Mailloux : des dames aux échecs!

MONTRÉAL - Jouer aux dames, c'est simple et agréable. On fonce en ligne droite pour faire le plus de dégâts possible dans le camp adverse.

Jouer aux échecs, c'est aussi très agréable. Mais c'est autrement plus difficile. Ça peut même vite devenir ardu et donner des maux de tête lorsqu'on tente d'anticiper la stratégie de l'adversaire tout en planifiant deux, trois coups à l'avance, la manière dont on espère le mettre échec et mat!

Pourquoi comparer les dames et les échecs?

Parce que Logan Mailloux, lundi soir, au Centre Bell, dans le cadre de son premier match préparatoire disputé dans l'uniforme du Canadien, s'est « contenté » de jouer aux dames face aux Devils du New Jersey.

Il a foncé en ligne droite. Il a pris des chances. Des fois trop. Au fil de ses 19 présences totalisant 21 minutes de temps d'utilisation, il a été visible dans plusieurs phases du jeu, mais pas toujours pour les bonnes raisons.

Pas question de lui lancer des roches. Encore moins de remettre en cause ses chances de non seulement se faire, un jour, une place au sein de la brigade défensive du Tricolore et de connaître une belle et peut-être même une brillante carrière.

Car Mailloux a un talent indéniable. Il l'a démontré en contrôlant la rondelle à la ligne bleue ennemie et en décochant six tirs en direction de la cage des Devils, dont deux ont été bloqués par le gardien Akira Schmid.

Mailloux a aussi le physique de l'emploi. Un physique dont il s'est servi pour asséner trois mises en échec dont une solide aux dépens de Tyler Toffoli qui s'est retrouvé sur le dos dans le territoire du Canadien.

Sans oublier qu'il n'a que 20 ans et qu'il n'a pas encore disputé un vrai match dans la Ligue nationale.

Mailloux devra toutefois apprendre à mieux anticiper les coups de l'adversaire. Comme aux échecs. Et ce n'est pas moi qui le dis, mais l'entraîneur-chef Martin St-Louis.

« Dans les rangs juniors, les gars jouent aux dames. Dans la Ligue nationale, ils doivent apprendre à jouer aux échecs. Ils doivent apprendre à lire le jeu. À analyser ce qui se déroule devant eux. C'est plus difficile. Mais dans la Ligue nationale, la game d'échec est plus importante que la game de dames », que St-Louis a expliqué en parlant du jeu de Mailloux.

Des exemples :

En deuxième période, pendant une attaque massive des Devils, Mailloux a eu la vilaine idée de tenter de pourchasser Jack Hughes qui avait la rondelle. Excellent manieur de ronde, Hughes a semé Mailloux dans le temps de le dire et Josh Anderson, placé dans une fâcheuse posture par l'insouciance de son jeune coéquipier, a été contourné comme un cône permettant à Hughes d'offrir un but à l'excellent jeune Dawson Mercer.

Mailloux était encore sur la patinoire sur le 4e but des Devils. Un autre but marqué en avantage numérique.

Mailloux s'est aussi permis des sorties un brin osées et deux brins risquées devant la cage défendue par Samuel Montembeault. Il a cherché à compléter de longues passes en sorties de zone. Des bombes qui sont demeurées de pétards mouillés.

Et s'il a solidement atteint Tyler Toffoli avec l'épaule, on l'a vu chercher très souvent des mises en échec qui ne se présentaient pas.

« Mon objectif demeure de me tailler une place au sein de la brigade défensive et j'y arriverai en m'appuyant sur la manière de jouer qui m'a permis d'avoir du succès jusqu'ici. Je dois être offensif. Je dois aussi être physique. C'est clair que je devrai aussi mieux gérer les occasions qui se présentent dans le cours du match. Apprendre à simplement contenir des adversaires. Car un gars comme Jack Hughes peut facilement te faire mal paraître sur la patinoire. Je devrai mieux gérer les risques afin de sortir gagnant. C'est encore plus vrai à ce calibre-ci alors que tout va très vite et que les joueurs commettent beaucoup moins d'erreurs », a analysé Mailloux dont les commentaires étaient teintés d'un mélange de repentir et d'une évidente confiance en soi. 

Mieux placé que n'importe qui pour analyser le travail de Logan Mailloux et des autres membres de la très jeune défensive envoyée sur la patinoire par l'état-major – Jordan Harris était le plus vieux à 23 ans et le plus expérimenté avec ses 65 matchs disputés dans la LNH – Samuel Montembeault n'avait que de bons mots à l'endroit de ses jeunes arrières : Kaiden Guhle, David Reinbacher, Arber Xhekaj, Justin Barron, Jordan Harris et Logan Mailloux.

« On voit que le talent est là », a souligné le gardien québécois qui n'est pas du genre à apostropher un coéquipier défenseur pour lui faire réaliser la nature dangereuse des jeux effectués autour de son but.

« Si les gars font des erreurs, les coachs seront bien mieux placés que moi pour les montrer à l'aide du vidéo et d'apporter les corrections nécessaires », qu'a ajouté Montembeault.

Synchronisme à développer ou à retrouver

« C'est pour ça qu'on dispute des matchs préparatoires », que Martin St-Louis a philosophé après le revers de 4-2 de son équipe.

Et cette vérité collait tout aussi bien à Logan Mailloux qu'à Juraj Slafkovsky, qu'à Kaiden Guhle, qu'à Arber Xhekaj. Trois joueurs dont la première saison avec le Canadien l'an dernier a été minée par les blessures. Trois joueurs qui n'avaient pas joué depuis (trop) longtemps et qui auront besoin de temps avant de retrouver tout le synchronisme requis pour jouer au niveau qu'ils affichaient l'an dernier.

« J'avais de grosses difficultés en première période, mais je me suis replacé au cours de la rencontre. J'ai besoin de retrouver de la confiance sur la patinoire », que Juraj Slafkovsky a reconnu.

Roy : un but; Reinbacher : beaucoup de positif

Dans un match loin d'être parfait contre des Devils qui seront encore cette année une des forces dans la division métropolitaine, deux jeunes m'ont impressionné :

Joshua Roy a une fois encore démontré la qualité de sa touche de marqueur. De l'enclave, lors d'une attaque massive qui n'avait rien donné de bon jusque-là, il a déjoué le grand, gros et très bon jeune gardien Akira Schmid à l'aide du tir précis.

Le petit gars a le compas dans l'œil. Vraiment! Et il ne se contente pas d'attendre le fruit du travail de ses partenaires de jeu. Il s'implique lui aussi.

Quant à David Reinbacher, il a joué un match à la hauteur de sa réputation. Il a pris de bonnes décisions avec la rondelle. Il a orchestré des relances efficaces. Il a été plus en contrôle dans sa manière de jouer que l'a été Logan Mailloux par exemple.

Xhekaj a frappé rondement plusieurs adversaires le long des bandes au grand plaisir des amateurs. Il a été victime de trois revirements – selon les verdicts des officiels mineurs – mais j'ai remarqué plus de bons jeux avec la rondelle que de mauvais.

Jordan Harris a beaucoup patiné à la gauche de Mailloux. Des fois trop.

Justin Barron? Je trouve qu'il multiplie les présences sans offrir de conviction dans son jeu. Suis-je trop sévère?

Je ne crois pas être trop sévère en lançant qu'encore lundi soir, Sean Farrell est loin d'avoir offert un début de commencement de hockey de qualité. Il serait temps. Car depuis le début du camp, il est loin en retard sur les autres.

Du positif pour finir :

Loin de croire en ses chances de devenir un jour un joueur régulier avec le Canadien, Jesse Ylonen a été impliqué dans le match de lundi. On l'a beaucoup vu et la majorité du temps pour les bonnes raisons.

Ça doit être souligné.

Owen Beck sait jouer au hockey et affiche une belle compréhension du jeu sur la patinoire. En plus, il a gagné 10 des 17 mises en jeu qu'il a disputées lundi. Des qualités nécessaires pour ce centre qui pourrait un jour être responsable d'un trio à caractère plus défensif.

Devant le filet, Jakub Dobes a offert une solide performance en deuxième moitié de match. Il a été déporté quelques fois trop loin hors de son filet et s'est permis de sortir très loin pour défier des tirs, ce qui pourrait lui jouer des tours un moment donné, mais il a effectué de très bons arrêts.

Tout comme Montembeault qui, hormis un vilain but accordé à la suite d'un rebond capricieux d'une rondelle dégagée par Simon Nemec le long de la bande, s'est dressé devant le filet comme un gardien qui tient à obtenir le poste de numéro un.

Parlant de Nemec, il deviendra rapidement un pilier à la ligne bleue des Devils. Ça saute aux yeux!

C'est congé mardi pour tous les joueurs du Canadien.

De retour, mercredi soir, au Centre Bell, alors que les Sénateurs y feront escale. En espérant que les « Sens » auront un club capable de donner le niveau d'opposition nécessaire pour effectuer des analyses significatives du travail des joueurs du Tricolore.

On verra!