Perdre avec le sourire!
MONTRÉAL - Après une sixième défaite de suite encaissée par son équipe, j'attendais le point de presse de Martin St-Louis avec un brin d'impatience.
Je me demandais si des traits tendus du coach du Canadien et des réponses brèves teintées d'une certaine dose d'impatience trahiraient le poids le plus en plus lourd des revers qui s'accumulent.
Je sais : le Canadien a été dans le coup dans chacun de ses six derniers matchs. N'eût été le troisième but des Devils marqué par Tomas Tatar dans un filet désert avec 90 secondes à faire au match, samedi soir, le Tricolore aurait perdu pour une sixième fois de suite par un petit but. Deux fois dans le cadre de matchs qui se sont décidés en tirs de barrage.
Sans oublier que ces défaites peuvent pousser le Tricolore plus bas au classement général en améliorant, du coup, ses chances d'améliorer son sort dans le cadre de la loto-repêchage.
Mais perdre souvent, trop souvent, même dans le cadre de matchs chaudement disputés contre des adversaires qui sont bien plus forts, ce n'est jamais agréable.
Et ça peut même devenir désagréable.
De toute évidence, ce n'est pas encore désagréable au point d'éteindre le visage de l'entraîneur-chef du Canadien et de le rendre impatient.
Car c'est en riant de bon cœur que Martin St-Louis s'est présenté devant les journalistes après le match. Et c'est avec un grand sourire qu'il a ensuite maintenu sa routine en saluant ceux et celles qui sont devant lui – des partisans s'ajoutent depuis l'an dernier aux journalistes dans la salle d'entrevue – et en secouant sa boîte d'eau – je n'ai jamais compris pourquoi il secoue de l'eau mais bon – en écoutant la première question.
Pas question ici de prétendre que Martin St-Louis et ses joueurs se vautrent dans la complaisance. Qu'ils acceptent les revers comme s'ils représentaient un mal nécessaire.
D'ailleurs, le coach du Canadien a traversé quelques points de presse plus tendus que celui des derniers matchs plus tôt cette saison alors qu'on le sentait vraiment irrité après des défaites. Irrité surtout par la manière de jouer, ou de ne pas jouer, de son équipe.
Si le coach et son équipe perdent avec le sourire en ce moment, même s'ils sont rendus à six défaites de suite, à sept défaites dans ses huit dernières parties, c'est parce que le club se bat sur la patinoire. Qu'il se démène. Qu'il ne perd pas bêtement !
De Martin St-Louis au plus modeste des joueurs qu'il dirige en passant par un groupe d'adjoints qui l'épaulent avec aplomb, le Canadien garde la tête haute dans la défaite.
Et ce n'est pas parce que St-Louis sert de grands discours enflammés où qu'il orchestre de grandes séances de motivation. C'est parce que les joueurs comprennent la situation dans laquelle ils se trouvent.
«Est-ce que mes joueurs ont l'air découragés? Non! Je ne me sens donc pas en état de vendeur en ce moment. Mon équipe est là, mes joueurs ne sont pas découragés», a insisté le coach du Canadien.
Avec une autre semaine difficile qui s'annonce, il sera intéressant de voir si le moral du coach et de ses joueurs tiendra le coup encore longtemps. Si la séquence de défaites se prolonge, bien sûr.
À quel point la prochaine semaine s'annonce ardue? Voici : après la visite de l'Avalanche du Colorado lundi, le Canadien jouera à Pittsburgh dès mardi. Il croisera ensuite les Panthers et le Lightning, jeudi et samedi, en Floride. Et c'est contre les «Bolts» que le Tricolore célébrera un bref retour au Centre Bell avant de se rendre à Boston pour y affronter la meilleure équipe de la LNH.
Rien que ça!
Des Devils bien préparés
Sans l'ombre d'un doute bien informés des performances solides du Canadien contre les Hurricanes et les Rangers plus tôt cette semaine, les Devils ont amorcé la rencontre avec beaucoup plus de convictions que ne l'avaient fait les rivaux venus de la Caroline et de Manhattan.
Et comment!
Contrairement aux «Canes» et aux BlueShirts qui ont laissé le Canadien s'inscrire en premier au pointage, les Devils ont profité de bévues défensives du Canadien pour marquer deux fois dès le premier tiers.
Et ils ont fait bien plus que marquer deux buts. Avec une étanchéité qui rappelait l'époque de Jacques Lemaire derrière le banc et de Martin Brodeur devant le filet, les Devils ont pris le plein contrôle de la patinoire.
Rapides et efficaces dans les trois zones, les Devils n'ont rien donné au Canadien au cours du premier tiers. Rien comme dans rien!
En les regardant éteindre le Tricolore, on a facilement compris pourquoi les Devils présentent la meilleure fiche de la LNH – 25-4-4, 127 buts marqués, 86 buts accordés – à l'étranger depuis le début de la saison.
On a vite réalisé pourquoi, pendant que le Canadien perd avec le sourire, les Devils eux gagnent dans la bonne humeur.
Au cours de cette première période, Dawson Mercer a participé au deuxième but de son équipe. Le 28e de son capitaine et compagnon de trio, Nico Hischier.
Avec cette passe, Mercer a prolongé à 12 sa séquence de matchs consécutifs avec au moins un point. Une séquence au cours de laquelle il a marqué 11 buts et récolté 20 points.
Cette passe lui a permis d'éclipser Brendan Shanahan qui détenait, depuis mars 1990, le record de la franchise – Devils, Rockies du Colorado et Scouts de Kansas City – pour la plus longue séquence de rencontres consécutives avec au moins un point pour un joueur âgé de moins de 22 ans.
Passer proche, ce n'est pas assez!
Je l'avoue candidement : après un premier tiers entièrement dominé par les Devils, je croyais qu'on assisterait à une première débâcle du Tricolore depuis longtemps.
Tout le contraire est arrivé. Pendant de bonnes séquences en période médiane et au dernier tiers, c'est le Canadien qui dictait le ton du match.
Et il ne faudrait pas oublier que Jonathan Drouin, rejoint dans l'enclave par Mike Hoffman qui a réalisé une très belle passe sur le jeu, a touché le poteau à la gauche du gardien Akira Schmid avant que Tomas Tatar ne marque dans un filet désert dès la séquence suivante.
Comme quoi, passer proche c'est bien, mais ce ne le sera jamais assez… à moins de jouer aux fers ou à la pétanque, bien sûr!
Pour la qualité du jeu offert au cours des 40 dernières minutes, pour la tenue encore une fois très solide de Jake Allen devant le filet – 34 arrêts sur les 36 tirs affrontés – le Canadien aurait mérité un point en poussant le match au-delà les 60 minutes réglementaires.
Mais on n'a pas toujours ce qu'on mérite au hockey comme dans la vie.
Cela dit, à voir les Devils jouer samedi soir face au Canadien et après avoir vu les Rangers jouer jeudi soir au Centre Bell, Gerard Gallant est mieux de fouetter ses vedettes et de leur faire bien comprendre l'importance de travailler au lieu de s'en remettre au talent brut et aux attaques massives.
Sans quoi, les BlueShirts seront pulvérisés par les jeunes Devils.
Entre les lignes
- C'est la première fois cette saison que le Canadien n'obtient pas la moindre attaque massive dans un match. De fait, les arbitres n'ont décerné aucune pénalité au cours de la rencontre, ce qui n'a pas déplu à Martin St-Louis. Il faut dire que son équipe avait été blanchie (0 en 12) lors des quatre derniers matchs et qu'elle n'affichait qu'un but marqué (1 en 21) lors des huit dernières rencontres…
- C'est la deuxième fois cette saison que le Canadien n'a pas à écouler le moindre désavantage numérique. C'était arrivé le 24 février, à Philadelphie, où le Tricolore avait battu les Flyers 5-2…
- Le Canadien s'est retrouvé en situation de 0-2 pour la 25e fois de la saison samedi. Il n'affiche que trois victoires (3-22-0-0) en pareille circonstance…
- Le Canadien a encaissé 34 défaites (4-34-0-0) dans les matchs au cours desquels il a accusé un recul de deux buts contre ses adversaires…
- Je mets le cap sur la Floride où j'assisterai au cours de la semaine à la réunion des directeurs généraux…