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RÉSULTATS

P.K. Subban : Parfait dans ses imperfections

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À la retraite, six ans après la transaction qui l'a catapulté de Montréal pour finalement atterrir à Nashville, P.K. Subban suscite encore les passions.

Les passions des partisans qui l'adorent, qui le vénèrent, qui se sont gavés goulûment et qui s'ennuient encore aujourd'hui de ses poussées spectaculaires, de ses tirs frappés percutants et de cette manière bien à lui d'attirer l'attention.

Sans oublier les passions des autres : de ceux qui lui ont toujours reproché d'être justement trop spectaculaire, de justement prendre trop de place, de justement attirer toute l'attention, de faire passer son nom et le numéro brodés dans son dos avant le logo brodé sur le devant de son chandail.

Jeudi, lorsque P.K. a pris la patinoire du Centre Bell d'assaut pour une dernière fois peut-être, lorsque Subban s'est présenté en compagnie de la petite Mila, une patiente de l'hôpital pour enfants de Montréal auquel P.K. et sa fondation sont demeurés associés après la transaction qui l'a chassé du vestiaire du Canadien, cette «guéguerre» semblait bien futile.

Le temps était aux hommages et à la célébration de la carrière de P.K., de la vie de Pernell Karl Subban, un joueur de hockey parfait dans ses imperfections.

Et vous savez quoi?

Les réactions associées à son retour, l'effervescence qui pétillait autour du Centre Bell trois heures avant le match et l'ovation qu'il a reçue en arrivant sur la patinoire, les autres reçues pendant son discours et la dernière, plus nourrie encore, qui a suivi son «merci pour la belle vie, je t'aime Montréal», en ont fait la preuve par… 76 que cet hommage était mérité. Qu'il était justifié!

Cet hommage qui s'est terminée de façon grandiose lorsque Carey Price, tout de noir vêtu, est venu le rejoindre sur la patinoire et avec qui il a échangé le «Triple Low Five» avec lequel ils auréolaient les victoires du Tricolore avant que la direction n'interdisent cette manière de célébrer, a donné le ton à une victoire de 4-3 du Canadien aux dépens des Predators de Nashville.

Une victoire qui a couronné le meilleur match du Tricolore depuis un sapré bout de temps. L'un des bons de la saison.

Un match que le Canadien a amorcé avec une fougue qui faisait cruellement défaut depuis longtemps. Une fougue qui, oui, caractérisait l'invité d'honneur de la soirée.

Cette partie lancée au rythme de P.K.! P.K.! P.K.! scandés par la foule s'est terminée avec des Olé! Olé! Olé! que Subban a souvent poussé les amateurs à entonner avec sa manière bien à lui de jouer.

«P.K. a fait sa job», a d'ailleurs lancé un Martin St-Louis visiblement très satisfait du survoltage attribuable à la cérémonie.

Parfait devant la foule, authentique devant les journalistes

Subban a été parfait dans sa manière de s'adresser à la foule avant le match. Il l'a été tout autant dans les coursives du Centre Bell où il a rencontré des partisans, signé des autographes ici, pris des photos là. Il a salué chaleureusement tous ceux et celles qui faisaient partie de son quotidien de membre du Canadien de Montréal.

Il l'a aussi été devant les journalistes qu'il a rencontrés au cours du premier entracte.

«Ça fait longtemps que je n'ai pas vu autant de micros et de caméras», que Subban a lancé en jetant fièrement un regard sur les journalistes qui l'entouraient littéralement tant nous étions nombreux à l'attendre.

Dans un point de presse au cours duquel il s'est montré d'une grande authenticité, Subban a parlé de lui, du Canadien, de ses coéquipiers et surtout des partisans.

«Je ne croyais pas recevoir un accueil aussi chaleureux après autant d'années. Pour des raisons que je ne comprends pas, on dirait que cette union entre moi et les partisans a continué à grandir avec les années. On ne peut se préparer à vivre des émotions comme celles que j'ai vécues ce soir. Cela témoigne d'un très grand respect mutuel», a d'abord souligné Subban.

P.K. s'est ensuite assuré de louanger la passion affichée par les partisans à l'endroit de leur équipe.

«Le message que je livrerais à tous les joueurs du Canadien est : déploie la même passion sur la patinoire à chacune de tes présences que la passion affichée par les partisans dans les gradins. Les partisans de Montréal apprécient tout ce que tu fais. Ils remarquent toutes les petites choses. Ils récompensent ceux qui mettent l'effort. Ceux qui se donnent pour les succès de l'équipe. Pour eux. Tout athlète, pas juste les hockeyeurs, devrait avoir envie de jouer pour des partisans comme ceux du Canadien», a-t-il ajouté.

Des partisans qui ne sont pas gâtés encore cette année.

«C'est justement parce qu'ils encaissent pleinement les contrecoups des années difficiles que les partisans grimpent dans les poteaux pour célébrer les victoires et les succès en séries.»

Différent, oui, polarisant non!

C'est lorsqu'il a été question de sa personnalité, du fait qu'il était un joueur et un athlète polarisant que Subban a été le plus authentique dans ses réponses. C'est du moins l'impression qu'il m'a donnée.

«On m'a souvent qualifié de personne polarisante, de paratonnerre, mais je n'ai jamais perdu de sommeil avec ces descriptions de moi. Je sais que je ne suis pas une personne polarisante. Oui, j'ai toujours aimé l'attention, mais j'ai toujours tout donné dans ma manière de jouer pour justifier cette attention. J'étais différent dans ma manière d'être, mais cela attirait l'attention parce que je jouais au hockey. Au baseball, au football au basket, je n'aurais jamais suscité autant de réactions. Je n'ai pas toujours été parfait, c'est clair, mais tout ce que j'ai fait, je l'ai fait dans le respect, en respectant les valeurs que mes parents m'ont inculquées», que Subban a plaidé.

Hommage à Andreï Markov

Vingt-deux défenseurs ont disputé plus de matchs dans l'uniforme du Canadien que P.K. Subban qui occupe le 77e rang dans l'histoire du Tricolore avec 434 rencontres. Et il y en a eu de très bons. Des excellents même. Certains ont donné plus au Canadien et à ses partisans que Subban. Mais Subban aura marqué l'histoire davantage que plusieurs des 22 défenseurs.

À commencer par Andreï Markov qui était à 10 matchs d'atteindre le plateau des 1000 avec le Tricolore lorsqu'il a décidé de faire ses valises et de rentrer dans sa Russie natale parce que l'état-major du Canadien refusait de lui donner le contrat qu'il considérait mériter.

Est-ce bien? Est-ce mal? Est-ce de sa faute?

Non!

C'est juste comme ça.

Le charisme c'est un cadeau qui tombe du ciel. Et lorsque, il y a 34 ans, un gros nuage débordant de charisme a décidé de se vider, P.K. Subban était juste en dessous.

Cela dit, P.K. Subban a tenu à rendre hommage à son ancien partenaire à la ligne bleue du Canadien. Un partenaire qui devait d'ailleurs être à Montréal puisqu'initialement, la cérémonie de jeudi visait à honorer Subban et Andreï Markov.

«Je dois énormément à «Markie». Il a fait de moi un meilleur joueur de hockey. Je lui dois énormément et à mes yeux il mérite que son chandail soit hissé au plafond du Centre Bell avec ceux des autres grands de l'histoire du Canadien. Comme moi, «Markie» était un gars différent. Au début, tout nous éloignait. Nous ne parlions pas la même langue, j'aimais l'attention, lui c'était le contraire. Nous avions des cultures complètement opposées. Mais nous sommes lentement rapprochés, j'ai tenté d'apprendre quelques mots en russe. Il a aimé ça. On a développé une relation qui nous a permis de performer sur la patinoire. J'aurais vraiment aimé qu'il soit ici ce soir», a défilé Subban.

Et la retraite? Des regrets de l'avoir prise si jeune alors qu'il pourrait encore être bercé par l'amour de ses partisans?

«Aucun regret. J'ai joué à fond durant toute ma carrière. J'ai tout donné. Je m'entraîne encore autant qu'à l'époque où j'étais joueur, mais mon corps n'est pas aussi meurtri. Je peux profiter de la vie. Je veux d'ailleurs profiter de cette vie et du travail que je fais – il est maintenant commentateur au réseau américain ESPN – pour mettre les lumières sur les nouvelles vedettes du hockey. Sur les Cole Caufield, les Nick Suzuki.»

Ah oui!

Le «Triple Low Five» échangé avec Carey Price, c'était un geste planifié, histoire de le remettre au visage de l'état-major qui l'avait banni?

«La première fois que nous l'avons fait, c'était totalement improvisé. Pour ce soir, je vais vous laisser deviner…»