Quand le Canadien saigne...
Canadiens jeudi, 28 nov. 2019. 23:54 samedi, 23 nov. 2024. 09:01Le Canadien est rendu à six défaites de suite.
Six revers qui mettent en évidence les terribles lacunes défensives du Tricolore qui multiplient les erreurs bêtes, les mauvaises prises de décisions, les pertes de rondelles et autres mauvais changements qui offrent à l’adversaire des surnombres et des échappées en cascades que Carey Price n’arrive plus à racheter avec des arrêts qui seraient non seulement bienvenus, mais qui seraient grandement nécessaires.
Mais ces arrêts ne viennent pas. Ils ne viennent plus. Et le Canadien perd au point où il est permis de se demander combien de fois de suite il perdra encore.
Chose certaine, avec la visite des Flyers samedi et l’escale que le Tricolore ira faire à Boston dimanche, c’est loin de s’annoncer facile.
« C’est dur d’encaisser le coup quand on perd comme on le fait en ce moment. Mais on est bien mieux de réaliser que ce sera plus difficile encore samedi. Et plus difficile encore dimanche si on ne prend pas les moyens pour se relever. Nous sommes blessés en ce moment. Nous saignons. Les autres clubs le sentent facilement. Ils arrivent comme des requins. Ils réalisent que nous sommes blessés et ils en profitent. Nous sommes les seuls à pouvoir nous en sortir », a convenu Gallagher.
Je ne sais pas si le Canadien saigne vraiment. Mais ce qui est clair, c’est qu’il y a beaucoup d’eau dans le carburant. Un tel mélange pourrait expliquer pourquoi Gallagher et ses coéquipiers sont si mauvais en défense. Si généreux dans le nombre d’occasions qu’ils offrent à leurs adversaires et encore plus généreux en matière de qualité d’occasions offertes.
« Quand tu traverses de séquences heureuses et que tout va bien, tu es le premier à savoir que tu gagnes parfois des matchs que tu ne méritais pas de gagner. Quand tu perds comme on le fait, des fois tu mériterais de meilleurs sorts. On marque assez de buts pour gagner, mais on gâche tout en accordant bien trop de buts. Et c’est complètement injuste pour Carey. Il effectue les arrêts qu’il peut effectuer, mais les buts qu’il accorde sur des surnombres et des échappées doivent nous être imputés », a plaidé Gallagher après la rencontre.
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Son capitaine Shea Weber a lui aussi défendu Price.
Même P.K. Subban, après un match très ordinaire de sa part, s’est porté au secours de son ancien gardien en assurant qu’il était toujours l’un des meilleurs de la Ligue et qu’il était assuré qu’il rebondirait et redeviendrait le gardien qu’il est.
La frustration s’installe
Mais il est clair qu’en dépit des bons mots à son endroit, Price commence à être perturbé par les buts qui s’accumulent alors qu’il donne de plus en plus de signes de frustration.
Il a fracassé son bâton en troisième lorsqu’il a été victime du cinquième but des Devils qui ont pris une avance de deux filets (5-3) au terme d’une autre descente à deux contre un.
Il n’est pas non plus venu répondre aux questions des journalistes après sa 11e défaite de la saison (10-8-3), sa cinquième consécutive (0-4-1). Remarquez qu’il aurait difficilement pu condamner ses coéquipiers pour le peu d’appui qu’ils lui offrent puisqu’il ne réalise pas les arrêts qui ont très souvent fait oublier, voire passer sous silence, leurs gaffes les plus grosses.
Bon! Price a réalisé un arrêt de ce genre jeudi soir. Tout un même, lorsqu’il a volé un but aux Devils dans les derniers instants de la période médiane en plongeant sur sa gauche pour gober dans sa grosse mitaine une rondelle qu’on croyait déjà au fond du filet. Il s’est aussi dressé devant une échappée en début de troisième période réalisant un, deux, trois arrêts de suite.
Mais ces deux bons moments, qui ont entre autres racheté une autre bévue monstrueuse du vétéran Jeff Petry, n’ont pas suffi. Que non! Car encore hier, la grande majorité des gaffes affreuses multipliées en défense par cette équipe qui croule sous la pression se sont transformées en buts.
En beaucoup de buts puisque le Canadien a perdu 6-4 aux mains des Devils.
Il vient donc d’accorder au moins six buts dans trois matchs de suite. C’est la 3e fois seulement de son histoire – il l’a aussi fait en 1920 et en 1985 – que le Canadien accorde au moins six buts dans trois matchs de suite. C’est aussi la toute première fois de son histoire que cela se produit lors de trois parties de suite disputées sous les yeux de ses partisans.
Des partisans qui n’ont pas manqué de souligner leur mécontentement encore jeudi.
Premièrement : le Centre Bell était loin d’être plein. Non seulement plusieurs amateurs ont boudé le match même s’ils avaient des billets, mais le Canadien n’a pas vendu tous ses billets pour une septième fois en 14 matchs à domicile.
Deuxièmement : une portion des fans présents a applaudi en dérision quelques arrêts de routine de Price en période médiane. Remarquez que des « Carey! Carey! Carey! » ont aussi déferlé dans le Centre Bell quelques minutes plus tard lorsque Price a réalisé son miracle en fin de deuxième période.
Un autre exemple des fluctuations rapides et imprévisibles d’émotions de la part des fans. Mais bon!
Ils ont aussi hué une attaque massive qui a encore été blanchie hier en deux occasions. Une attaque massive qui n’a marqué que deux buts en 17 avantages numériques (11,8 %) depuis le début de la glissade de six défaites. Une séquence qui coïncide avec les pertes de Jonathan Drouin et Paul Byron tous deux tombés au combat lors de la victoire de 5-2 aux dépens des Capitals à Washington le 15 novembre.
Oui ça commence à faire longtemps…
Sans Price point de salut?
Les partisans ne sont pas les seuls à êtres frustrés. Le coach l’est aussi : « Je suis vraiment tanné de perdre et plus frustré encore », a d’ailleurs admis Claude Julien après la défaite aux mains des Devils.
Malgré sa frustration et son désarroi, Julien s’est refusé de condamner ses joueurs. Des joueurs qui ne jouent pas bien, c’est un fait, mais qui veulent bien faire.
« Les gars ne font pas ce qu’on leur enseigne et ce qu’on attend d’eux c’est clair. Mais ils sont frustrés eux aussi. Ils veulent peut-être trop en faire. Et quand tu fais ça, c’est souvent le contraire qui arrive. Ils veulent bien faire, mais on prend beaucoup trop de mauvaises décisions en défensive. Il faudra les calmer un peu. Revenir à la base pour prendre de meilleures décisions », que Julien a expliqué après le match.
Je veux bien acheter cette explication.
Mais je souscris aussi à l’idée que les joueurs du Canadien trichent vers l’offensive parce que c’est plus payant et qu’ils se disent qu’à un moment donné Price recommencera à leur sauver les fesses.
« Nous ne voulons pas avoir à traîner cette réputation d’équipe qui ne se fie que sur son gardien pour gagner », a rajouté l’entraîneur-chef du Canadien qui devra trouver des aspects positifs pour aider à relancer son équipe.
En existe-t-il?
Bon! Le Canadien a comblé trois fois des reculs d’un but en nivelant les chances 1-1, 2-2 et 3-3 en cours de rencontre.
C’est un début.
Mais ce ne sera pas assez.
Car en plus des cascades de surnombres et échappées dont il a été victime, le Canadien a vu les Devils répliquer très rapidement – 36 secondes, 1 min 36 s et 2 min 26 s – aux trois premiers buts qu’il a marqués.
« Nous formons une équipe rapide et talentueuse. Je ne veux pas analyser la qualité du jeu de nos adversaires, mais si tu nous donnes de l’espace et du temps sur la patinoire, on a les moyens d’en profiter », a indiqué Taylor Hall qui a été blanchi de la feuille de pointage en plus de terminer le match avec un différentiel de moins-2.
En bref
- Lors de cinq des six défaites de suite qu’il vient d’encaisser, le Canadien a décoché beaucoup plus de tirs que ses adversaires. Beaucoup plus même. Jeudi, il a tiré 33 fois de plus que les Devils (9057) mais a perdu 6-4. Mardi contre Boston, il a tiré 22 fois de plus que les Bruins (69-47) mais a perdu 8-1. Samedi contre les Rangers, il a décoché 35 tirs de plus (90-55) que ses adversaires qui ont gagné 6-5. Le Tricolore a aussi tiré 23 fois de plus que les Sénateurs et 28 fois de plus que les Blue Jackets qui ont pourtant gagné 2-1 et 5-2…
- Que tirer de ces statistiques? Que le Canadien a eu possession de la rondelle plus souvent que ses rivaux dans cinq de ces six défaites; Que les tirs du Canadien sont moins dangereux que ceux de ses adversaires; Que les gardiens que le Tricolore a croisés ont été meilleurs que Carey Price. Ce qui n’est pas tout à faire exact du moins dans le cadre de la défaite aux mains des Rangers puisque Price, malgré les six buts accordés, a été bien plus solide que son visà-vis Alexandar Georgiev…
- En plus de tirer plus souvent, le Canadien a aussi obtenu plus de mises en échec dans quatre des six revers. Une surprise, puisque le club qui a la rondelle le plus souvent obtient rarement le plus grand nombre de mises en échec distribuées. Mais bon. Le Canadien a une fiche de 58-4 jusqu’ici cette saison, dans les matchs au cours desquels il a asséné plus de mises en échec qu’il en a encaissées…
- Le Canadien s’est incliné pour la septième fois de suite aux mains des Devils jeudi. Les Devils n’ont d’ailleurs pas perdu en temps réglementaire contre Montréal lors des neuf derniers affrontements entre les deux équipes…
- Cale Fleury a été rayé de la formation afin de lui offrir un peu de répit. Claude Julien a expliqué qu’il avait besoin de reprendre son souffle et de retrouver ses repères. Je veux bien. Mais je souhaite au jeune homme de ne pas avoir suivi de trop près les «prouesses» de Mike Reilly et Brett Kulak qui évoluaient au sein du troisième duo – et des quatre autres défenseurs également puisqu’ils en ont tous arraché – à moins qu’on lui dise à l’entraînement vendredi d’éviter à tout prix de faire tout ce dont il a été témoin lors du match face aux Devils…