Où s'arrêtera Nick Suzuki?
MONTRÉAL – Les superlatifs et les comparaisons historiques s'accumulent au même rythme que les parties se succèdent pour Nick Suzuki.
Le Canadien vient de remporter ses quatre derniers matchs. Suzuki a revendiqué le but vainqueur dans trois de ces victoires. Nombre total de points : neuf.
Samedi, le jeune capitaine a mis le point d'exclamation à une décisive poussée de trois buts dans la première moitié de la troisième période. Après avoir lui-même assuré la possession de la rondelle à son équipe en dépit des efforts de trois adversaires, il a détalé vers la zone adverse et y est arrivé le premier pour récupérer le dégagement de Kaiden Guhle. Il a contourné le filet, hypnotisé deux défenseurs, a chuté, s'est relevé, a pivoté et a surpris le gardien Samuel Ersson d'un tir sournois à l'intérieur du poteau.
Un but fantastique qui, malgré son importance, a provoqué des célébrations relativement sobres chez ses coéquipiers, qui donnaient l'impression qu'ils auraient été davantage surpris si leur capitaine avait manqué son coup.
Suzuki est le meilleur pointeur du Canadien avec un écart de 18 points sur le deuxième. Il est le joueur le plus électrisant ayant appartenu à cette équipe depuis belle lurette.
-Depuis la pause de la Confrontation des 4 nations, il a amassé 31 points en 20 parties. Seul Robert Thomas, des Blues de St-Louis, a fait mieux.
-Au cours de cette période, il a directement contribué à 46,2% des buts de son équipe.
-Selon Sportsnet Stats, il est le premier Habitant depuis Mats Naslund, en 1985-86, à amasser au moins 30 points dans une séquence de 20 matchs.
-En portant son compteur à 83 points, il s'est assuré d'être le premier joueur du Canadien depuis Alex Kovalev, en 2007-2008, à terminer la saison avec un rythme de production d'un point par match.
« Les gars le suivent, les gars s'en inspirent. Quand on a besoin d'un gros but, il répond présent, louangeait Brendan Gallagher dans le vestiaire après la victoire. On ne sait jamais comment exactement il va s'y prendre, mais il trouve toujours un moyen de faire la différence. C'est ça, Nick. S'il va bien, l'équipe va bien. Il nous transporte. »
Quand on lui a fait remarquer que c'était précisément la réputation qu'on lui faisait dans ce même vestiaire par les temps qui courent, Gallagher n'a rien voulu entendre.
« C'est notre homme, a-t-il persisté en parlant de Suzuki. Il joue dans toutes les situations, il n'y a rien qu'il ne fait pas. On lui confie des minutes difficiles contre les meilleurs joueurs au monde et il sort vainqueur de ces duels à chaque fois. C'est quelque chose à voir. »
Suzuki n'a jamais cessé de progresser depuis les quatre dernières saisons. Il pourrait cette année atteindre le plateau des 90 points. Il arrivera au fil d'arrivée avec un différentiel positif pour la première fois de sa carrière, et ce dans une équipe qui a présentement accordé 21 buts de plus qu'elle n'en a marqué.
Ne nous lancez pas de tomates, mais si le Canadien se qualifie pour les séries, ce qui semble en voie de se réaliser, on pousserait l'audace jusqu'à dire qu'il mériterait de voir son nom apparaître au bas de quelques bulletins de vote pour le trophée Hart.
À bientôt 26 ans, Suzuki semble prêt à entreprendre le bloc de saisons qui, à l'heure de sa retraite, sera considéré comme son apogée. Quels accomplissements l'attendent-ils? Considérant la qualité de son jeu à l'heure actuelle, peut-on vraiment s'attendre à une amélioration substantielle de sa part?
« Je ne sais pas, mais si j'étais un parieur, je dirais que oui, a répondu Martin St-Louis lorsque la question lui a été posée. Il est encore jeune et il joue avec deux autres jeunes joueurs. À mesure qu'ils gagneront en expérience et en maturité ensemble, ils ne pourront que s'améliorer. Quel est son plafond? Je ne sais pas et je ne veux pas y penser. Je veux qu'il dicte lui-même quel sera son plafond. »
« C'est agréable de le voir évoluer en tant que joueur, le voir prendre le contrôler et être un leader. Ça a été une année impressionnante », a conclu l'entraîneur.