Le plus dur reste à venir chez le Canadien...
MONTRÉAL – Peu importe tout ce qu'ils ont fait de bien et de bon pour quitter la cave du classement et donner un sens positif à leur saison en se hissant jusqu'aux portes des séries éliminatoires, les joueurs du Canadien ont appris quelque chose d'important, jeudi soir, à Detroit.
Ils ont appris que le plus dur reste à venir.
Martin St-Louis le savait déjà. Ça explique sans doute pourquoi il était loin d'afficher, après le revers de 4-2 encaissé aux mains des Red Wings, l'air abattu qui le caractérisait au mois de novembre lorsque son équipe multipliait les défaites en inventant chaque fois des manières de perdre.
Non! St-Louis n'a pas encaissé le revers avec un sourire. Mais parce qu'il sait très bien qu'une équipe et tous les joueurs qui la composent ne peuvent être à 100 % 82 matchs par saison, il s'est bien gardé de fustiger sa troupe.
« On n'était pas sharp » que le coach a simplement convenu dans ses commentaires d'après-match. Remarquez qu'il aurait été difficile de prétendre le contraire. Impossible même.
Après avoir signé des victoires au fil des six derniers matchs amorcés en accordant le premier but à l'adversaire, après avoir effectué des remontées victorieuses qui ont soulevé leurs partisans et attisé les espoirs d'une participation aux séries éliminatoires dimanche et mardi contre les Rangers et le Lightning, le Canadien a finalement été incapable de faire contrepoids à un autre mauvais début de partie.
Il s'est « creusé un trou en première moitié de match », comme l'a illustré Saint-Louis.
Un trou dont il n'a pas été en mesure de sortir malgré une deuxième moitié de rencontre un brin meilleure que la première.
Les meilleurs ont gagné!
Victimes de quatre revers à leurs cinq derniers matchs (1-3-1-0) après la séquence de sept gains consécutifs qui a suivi l'arrivée de Todd McLellan derrière le banc, les Wings avaient plus besoin de gagner que le Canadien.
Et ils l'ont prouvé dès les premières minutes du match.
Menés par l'excellent Dylan Larkin – un but, une passe, neuf tirs cadrés sur les 10 décochés, 13 mises en jeu gagnées sur les 23 disputées – les Wings ont été plus rapides, plus incisifs, plus efficaces que le Canadien dans tous les aspects du jeu.
Ils ont été meilleurs, un point c'est tout.
Comme le confirment la marque finale, les tirs au but (45-29) et la domination au chapitre des unités spéciales avec un but en avantage numérique et un autre marqué à court d'un homme alors que le Canadien a été blanchi en trois attaques massives.
Et contrairement à mardi, lors de la visite du Lightning au Centre Bell, l'équipe qui a le mieux joué a finalement gagné.
Nick Suzuki a été très discret. Cole Caufield a obtenu une bonne occasion de marquer. Sans plus. Juraj Slafkovsky a écopé une pénalité en fin de match minant ainsi les minces chances de remontée de son équipe.
Les joueurs de soutien n'ont pas soutenu grand-chose.
Lane Hutson a lui aussi passé deux minutes au cachot en milieu de troisième. Cette pénalité a « auréolé » une vilaine partie de la part du jeune arrière qui a été étroitement surveillé par les Wings jeudi soir.
Hutson, qui a dépassé depuis longtemps les espoirs associés à son entrée en scène cette année, pourrait-il être rattrapé par la fatigue alors qu'il n'a jamais joué autant qu'il ne le fait cette saison? Pourrait-il être victime de l'attention spéciale que les adversaires lui accordent maintenant?
Ce qui serait tout à fait normal cela dit.
« Ça fait longtemps qu'il est surveillé. Je ne suis pas inquiet », que St-Louis a tranché après quelques questions associées à la sortie plus difficile de son jeune défenseur jeudi soir.
Déjà des matchs sans lendemain!
Émoustillés par leurs récents succès – des succès pleinement mérités il est important ici de le souligner – les joueurs du Tricolore devront rapidement réaliser que tout ce qui monte peut vite retomber.
C'est particulièrement vrai quand on consulte le classement dans l'Est. Un classement qui confirme que neuf clubs se battent pour les deux places réservées aux équipes invitées à prendre part aux séries à titre de clubs repêchés. Neuf équipes séparées par six petits points.
En battant le Canadien jeudi soir, les Wings s'accrochent au peloton.
Largués qu'ils semblaient être la semaine dernière, les Rangers sont devant le Canadien ce matin. Ils chauffent les Blue Jackets et les Bruins de Boston qui ont joué plus de matchs que tous leurs rivaux et qui devraient être rapidement chassés de la troisième place dans la division Atlantique par le Lightning.
Oui les Rangers semblent minés par des tas de problèmes. Ils sous-performent, sont perdus défensivement et composent avec des tas de rumeurs de transactions.
Il est tout de même difficile de déjà les écarter des séries. Surtout que revenu en forme et en force de la blessure qui l'a tenu à l'écart pendant quatre parties, Igor Shesterkin vient de signer une sixième victoire en sept matchs. Sa seule défaite, il l'a encaissée en prolongation. Au cours de cette séquence de sept parties, il a signé deux jeux blancs, maintenu une moyenne de 1,43 but alloué par match et une efficacité de 94,8 %.
À cause du nombre de clubs impliqués dans cette course sensationnelle, il sera impératif de limiter au minimum la durée des passages à vide.
Parlez-en aux Sénateurs qui ont été blanchis 2-0 par les Bruins jeudi. C'était la cinquième fois en 20 jours et en 11 matchs qu'ils perdaient par jeu blanc. Ils devront vite retrouver le fond du filet pour rester dans la course.
Et ce qui est vrai pour les Sens, l'est aussi pour les clubs qui les devancent et les suivent au classement, exception faite des Sabres qui semblent déjà trop loin et des Islanders qui pourraient vite le devenir.
Après avoir évité de « perdre son vestiaire » lorsque son club patinait dans le sable plus tôt cette saison, Martin St-Louis devra maintenant apprendre à trouver l'équilibre fragile entre la réalité qu'il est impossible de gagner tous les soirs et l'importance d'éviter de gaspiller de précieux points au classement.
À jongler entre compréhension à afficher dans la défaite – comme c'était le cas jeudi soir à Detroit – et le mélange de discipline et de motivation nécessaire pour pousser ses joueurs vers la victoire.
Ce qui rendra plus qu'intéressante chacune des 34 dernières parties du Canadien d'ici la fin de la saison, chacune des réactions du coach au fil des victoires et des revers.
Les 34 derniers matchs du Canadien seront donc des matchs cruciaux. À commencer par celui de samedi alors que Jake Allen, en relève à Jakob Markstrom, blessé à un genou mercredi, devrait affronter son ancien club lorsque les Devils feront escale au Centre Bell.
Et rapidement, ces matchs cruciaux deviendront des matchs sans lendemain.