Éric Raymond accorde tout le mérite à Samuel Montembeault
BROSSARD – En Éric Raymond, Samuel Montembeault a trouvé un entraîneur des gardiens avec lequel il cadre à merveille. Dans leur parcours respectif, ils ont eu à travailler très fort pour obtenir ce qu'ils possèdent aujourd'hui. Leur relation de travail a mené à une remarquable évolution cette saison.
Quand il a hérité de son premier poste à temps plein dans la LNH, en juillet 2021, Raymond s'attendait surtout à épauler les vétérans Carey Price et Jake Allen. Les circonstances l'ont plutôt mené à devoir développer le potentiel de Montembeault, acquis au ballottage.
« Tout le mérite lui revient. Il a investi le travail nécessaire et son attitude est A1. C'est tellement un bon jeune, il écoute, il est attentif puis il assimile aussi. Avec Sam, tu ne fais pas trois enjambées vers l'avant et deux vers l'arrière ensuite; c'est une belle qualité », a souligné Raymond lors d'un généreux entretien, lundi, avec le RDS.ca.
« Et je n'ai jamais eu besoin de lui dire ‘Sam, tu ne te forces pas sur tes répétitions'. Il est 100 milles à l'heure chaque fois. Tu ne sens jamais qu'il se dit ‘Ah mon Dieu, une autre rep'. Vraiment, chapeau à lui, cette attitude peut mener loin », a ajouté l'entraîneur qui a vu son protégé propulser ses statistiques de quelques crans.
L'aplomb démontré par Montembeault mène les journalistes, et les partisans, à se poser une question inévitable. Peut-il porter les jambières de numéro un pendant la reconstruction du Tricolore?
« Je réponds toujours que ce sont les gardiens qui nous le disent. Nous, on essaie de les aider à devenir leur meilleure version. C'est une question qui va se répondre tout seul », a répondu Raymond sans vouloir s'immiscer dans les dossiers des dirigeants du club.
Avec son expérience d'une quinzaine d'années comme entraîneur (9 années dans la LHJMQ, 4 années avec le club-école des Rangers et 2 avec le CH), Raymond demeure prudent.
« Dans la game, y'a jamais rien d'acquis. Tout est à recommencer chaque jour. Même si Sam s'est amélioré sur plusieurs choses et que je suis très fier de lui, il faut le garder dans la même voie, parce que c'est facile d'en sortir », a-t-il rappelé en précisant que la constance départage les plus grands de la moyenne des hommes masqués.
Samuel Montembeault
S'il y en a un qui réalise que la constance représente un défi colossal, c'est bien Allen. Que ce soit en raison des blessures ou la qualité de son jeu, le partenaire de Montembeault n'a pas été en mesure de conserver ce rôle avec le Tricolore.
Ces hauts et bas n'ont cependant pas empêché Allen d'être un coéquipier inspirant.
« Extraordinaire! Jake, c'est un super vétéran, un gars d'équipe. C'est un professionnel duquel les jeunes gardiens peuvent apprendre car il ne fait pas les choses à moitié », a noté Raymond qui a, bien sûr, eu vent des commentaires d'Allen qui s'est réjoui des succès de Montembeault en comprenant qu'il n'est pas le gardien d'avenir du CH.
« Ce n'est pas comme ça partout à travers la Ligue nationale. Oui, il y en a d'autres comme Jake, mais la compétition ruine souvent la relation entre deux gardiens », a reconnu Raymond sans même qu'on n'ait eu le temps de le relancer à ce sujet.
L'entraîneur de 50 ans se considère donc privilégié de chapeauter ce tandem. Dans un monde idéal, il aurait également voulu apporter son support à Price. Sa blessure récurrente au genou droit et l'aide qu'il a sollicitée pour sa consommation d'alcool l'ont éloigné de la patinoire (5 petits matchs en 2021-2022).
« J'aurais aimé ça en faire plus pour Carey », admet Raymond.
« C'était difficile de le voir comme ça l'an passé. Je voyais qu'il voulait revenir et que c'est une bonne personne. Mais si on n'avait pas une relation de longue date, je pouvais comprendre. On était plusieurs qui auraient voulu en faire plus. J'aurais aimé ça qu'il puisse revenir non seulement pour l'organisation, la LNH et tout le monde, mais surtout pour lui. Je pense beaucoup à la personne », a poursuivi celui qui est reconnu pour sa personnalité attachante.
Pendant que les jambières de Price sont laissées en plan au Complexe Bell de Brossard, qu'Allen fêtera son 33e anniversaire cet été et que Cayden Primeau n'a pas encore prouvé qu'il détient l'étoffe de la LNH, l'état-major du Canadien doit planifier la relève devant le filet.
Quand on sait que les gardiens atteignent souvent leur vitesse de croisière à partir de 25 ans, il ne faut pas tarder à dénicher un joyau à encadrer.
« Ça change vite. Tu regardes [les ressources devant le filet] pour une organisation et, cinq ans plus tard, c'est parfois complètement différent. On a de bons dépisteurs et, après ça, c'est la portion développement. Pour un gardien, il y a quand même une longue projection, ça peut prendre six ou sept ans pour un jeune repêché à 17-18 ans. C'est un marathon, c'est plus difficile que d'avoir des projections pour un attaquant à la Connor Bedard », a-t-il exposé.
Prêchant le travail bien exécuté au quotidien, Raymond garde espoir envers Primeau.
« Oh oui. Il est jeune, il travaille sur ses répétitions, il a encore du temps et un bel avenir devant lui », a noté l'entraîneur qui a joué son hockey junior avec le Titan de Laval et le Collège Français de Verdun.
Mais Raymond ne peut pas se permettre de rêver dans son métier. Il doit voir la réalité sans lunettes roses.
« Il n'y a pas juste ça, mais pour qu'un gardien puisse devenir une super vedette, le talent et la génétique ont une grande influence », a indiqué Raymond.
Des gardiens qui affichent « un 10 sur 10 » pour la facilité comme Price, ça ne se trouve pas dans chaque aréna de quartier. Mais Raymond a prouvé, avec le boulot accompli par Montembeault, que le travail peut mener à des résultats intéressants.
Mercredi, dans le 2e volet, Raymond abordera l'influence de son mentor Benoît Allaire et la plus grande réussite de sa vie : sa proximité avec ses filles qui habitent en Europe.