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RÉSULTATS

Le vol de Montembeault, l'envol de Richard

Samuel Montembeault Samuel Montembeault - Getty
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Mise à jour

MONTRÉAL – Le Canadien méritait autant de perdre en Arizona lundi qu'il méritait de perdre jeudi dernier lors de l'escale annuelle des Ducks au Centre Bell. Qu'il méritait aussi de perdre, samedi, lors de la visite du Lightning de Tampa Bay.

 

S'il a gagné, c'est d'abord et avant tout grâce à Samuel Montembeault et aux 37 arrêts qu'il a effectués. Particulièrement les 17 multipliés au cours de la seule première période.

 

Parce que le Canadien a encore commencé le match sur les talons, parce qu'il a encore joué mollement, les Coyotes ont pris le plein contrôle de la patinoire. Nick Ritchie, deux fois plutôt qu'une, Jacob Chychrun et Travis Boyd pour ne nommer qu'eux auraient facilement pu donner une avance d'un, deux, trois et pourquoi pas quatre buts aux Coyotes dès les 20 premières minutes de jeu. Ils auraient ainsi rapidement pu mettre le match hors de portée.

 

En passant, le Canadien n'a pas trouvé le fond du filet au premier tiers à ses six dernières rencontres, obligeant ainsi ses gardiens à se surpasser pour garder le club dans le match.

 

C'est exactement ce que Montembeault a fait au Mullet Arena lundi. Avec de gros et de très gros arrêts, avec quelques vols, il a même changé le cours de la partie. Il a donné à ses coéquipiers une victoire – les deux points qui viennent avec – qu'ils ne méritaient pas. Qu'ils ne méritaient pas du tout! Ou en tout cas, beaucoup moins que leurs adversaires des Coyotes.

 

Après trois défaites consécutives en temps réglementaire, à l'aube du plus long voyage de la saison, un voyage traditionnellement difficile de sept parties entrecoupées de la pause de Noël, je veux bien croire que la victoire, même volée, était nécessaire.

 

Que cette victoire pourra servir de tremplin, mercredi soir, au Colorado. Qu'elle pourra sauver les meubles, du moins statistiquement, si le reste du voyage est aussi difficile et peu productif que plusieurs l'anticipent.

 

Mais quand une équipe gagne trop souvent alors qu'elle mériterait de perdre, elle s'ankylose. Et c'est ce qu'on voit alors que le Canadien continue de multiplier ses mauvaises habitudes. Qu'il répète des tendances qui le conduiront bien plus souvent vers des défaites que vers des victoires volées par leurs gardiens.

 

Quatre vols après 32 matchs

 

Des matchs volés par des gardiens, ça arrive partout autour de la planète hockey. Ça peut donc aussi arriver chez le Canadien.

 

J'en conviens. Comme je conviens qu'une équipe, aussi bonne soit-elle à l'attaque et à la ligne bleue, ne peut rêver de victoires sans des performances au moins honnêtes de ses gardiens. Pensons aux Oilers et aux Flames dont les gardiens ont miné bien des matchs jusqu'ici cette année.

 

Mais après 32 matchs, c'est la quatrième fois qu'un gardien du Canadien perpètre un vol de grand chemin.

 

Samuel Montembeault l'avait aussi fait le 27 octobre à Buffalo alors que ses 43 arrêts avaient permis au Canadien de se sauver avec un gain de 3-2.

 

Jake Allen a volé deux matchs lui aussi : le 8 novembre, à Detroit, il a effectué 38 arrêts, en a ajouté deux en tirs de barrage pour signer une victoire de 3-2. Et que dire de son match du 1er décembre dernier à Calgary? 45 arrêts sur les 46 tirs affrontés pour donner un gain de 2-1 aux dépens des Flames alors que ses coéquipiers n'avaient tiré que 19 fois sur la cage défendue par Jacob Markstrom.

 

Ah oui! Plusieurs partisans souligneront, avec raison, que certains soirs, les gardiens coûtent des matchs. Que parfois, il dégonfle leur club en laissant passer des rondelles qu'ils auraient dû bloquer. Ce qui est arrivé à Samuel Montembeault et à Jake Allen cette année.

 

Mais jusqu'ici, Montembeault et Allen ont donné bien plus de points à leurs coéquipiers qu'ils en ont donné à leurs adversaires.

 

De fait, les nombreux gros arrêts réalisés par Samuel Montembeault, encore lundi, ont permis au Canadien de rester dans des paramètres qui lui sont favorables. Car depuis le début de l'année, le Tricolore se tire très bien d'affaire dans les matchs qui sont serrés.

 

Des exemples :

 

Il présente un dossier de 9-2-2 lorsqu'il marque le premier but.

 

Sa fiche plonge à 6-13-0 quand il l'accorde. À 2-10-0 lorsqu'il concède les deux premiers buts d'un match. Ce qui aurait facilement pu arriver lundi soir en Arizona.

 

Le Canadien est sorti largement gagnant (10-5-1) des matchs au cours desquels il s'est retrouvé à égalité 1-1 avec ses adversaires.

 

Sa fiche est de 7-3-1 lors des matchs de 2-2, de 5-2-0 dans ceux de 3-3 et de 2-0-1 dans les matchs de 4-4.

 

Des tendances plus qu'intéressantes quand on considère le manque d'expérience des jeunes piliers du Tricolore et le fait que plusieurs vétérans manquent à l'appel en raison de blessures.

 

Guhle se porte à l'attaque

 

Dire que Samuel Montembeault a été le meilleur joueur du Canadien, lundi soir, est un euphémisme.

 

Mais il est impératif de souligner la performance sensationnelle de Kaiden Guhle. Une de plus.

 

Guhle n'a pas seulement dominé tous les joueurs du Tricolore avec ses 26 présences et son temps d'utilisation de 23 min 37 s. Que non!

 

Il s'est aussi imposé en défensive comme c'est très souvent le cas.

 

Mais plus encore, il s'est porté à l'attaque avec beaucoup plus d'entrain et de confiance. Une tendance qui semble prendre de plus en plus de place pour celui qui est déjà le défenseur numéro un du Canadien et le sera pour très longtemps.

 

Samedi, contre Tampa, Guhle a servi une passe savante à Nick Suzuki pour éviter au Canadien l'affront d'un jeu blanc encaissé devant ses partisans. Le genre de passe que de très bons joueurs de centre, des centres qui ont beaucoup d'expérience, distribuent.

 

Lundi en Arizona, Guhle a transporté très efficacement la rondelle en zone ennemie. Il a orchestré des jeux de qualité. Dont un, très beau, qui a mené au premier but du Canadien, celui de Cole Caufield, dès les premières secondes de la période médiane.

 

Le jeune défenseur a aussi décoché cinq tirs en direction du filet des Coyotes. Trois se sont rendus à la cage défendue par Karel Vejmelka. Seul Cole Caufield, avec six, a décoché plus de tirs que Guhle. Les deux ont touché la cible trois fois.

 

Guhle est très fort défensivement. Il est responsable. Il joue avec l'aplomb d'un vétéran. S'il commence à profiter du feu vert qu'on semble lui donner pour se porter à l'attaque pour mousser ses performances, le jeune défenseur s'imposera non seulement au sein de la brigade défensive du Tricolore, mais il assurera sa place dans la course au trophée Calder remis à la recrue de l'année dans la LNH.

 

Richard : entrée réussie!

 

Derrière Montembeault et Guhle, Anthony Richard mérite des compliments en marge de son premier vrai match dans la LNH dans l'uniforme du Canadien. Son troisième en carrière puisqu'il en a disputé deux avec les Predators de Nashville.

 

Premier marqueur de la Ligue américaine, Anthony Richard n'a peut-être pas trouvé le fond du filet lundi. Ce n'est toutefois pas faute d'avoir essayé. Même que s'il avait été un brin ou deux plus égoïste il se serait offert une meilleure chance d'y arriver en décochant un tir de l'enclave plutôt qu'en effectuant une passe.

 

Le genre de passe qu'il n'aurait sans doute pas privilégiée s'il avait disputé ce match avec ses coéquipiers du Rocket.

 

Mais bien davantage que de trouver le fond du filet, Anthony Richard devait démontrer dès sa première partie qu'il est capable d'assumer un rôle dans la grande ligue. Qu'il y est à sa place.

 

Et sur ce point, il a réussi.

 

Il a utilisé son atout principal, sa vitesse, pour se démarquer. Et cela a grandement fonctionné alors qu'on l'a souvent vu, au fil de ses 14 présences seulement, rejoindre et dépasser des adversaires dans des poussées offensives ou des courses vers des rondelles libres.

 

Il a aussi tenu son bout physiquement.

 

Il n'a surtout jamais, du moins pas à ce que j'ai vu, été pris à contrepied ou placé son équipe et ses compagnons de trio dans le pétrin.

 

Richard a réussi sa rentrée. Il a pris son envol. À mes yeux, il a donné des motifs à Martin St-Louis et ses adjoints d'analyser la situation et de songer à peut-être lui donner plus de temps d'utilisation et surtout du meilleur temps d'utilisation.

 

Ce que Juraj Slafkovsky ne fait pas en ce moment. Le gars est tout jeune et je suis le premier à implorer la patience avec lui.

 

Mais au-delà quelques petits « flashs » ici et là l'ensemble de son jeu justifie bien plus une utilisation contrôlée que des occasions au sein du top six. Des occasions qu'il obtient en raison des blessures, j'en conviens. Mais des occasions dont il n'a pas su profiter, comme les décisions de Martin St-Louis de le faire glisser au sein de sa rotation de trios l'ont démontré au fil des derniers matchs.

 

À ce chapitre, le trio de Kirby Dach flanqué de Slafkovsky et Jonathan Drouin a été complètement dominé par les trios qu'André Tourigny leur a opposés lundi soir.

 

Ce n'est toutefois pas seulement la faute de Slafkovsky est-il besoin de préciser.

 

On verra ce que ça donnera mercredi soir, à Denver, où l'Avalanche est loin de compter sur l'alignement qui lui a permis de soulever la coupe Stanley l'été dernier, mais demeure une très bonne équipe de hockey.