Satisfactions et... l'attaque passive!
MONTRÉAL - Certaines victoires sont plus satisfaisantes que d'autres. Celle que le Canadien a signée à Buffalo, jeudi soir, s'inscrit dans cette catégorie.
Pour plusieurs raisons.
Sans y aller par ordre d'importance, il est nécessaire de saluer le premier but en carrière marqué par Kaiden Guhle en début de troisième période.
Le jeune arrière abat du travail colossal depuis le début de la saison. Il a l'air de tout sauf d'un défenseur qui pourrait encore évoluer dans les rangs juniors. Autant dans sa manière de jouer que dans la confiance qu'il affiche et qu'il génère dès qu'il pose les patins sur la patinoire.
J'ai senti Guhle plus mal à l'aise devant les caméras jeudi soir alors qu'il tentait de sourire en brandissant la rondelle commémorant son premier but en carrière, qu'il a semblé l'être en affrontant les Crosby, Ovechkin et autres vedettes croisées depuis le début de la saison.
Autre satisfaction, les deux passes récoltées par David Savard.
Dans ce cas-ci, il serait peut-être plus juste de parler de récompenses que de simple satisfaction. Car le vétéran-défenseur mérite des tas de récompenses pour tout ce qu'il fait de bien et de très bien depuis le début de la saison.
Bien qu'il devrait remplir un rôle de soutien, Savard évolue au sein du premier duo. Il est opposé à des joueurs qu'il ne devrait pas normalement croiser sur la glace. Ou croiser moins souvent.
Savard se tire très bien d'affaire dans ces duels qui semblent pourtant ô combien inégaux.
Savard se sacrifie en bloquant des tirs. Il a bloqué quatre des 13 tirs stoppés en défensive, jeudi soir, à Buffalo. Il est rendu à 37 après huit matchs ce qui lui permet de batailler la première place dans la LNH à ce chapitre avec le défenseur Alec Martinez des Golden Knights de Las Vegas.
Savard sert aussi de parrain à Kaiden Guhle à qui il offre de très bons exemples à suivre autant sur la patinoire qu'à l'extérieur.
Il était donc juste et de bon ton que Savard soit complice du premier but en carrière de son jeune coéquipier. Un but marqué sur réception d'une belle passe servie par le vétéran à la recrue.
La tenue de Samuel Montembeault envoyé en relève à Jake Allen représente une autre source de satisfaction.
Fort de ses 44 arrêts, le gardien québécois a été le meilleur joueur du Tricolore. Et de loin. Il n'a pas seulement donné une chance de gagner à son équipe, il a privé les Sabres d'une cinquième victoire qu'ils auraient facilement pu signer.
Je n'irais pas jusqu'à dire que Montembeault a volé les deux points acquis par le Canadien, mais il demeure le principal artisan de la victoire.
Le CH ne reviendra pas bredouille
À l'aube d'un voyage de quatre matchs qui s'annonçaient très difficiles, il était important, presque crucial, de l'entreprendre sur une note positive. Car les Sabres, malgré le fait qu'ils soient bien meilleurs que par les années passées et qu'ils affichaient quatre gains et deux revers seulement avant de recevoir la visite du Tricolore, représentaient l'adversaire le moins redoutable du groupe.
Peu importe ce qui arrivera à St.Louis, samedi, au Minnesota, mardi, ou encore à Winnipeg jeudi, le Canadien ne reviendra pas à Montréal bredouille.
C'est ça de gagné.
Je sais! Martin St-Louis assure que les victoires et les défaites ne changent rien à la philosophie d'entreprise du Canadien. Une philosophie bien plus axée sur le développement et les succès à long terme que sur les victoires à court terme.
Mais quand même.
Il est déjà difficile de développer des jeunes joueurs et de construire une équipe gagnante qu'il ne faut pas non plus compliquer davantage cette tâche en perdant trop souvent.
Le message passe mieux quand le moral est bon. Ou au moins, qu'il n'est pas écrasé par le poids des défaites. Car quand cela arrive, le message passe moins bien. Des fois, il n'est plus écouté. Il n'est pas même entendu.
De l'aide pour Suzuki et Caufield
Pour que le Canadien s'offre la chance d'amorcer son voyage du bon pied, en fait pour que le Tricolore s'offre tout simplement la chance de gagner de temps en temps, il fallait et il faudra s'assurer d'obtenir une contribution offensive plus diversifiée.
Nick Suzuki a beau être un excellent jeune joueur de centre et Cole Caufield a beau être doté d'un tir foudroyant qui pourrait lui permettre de se hisser parmi les bons francs-tireurs de la LNH, ce dynamique duo ne peut faire gagner le Canadien à lui seul.
D'où la satisfaction pour le Canadien et ses partisans de voir l'éclosion de Brendan Gallagher – un but - de Josh Anderson -un but et une passe- et Christian Dvorak qui a récolté une passe au sein de ce trio de vétérans.
Gallagher a travaillé comme Gallagher sait le faire. Il a bûché. Il a cadré six des sept tirs qu'il a décochés. Pas tous des plombs. Pas tous des tirs qui se sont traduits par des occasions de marquer. Mais en travaillant avec efficacité, Gallagher a été récompensé. Il a joué de chance sur son premier but – Owen Power a fait dévier la rondelle sur un retour accordé par Eric Comrie sur un tir anodin – et il a fait dévier un tir de Josh Anderson sur le but gagnant.
Gallagher a fait ce qu'il doit faire pour aider l'équipe. Il s'est battu et débattu dans la zone où seuls ceux qui se battent et se débattent arrivent à gagner.
C'est pour cette raison que je déplacerais Gallagher devant le filet lors des attaques massives. Il y serait mieux utilisé. Il y serait plus efficace que d'autres.
Pas question de fustiger Jonathan Drouin qui a bien d'autres forces et qualités. Mais deux fois dans le match face aux Sabres, Drouin a reçu des passes tout juste devant le filet adversaire. Deux fois, il a touché la rondelle et tentant de la faire dévier. Deux fois, il n'y est pas arrivé.
Gallagher n'a pas le talent naturel de Jonathan Drouin. Mais parce qu'il est plus fort, parce qu'il est plus combatif, parce qu'il sait mettre tout son poids sur son bâton pour éviter, ou au moins réduire les risques, qu'un adversaire en prenne le contrôle, je suis convaincu que Gallagher aurait au moins pu faire dévier la rondelle sur le but sur les deux jeux que Drouin n'a pu compléter. Gallagher n'aurait peut-être pas marqué. J'en conviens. Mais il serait au moins passé plus proche que son coéquipier.
Attaque massive encore blanchie
En passant, l'attaque massive du Tricolore a encore été blanchie en trois occasions jeudi.
Avec un but en 21 occasions (4,76 %) le Canadien est loin d'aider sa cause en supériorité numérique. Et comme il a marqué son seul but en avantage numérique lors d'une prolongation, le Canadien est toujours en quête de son premier but à cinq contre quatre.
Non seulement ne marque-t-il pas assez souvent, mais le Canadien n'arrive à se donner un bon élan lors de ses attaques massives. Il y est arrivé lors de sa première occasion survenue dès la première minute de jeu. C'est vrai. Lors de sa deuxième attaque à cinq obtenue 61 secondes après la fin de la première, il n'a toutefois rien fait de bon.
Non seulement il a raté l'occasion de sortir les Sabres dès les premiers instants de la première, mais il ne l'a pas même placé sur les talons.
Pis encore, en troisième période, avec un score de 1-1, c'est Samuel Montembeault et non Eric Comrie qui a réalisé les deux meilleurs arrêts de l'attaque massive du… Tricolore. De fait, les deux occasions des Sabres ont été les seules dignes de ce nom lors de cette troisième attaque massive du Canadien.
Vous direz que ce n'est pas grave. Du moins pas trop, car le Canadien a gagné. Je veux bien, mais c'est un jeu dangereux que de gaspiller autant de supériorités numériques.
Avec la qualité du tir frappé décoché par Kaiden Guhle pour enfiler son premier but, peut-être qu'il pourrait obtenir sa chance plus souvent en attaque massive.
Martin St-Louis et ses adjoints ont misé sur cinq attaquants – Suzuki, Caufield, Monahan, Drouin et Hoffman – qu'ils ont envoyés sur les premières vagues d'attaques massives.
Vrai que Chris Wideman ne fait pas le travail depuis le début de la saison. Vrai que Mike Matheson est toujours blessé, mais Guhle serait peut-être plus efficace que Hoffman à la pointe.
Hoffman... une deuxième chance?
Parlant de Hoffman, il a reçu un gros vote de confiance de la part de Martin St-Louis jeudi. À moins que ce soit plutôt le baiser de la dernière chance.
Mais peu importe.
Hoffman s'est retrouvé à la droite de Suzuki et Caufield au sein du premier trio. Une chance en or pour un gars qui avait été relégué au quatrième trio. Une chance en or pour un gars dont la qualité du tir et l'utilisation maximale de ce tir l'assurent d'une place dans la LNH.
Nick Suzuki a été blanchi jeudi. Il a quand même cadré quatre des six tirs qu'il a décochés.
Cole Caufield a récolté une passe sur le premier but en carrière de Kaiden Guhle. Mais c'est avec les 11 tirs qu'il a décochés – six ont touché la cible – qu'il s'est surtout fait remarquer.
Mike Hoffman?
En 17 présences totalisant 15 min 40 de temps d'utilisation, dont 3 min 14 s lors d'attaques massives, il n'a décoché qu'un seul tir. Mince consolation, il a atteint la cible.
Une production offensive timide lors des deux derniers matchs et le fait que Martin St-Louis tenait à mieux équilibrer ses trios pour éviter de se faire prendre en n'ayant pas le dernier changement sur la route ont justifié les changements apportés jeudi.
D'où la promotion accordée à Hoffman.
Mais j'ai bien hâte de voir combien de chances on offrira à Hoffman. Car avec le retour prochain de Joel Armia, il me semble que Hoffman tout comme Evgeni Dadonov sont les plus susceptibles d'avoir à céder leur place.
Devant Rem Pitlick? Oui!
Sans oublier que Michael Pezzetta patiente sans rouspéter qu'on lui fasse signe de venir renflouer l'attaque. Pezzetta n'a pas les «mains» de Hoffman ou de Dadonov. Mais il pourrait peut-être se rendre plus utile. Chose certaine, il méritera un moment donné la chance d'au moins tenter de le prouver.
On ne change pas une combinaison gagnante, du moins pas souvent. Et il faudrait sans doute donner quelques matchs à Hoffman pour démontrer s'il peut, ou non, développer une forme de complicité avec Suzuki et Caufield.
Pour ces deux raisons, j'imagine que Hoffman sera en uniforme à St. Louis, contre l'un de ses anciens clubs (17 buts, 36 points en 52 matchs). Mais j'ai bien hâte de voir si Martin St-Louis est vraiment aussi emballé par les qualités de son attaquant ou si ses prochaines décisions nous démontreront le contraire.