Canadiens : Repêcher ou transiger?

LAS VEGAS - C'est Jeff Gorton et non Kent Hughes qui a aiguillé les partisans quant à la direction que le Canadien prendra dans le cadre du repêchage, dont la première ronde se déroulera vendredi, à Las Vegas, et de l'ouverture du marché des joueurs autonomes lundi prochain.

Pourquoi le vice-président exécutif et non son directeur général?

« Parce que Kent est très occupé », a lancé Jeff Gorton.

Ce qui est certainement très vrai.

Mais c'est aussi parce que Gorton est beaucoup plus discret, voire évasif – il a même admis, sourire en coin, être bien capable de mentir contrairement à son DG – quand vient le temps de parler des stratégies visant à faire du Canadien un club non seulement en mesure d'atteindre les séries éliminatoires, mais aussi capable de gagner une fois rendu là, qu'il a tenu à se présenter devant les journalistes.

Kent Hughes a d'ailleurs indiqué au cours des dernières semaines que le Canadien avait l'intention de renflouer à l'attaque.

Plusieurs amateurs et observateurs très versés dans l'analyse des espoirs qui frappent à la porte de la LNH ont profité de cette « ouverture » pour encercler les noms du centre Cayden Lindstrom et de l'ailier droit Ivan Demidov.

Le Canadien a justement rencontré « brièvement » le jeune russe jeudi à Las Vegas. Le grand patron des opérations hockey a eu de bons mots à l'endroit de Demidov. Il a aussi ajouté que le Canadien était à l'aise avec l'idée de sélectionner un Russe malgré leurs situations plus délicates en raison de l'omniprésence de la KHL. Il a même insisté sur le fait que Demidov était bien différent de Matveï Michkov à qui le Canadien a préféré le défenseur David Reinbacher l'an dernier.

Gorton me fera peut-être mentir dans moins de 24 heures, mais je n'ai pas senti beaucoup d'effervescence de sa part à l'endroit de Demidov.

Remarquez qu'il ne dansait pas non plus la claquette quand il a parlé de Lindstrom. Il s'est simplement limité à dire que son bilan médical était satisfaisant.

On saura bien assez vite si cette prudence dans les commentaires de Gorton avait vraiment une signification.

Que le Canadien ait besoin de renforcer son top-6 et même son top-9 ne surprendra personne. Du moins je l'espère. Car derrière Suzuki, Slafkovsky, Caufield et Dach s'il peut un jour être épargné par les blessures, c'est plutôt mince.

Alex Newhook a certainement une place au sein du top-9, mais le voir au sein du top-6 confirmerait un manque de punch offensif du Canadien.

Joshua Roy? Il est encore trop tôt pour être fixé sur le rôle qu'il remplira. Il a certainement les mains pour justifier une place au sein d'un deuxième trio et d'une deuxième vague d'attaque massive. Mais est-ce qu'il sera en mesure de continuer à développer ses qualités tout en améliorant ses lacunes? La réponse viendra de lui. Et il faudra lui donner le temps nécessaire pour répondre.

Du temps, il faudra en accorder plus encore aux jeunes qui seront repêchés par le Canadien vendredi et samedi.

Et comme les besoins du Canadien dans sa quête de renflouer ses trois premiers trios sont immédiats, impliquer le premier choix dans une transaction pourrait être plus profitable. Et surtout plus efficace en matière de résultats à plus court terme.

Accélérer le développement

Je sais! Le Canadien bâtit en fonction du long terme. Et bien que la haute direction, comme bien des partisans, croit que l'équipe sera plus compétitive l'an prochain et qu'elle pourrait même se battre pour une place en séries, le hockey disputé lors des deux derniers mois a prouvé par 1000 à quel point le Canadien est encore loin du but. Ce qui devrait justement militer en faveur de garder les sélections acquises et non de les échanger.

Je veux bien.

Mais s'il est clair que Demidov et Lidstrom sont des candidats très attrayants – si Tij Iginla peut avoir les 2/3 de la carrière de son père Jarome, je sauterais sur lui sans hésiter – il est impossible de garantir qu'ils seront bel et bien capables de se faire une place au sein d'un des deux premiers trios du Canadien d'ici deux, trois, quatre ans.

D'où ma prétention qu'il vaudrait certainement la peine de bien analyser tous les scénarios possibles.

Dont celui impliquant une transaction.

Ceux et celles qui ont encore des plaies vives en marge de la transaction qui a envoyé Ryan McDonagh aux Rangers en retour de Scott Gomez en 2009, répliqueront que certaines transactions peuvent plus mal tourner encore qu'un choix au repêchage.

Et c'est vrai.

Mais l'équipe de direction du Canadien n'est pas obligée de répéter l'erreur monumentale dont Bob Gainey s'était rendu coupable dans le dossier McDonagh.

Et avec le nombre d'espoirs au sein de l'organisation, avec Mike Matheson dont la valeur autour de la LNH n'a jamais été aussi grande, avec le nombre de choix au repêchage à son actif – 11 vendredi et samedi, 12 pour le moment en 2025 – et avec la marge de manœuvre dont il dispose pour composer avec le plafond salarial, le duo Gorton-Hughes a des actifs aussi nombreux qu'intéressants pour inciter des équipes à transiger avec le Canadien.

« Le téléphone sonne beaucoup », comme l'a convenu Jeff Gorton.

Mais le vice-président exécutif et grand responsable des opérations hockey s'est aussi dit pas mal convaincu que le Canadien sera bel et bien le cinquième club à parler en première ronde vendredi soir.

Marché des joueurs autonomes

Le marché des joueurs autonomes, qui ouvrira ses portes 48 heures à peine après la fin du repêchage, offrira lui aussi au Canadien la possibilité d'accélérer son ascension vers le haut du classement de la section atlantique et du tableau général

Ne retenez toutefois pas votre souffle si vous souhaitez voir le Canadien courtiser Jake Guentzel, Sam Reinhart ou un autre des gros noms disponibles.

« Nous ne sommes pas rendus là. C'est clair que nous avons des gars dans la mire, mais on peut bien s'intéresser à des gros noms, il faut d'abord que ces gros noms soient intéressés à nous également », a prévenu Gorton.

Le nom de Martin Necas, qui deviendra joueur autonome avec restrictions, est aussi au centre de plusieurs rumeurs de transactions qui l'envoient aux quatre coins de la LNH depuis l'élimination des Hurricanes de la Caroline, dont à Montréal.

Il cadrerait parfaitement dans la catégorie des joueurs qui permettraient au Canadien de renflouer son top-6 et d'obtenir des résultats concrets plus rapidement. Pour ainsi d'offrir plus de temps aux espoirs repêchés vendredi soir (cinquième et vingt-sixième sélections) et samedi.

Si le tableau ne change pas d'ici là!

Alors : si vous êtes le Canadien, vous repêcher ou vous transiger?