer la glissade du Tricolore devraient lancer un message aux joueurs, aux entraîneurs, à l’état-major ainsi qu’au propriétaire Geoff Molson.

 

Un message comme quoi c’est bien beau perdre et perdre souvent, mais qu’il faudrait peut-être offrir un semblant d’effort et de fierté dans la défaite au lieu de toujours être un club facile à affronter dès que les choses ne vont pas du « bon » côté.

 

« Je n’ai pas remarqué que la foule chantait en notre faveur, mais je suis certain qu’il y avait pas mal de monde avec des chandails des Islanders sur le dos simplement en raison du nombre de parents et d’amis qui devaient venir ce soir », a lancé en souriant Anthony Beauvillier après la rencontre.

 

Le Québécois avait raison de sourire. Non seulement il a offert une victoire à ses supporteurs, mais il a récolté trois passes.

 

Deux buts tombés du ciel

 

Quoi? Les deux buts marqués en fin de rencontre pourraient aider à oublier cette défaite? Ils pourraient même servir d’antidote de manière à pouvoir rebondir dès samedi alors que les Golden Knights tout aussi amochés par les blessures que le Canadien seront de passage au Centre Bell.

 

Permettez-moi d’en douter!

 

De fait, j’accorde bien plus d’importance aux commentaires de Barry Trotz qui s’est pointé du doigt comme grand responsable des deux buts marqués par le Canadien en fin de match.

 

« Ce ne sont pas mes joueurs qui ont levé le pied une fois en avant 5-0, c’est moi qui ai commis l’erreur de diriger en fonction du score. J’ai voulu être trop gentil en fin de match. J’ai voulu récompenser des gars qui remplissent normalement des mandats défensifs en les envoyant sur la patinoire lorsqu’on a obtenu une attaque massive avec cinq minutes à faire. Zdeno Chara a brisé son bâton en décochant un tir de la pointe et cela a mené à leur premier but. On s’est ensuite retrouvé en situation de désavantage numérique et mes joueurs normalement utilisés pour écouler les pénalités étaient moins en mesure de le faire. Ça m’apprendra à vouloir être trop gentil. Cette décision a privé notre gardien d’un jeu blanc qu’il aurait grandement mérité. Je m’en veux », que l’entraîneur-chef des Islanders a candidement reconnu après la rencontre.

 

ContentId(3.1396886):Canadiens : Islanders 6 - Canadiens 2 (LNH)
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Vrai qu’Ilya Sorokin a fait sa part dans la victoire. Il a réalisé quelques arrêts solides au cours du match. Les plus importants sont survenus en début de deuxième alors que le Canadien, qui était toujours dans le coup malgré le déficit de 0-2, a profité de quelques présences en territoire des Islanders. Mais en dépit les 38 tirs qu’il a obtenus, le Canadien ne peut prétendre avoir multiplié les bonnes occasions de marquer.

 

D’ailleurs, les 27 rondelles bloquées en défensives par les Islanders – neuf autres ont simplement raté la cible – démontrent que le Canadien s’est buté à une équipe qui n’a ménagé aucun effort pour lui compliquer la tâche en zone offensive.

 

Pour l’empêcher de marquer des buts quand ça comptait pour vrai et non en fin de rencontre quand l’issue du match était déjà décidée.

 

Les meilleurs moments passés par le Tricolore en zone ennemie, c’est le nez dans les baies vitrées ou les fesses appuyées contre la bande qu’il les a passés. Pis encore, les troisième et quatrième trios pilotés par Jake Evans (avec Lehkonen et Armia) et Adam Brooks (avec Pezzetta et Bezile) ont passé autant de temps en zone adverse que les « gros » trios du Canadien.

 

Défensive lamentable

 

Contrairement aux Islanders, le Canadien a été affreux défensivement. Vraiment affreux. Lamentable même.

 

Sur le premier but des Islanders, David Savard et Brett Kulak avaient des allures de girouettes tant ils ont été étourdis par la manœuvre de Kyle Palmieri qui a offert à Brock Nelson le premier de ses quatre buts.

 

Sur le deuxième, Chis Wideman a joué du bout de la « palette » dans le coin de la patinoire. Casey Cizikas qui ne s’attendait sans doute pas à autant de générosité en a profité pour s’emparer de la rondelle qu’il a refilée à Oliver Wahlstrom que personne, mais alors là personne, n’a cru bon surveiller. L’Américain de 21 ans a facilement marqué son cinquième but de la saison.

 

Sur les troisième, quatrième et cinquième buts des Islanders, Brock Nelson deux fois et Jean-Gabriel Pageau ont marqué de l’enclave alors qu’ils étaient entourés de joueurs du Canadien qui n’ont rien fait d’autre que les regarder marquer.

 

Un spectacle désolant!

 

David Savard et Brett Kulak ont disputé un très mauvais match. Ils n’avaient pas la moindre complicité. Savard s’est fait prendre vitesse très souvent et Kulak n’a jamais vraiment été en mesure de l’aider. De fait, il lui a nui considérablement sur le premier but.

 

Chiarot et Petry n’ont rien cassé. Pas plus que Wideman et Romanov qui était de retour sur la patinoire après un match passé sur la galerie de presse afin d’observer ce qui doit être fait sur la glace. Une chance qu’il n’avait pas à apprendre du match de jeudi, car la leçon aurait eu des conséquences fâcheuses.

 

Cela dit, aussi mauvais aient été les défenseurs du Canadien, ils n’ont pas obtenu le soutien nécessaire de leurs coéquipiers attaquants qui sont rarement venus les aider. Et quand ils sont venus en zone défensive, c’était comme spectateur et non comme mercenaire.

 

Ce n’est pas pour rien que le Canadien a bloqué ou fait dévier neuf tirs des Islanders alors que ces derniers en ont bloqué ou fait dévier 27.

 

Jake Allen dans tout ça?

 

Les cinq buts accordés sur 25 tirs assombrissent ses statistiques personnelles. C’est un fait. Mais il a quand même réalisé quelques arrêts et ses coéquipiers sont bien plus à blâmer que lui sur les cinq premiers buts des Islanders. Et comme le sixième a été enfilé dans un filet désert, on va regarder ailleurs qu’en direction d’Allen pour chercher un coupable.

 

À quand deux victoires de suite?

 

Après 12 matchs, le Canadien se retrouve déjà six rencontres sous la barre de ,500 avec sa fiche de trois gains et neuf défaites. Toutes encaissées à la régulière.

 

Ça veut dire quoi?

 

Ça veut dire que cette équipe qui multiplie les façons de perdre et qui s’effondre dès que l’adversaire prend les devants doit gagner les six prochains matchs pour simplement revenir à la barre de ,500. Un plateau loin d’être suffisant pour atteindre les séries en passant.

 

Mais avant d’en gagner six de suite, le Canadien devra d’abord signer deux victoires consécutives. Ce qu’il n’a pas fait encore cette saison.

 

Cela dit, avant d’en gagner deux de suite, il faudra d’abord en gagner une.

 

Bonne nouvelle : il affrontera les Red Wings, à Detroit, le 13 novembre prochain. Moins bonne nouvelle : il croisera d’ici là les Golden Knights qui ont battu les Sénateurs 5-1, jeudi soir, à Ottawa, les Kings et les Flames qui défileront tour à tour au Centre Bell.

 

Le baromètre remontera-t-il d’ici là?

 

Entre les lignes

 

  • Avec la défaite encaissée jeudi, le Canadien a maintenant un dossier de 1-9-0 dans les matchs où il s’est retrouvé avec un déficit d’un but à combler...

 

  • Cette fiche tombe à 0-6-0 lorsque le Canadien accuse un recul de deux buts...

 

  • Christian Dvorak (-5), Mike Hoffman (-5) et Josh Anderson (-4) ont connu un match à la hauteur des très lourds différentiels associés à leurs noms. C’est la première fois depuis le 9 février 2011 que les trois membres d’un trio du Tricolore terminent la rencontre avec des différentiels de moins-4 ou pire. Ce soir-là, dans un revers de 8-6 du Canadien aux mains des Bruins de Boston, Scott Gomez et ses ailiers Andrei Kostitsyn et Lars Eller avaient terminé le match avec des différentiels de moins-4...