Même Kiss a déclassé le CH
MONTRÉAL - Pendant que le Canadien croisait les Bruins, à Boston, samedi soir, j'étais avec mon épouse et 15 000 autres nostalgiques au Centre Bell pour faire la bise une dernière fois au groupe Kiss.
Comment dire? C'était parfait!
Non! Les voix ne sont pas meilleures qu'avant et les musiciens qui inondent de notes les corridors du métro sont pour la plupart des virtuoses en comparaison au talent naturel des quatre membres du groupe.
Mais c'était parfait quand même.
Du moment qu'ils ont foulé la scène du haut de leurs grosses bottes jusqu'à celui où ils l'ont quittée pour une dernière fois – l'ultime tournée d'adieux va bien finir par finir et leur 14e escale à Montréal sera peut-être leur dernière – Gene Simmons, Paul Stanley et ceux qui ont remplacé Ace Frehley et Peter Criss – mes excuses ici à Tommy Thayer et Eric Singer – ont donné tout ce qu'ils avaient à donner pour prendre le contrôle de la scène.
Ils ne l'ont ensuite jamais perdu.
L'orgie de son, de flammes, d'explosions et autres effets spéciaux était parfaitement efficace.
Au grand plaisir de leurs fans aux cheveux gris et aux plus jeunes venus avec papa, maman, grand-papa ou grand-maman, dont plusieurs étaient maquillés pour l'occasion.
Et ce soir, à Québec, Gene Simmons et Paul Stanley seront encore parfaitement efficaces. Parfaitement efficaces même s'ils offriront un deuxième « concert » en deux soirs malgré leurs 74 et 71 ans bien comptés.
Et le plus beau de l'affaire, c'est que le gouvernement Legault n'aura même pas eu à leur offrir quelques millions $ pour venir faire un tour de la capitale... même si les membres de Kiss, aussi riches soient-ils, sont des pauvres quand on les compare aux proprios des Kings de Los Angeles.
Mais bon...
Un autre faux départ
Pourquoi faire autant référence à « Kiss » au lieu d'analyser le match que le Canadien a disputé à Boston hier?
Parce que je viens de revoir ce match que j'avais pris soin d'enregistrer et que le premier commentaire qui m'est venu en tête – je l'ai ensuite répété souvent au fil de cette rencontre – est que le Canadien a oublié de disputer un match à Boston hier.
C'était désolant à voir.
Jeudi, contre les Golden Knights venus de Las Vegas, le Canadien pouvait se consoler – ou au moins tenter de le faire – avec le score final.
Pas samedi!
Même que le score final de 5-2 illustre moins bien la domination des Bruins qui ont doublé le Canadien au chapitre des tirs cadrés (44-22) et plus que doublé au chapitre des tirs décochés (79-37).
Pas question ici d'oublier ou même de balayer du revers de la main le fait que les deux derniers adversaires du Canadien trônent tout en haut du classement général.
D'ailleurs, on n'a pas besoin de ce classement pour savoir que les Bruins et les Knights sont meilleurs que le Canadien.
Mais le fait qu'ils le soient ne change rien au fait que le Canadien s'est battu lui-même bien plus qu'il a été battu par ses adversaires, aussi bons soient-ils.
Encore samedi, le Canadien s'est rendu coupable d'un faux départ au lieu d'amorcer la rencontre avec force, il a offert à son adversaire le plein contrôle du match. Comme les Knights jeudi, les Bruins étaient seuls sur la patinoire au premier tiers. Ce sont eux qui dictaient le jeu.
Et si une combinaison de miracles réalisés par Samuel Montembault et d'opportunisme à l'autre bout de la patinoire avait permis au Canadien de prendre les devants 2-0 jeudi, le Tricolore a eu ce qu'il méritait samedi.
Il a été victime du premier but pour une 12e fois en 18 rencontres. Il s'est retrouvé avec un recul de 0-2, puis de 0-3.
Et quand un beau but de Juraj Slafkovsky a laissé poindre un brin d'espoir et qu'une attaque massive qui l'a suivi aurait pu souffler le Tricolore en poupe, le deuxième but de Trent Frederic, dès sa sortie du cachot, a fait retourner le vent en plein visage de Martin St-Louis et de son club.
C'était fini!
Bon! Vous direz que c'était fini depuis un bon moment déjà. Surtout que les statistiques vous donnent raison.
Le Canadien a maintenant perdu neuf des 12 matchs au cours desquels il a accordé le premier but. Huit fois en temps réglementaire. Et ses trois victoires sont venues au-delà des 60 minutes réglementaires : deux fois en prolongation, une fois en tirs de barrage.
Il a perdu quatre des cinq matchs où il s'est retrouvé en arrière 0-2.
Et comme le Canadien n'a pas encore gagné cette saison (0-5) les matchs qui se sont décidés par trois buts, on peut dire que l'issue du match était bel et bien scellée dès le début de la période médiane.
Le Canadien a été déclassé par les Bruins sur le plan hockey samedi. Il a encaissé une quatrième défaite de suite, une sixième à ses huit derniers matchs.
Ça commence à faire mal.
Il a aussi été déclassé en matière d'intensité et d'efficacité par Gene Simmons et les autres «petits vieux» de Kiss.
Ce qui fait plus mal encore.
Tout ça devant leurs pères qui auraient pu s'attendre à ce que les fistons se battent au moins un peu sur la glace au lieu de s'écraser sans offrir la moindre résistance.
Ce qui doit faire plus mal que de perdre contre les Bruins et de perdre la face contre les visages maquillés des membres du groupe Kiss.
Déjà un voyage déterminant
Le Canadien ne s'est pas seulement rendu coupable d'un faux départ dans le cadre du match qui l'opposait aux Bruins.
Il a aussi bien mal amorcé le voyage de cinq rencontres qu'il poursuivra à Anaheim, San Jose, Los Angeles et Columbus au cours des dix prochains jours.
Il sera impératif pour Martin St-Louis de profiter du retour à Montréal et de l'entraînement de lundi avant l'envol vers l'Ouest américain.
Car c'est un voyage déterminant que le Canadien poursuivra.
Si les Bruins représentaient du défi colossal – le Canadien leur avait quand même tenu tête une semaine plus tôt au Centre Bell – les quatre prochains adversaires du Tricolore sont moins redoutables.
Je sais, les Kings sont puissants.
Mais les Sharks ne le sont pas du tout. Les Ducks et les Blue Jackets ne le sont pas plus que le Canadien.
Pas question ici de réclamer des victoires contre ces trois clubs. Mais que ce soit à Anaheim, à San Jose, à Columbus et même à Los Angeles, les partisans sont en droit d'obtenir de leurs jeunes favoris qu'ils se donnent corps et âme sur la patinoire. Qu'ils jouent au hockey avec les risques d'erreurs et leurs conséquences que cela amène.
Si le Canadien prolonge sa séquence de revers en prolongeant du coup ses mauvaises voire très mauvaises performances sur la patinoire, il minera la patience de ses partisans qui sont prêts à accepter les contrecoups du développement, mais qui n'ont aucune raison d'accepter les contrecoups d'un manque de conviction sur la glace.
Martin St-Louis a jonglé, et c'est normal de l'avoir fait, avec ses trios au cours des derniers matchs. Il l'a fait pour tenter de secouer une attaque qui a nettement besoin de l'être. Ce faisant, il a éteint des trios qui fonctionnaient bien pour tenter d'aider d'autres qui s'enlisaient.
Oui je pense à Josh Anderson ici. Je songe aussi à Juraj Slafkovsky qui, au-delà de son but marqué samedi, donne l'impression d'avoir besoin d'aide tant il s'enfonce lui-même au lieu d'arriver à s'en sortir.
Rendu là, il serait peut-être temps de sévir plus directement à l'endroit des fautifs au lieu de pénaliser le reste du groupe.
Et peut-être de faire jouer un vidéo du spectacle offert par Kiss, samedi soir, au Centre Bell, dans le vestiaire avant les matchs. Des fois que l'exemple donné par Gene Simmons et Paul Stanley aurait plus d'effet que les appuis paternels et les bons mots de Martin St-Louis en ont eu lors des deux derniers matchs.
Entre-temps: Go Als Go! Et bonne coupe Grey!