Plutôt gênant à regarder
Canadiens dimanche, 5 mai 2013. 23:47 samedi, 14 déc. 2024. 14:23On ne peut pas vanter l'originalité du plan de match des Sénateurs qui ont plagié en tout point celui du Canadien vendredi. Ils ont bondi sur la glace comme des bêtes enragées en frappant tout ce qui bougeait dans le camp adverse. Si le jeu robuste avait permis au Canadien de les surprendre, les Sénateurs en sont probablement venus à la conclusion que la même méthode, exercée avec encore plus d'intensité, pouvait produire des résultats encore plus concrets.
Stimulés par les mises en échec de Chris Neil, l'homme le plus fort et le plus brutal dans les deux camps, les joueurs des Sénateurs se sont payé une traite, aux points et aux poings, aux dépens des visiteurs. Comme s'ils attendaient depuis un bon moment l'occasion de démontrer aux petits attaquants du Canadien qu'ils ne font pas le poids physiquement.
Étrangement, dans cette soirée pour hommes forts, c'est le plus petit joueur sur la glace, Jean-Gabriel Pageau, un gars de la place, qui a volé le spectacle avec ses trois premiers buts dans les séries de la coupe Stanley, et ce, à son premier match à domicile dans les séries. Aucun de ses buts ne lui a été donné. Le premier a été le résultat d'une échappée spectaculaire. Les deux autres ont été marqués à courte distance. Les trois filets ont été décochés à la vitesse de l'éclair. Il a offert tout un spectacle, le jeune.
Pageau représente la plus belle histoire de la série. Il est rapide, explosif. Il a obligé son entraîneur à accorder un précieux temps de glace (entre 11 et 12 minutes chaque soir) à une recrue qui jouissait d'une expérience de neuf parties dans la Ligue nationale avant d'affronter le Canadien.
À la blague, Paul MacLean a commenté l'exploit de sa recrue de cinq pieds, neuf pouces et de 160 livres en déclarant qu'il aura probablement du mal à traverser le pont qui lui permettra de retourner à la maison, à Gatineau. «J'espère qu'il en profitera pleinement ce soir, car d'ici au prochain match, je devrai lui parler de façon à le ramener sur terre», a-t-il dit.
Pageau a sans doute célébré l'événement avec son père, natif de Montréal, qui était un chaud partisan des Canadiens jusqu'au jour où l'organisation montréalaise a échangé son joueur favori, Rogatien Vachon. Depuis ce temps, toutes les formations qui connaissent du succès contre le Canadien lui font extrêmement plaisir.
Quelle histoire quand on y pense! Partout où il a joué, on a dit de lui qu'il était trop petit et qu'il n'irait jamais très loin. Deux mois avant la fin de la saison, Pageau ignorait même si la filiale de Binghamton lui ferait une place. Or, le voilà dans les séries de la coupe Stanley dans un statut de héros.
Il a fait plus encore pour les Sénateurs. En marquant le but gagnant dans le dernier match de la saison contre les Bruins, il leur a permis d'affronter le Canadien au lieu des Penguins de Pittsburgh contre lesquels ils auraient eu beaucoup de mal à accéder à la série suivante.
Le match s'est terminé par une chicane entre entraîneurs parce que Paul Maclean a demandé un temps d'arrêt avec 17 secondes à jouer alors que le score était de 6-1. Un comportement inhabituel qui a fait dire à Therrien que son rival n'a pas de classe encore une fois (on se rappelle ce qu'il avait dit de Raphael Diaz).
L'explication de MacLean a été cousue de fil blanc. Il a prétendu vouloir protéger ses joueurs contre les méchants Canadiens qui ont été les instigateurs dans les incidents disgracieux dont nous avons été témoins dans une soirée au cours de laquelle 232 minutes ont été distribuées en pénalités de toutes sortes.
Au cours des 48 prochaines heures, Therrien devra s'appliquer à oublier MacLean qui s'amuse à ses dépens. Il devra s'assurer que ses joueurs sortent fort mardi. Perdre 6-1 ou 1-0, c'est du pareil au même. C'est une défaite. Dans ce match-clé, ce ne sont pas les six buts des Sénateurs qui ont fait le plus de dommage au moral de sa troupe. C'est le fait que quelques-uns de ses joueurs ont été brassés comme de vieilles guenilles sur une corde à linge. Plutôt gênant à regarder.
Soirée difficile pour Subban
P.K. Subban, qui avait été brillant durant les deux premières parties de la série, s'est laissé bêtement sortir de son plan de match par l'agressivité des Sénateurs. On l'a frappé, rudoyé et sorti du jeu à l'occasion, ce qui a provoqué chez lui une excitation mal contrôlée. Dans ces moments-là, il peut être imprévisible. Et il l'a été.
Vers la fin du second engagement, il a tenté de capter une passe suicide de Pacioretty au centre de la glace avec le résultat qu'il s'est fait frapper durement. De retour au banc, il pestait encore contre la situation quand Pacioretty s'est arrêté devant le banc à sa hauteur. S'en est suivi une engueulade entre les deux coéquipiers qui n'avait rien de très édifiant. C'est finalement Markov, assis à la droite de Subban, qui a mis fin à l'escarmouche en ordonnant à Subban de se la fermer.
À mi-chemin au dernier engagement, Subban a finalement été expulsé après s'être battu inutilement dans une cause perdue. S'il avait fallu qu'il se blesse durant cette bagarre, le Canadien aurait été dans de très mauvais draps.
Les gars de Michel Therrien ont connu une mauvaise soirée à tous les points de vue.