Serge Savard reprend confiance envers le CH et ses jeunes
TERREBONNE – Même si Serge Savard est exaspéré qu'aucune équipe canadienne n'ait été en mesure de soulever la coupe Stanley depuis 30 ans, il reprend tranquillement confiance envers le nouvel état-major qui dirige le Canadien.
« J'ai confiance, je trouve que l'organisation est beaucoup plus solide qu'elle ne l'était dans le passé », a-t-il noté dans le cadre de la quatrième édition de son tournoi de golf qui amasse des fonds (autour de 500 000$ par édition) pour venir en aide aux étudiants et étudiantes athlètes de l'Université de Sherbrooke.
Par le passé, Savard n'a pas craint de critiquer l'ancienne garde. Même si l'équipe traverse une phase de reconstruction – un mot qui ne faisait pas vraiment partie de son vocabulaire comme directeur général – il se rallie au plan actuel.
« Je ne peux pas les blâmer de dire ça, ils ont repêché au premier rang l'an dernier. Maintenant, il faut donner la chance au coureur, ils ont une nouvelle direction. Ça vient toujours avec un plan de trois à cinq ans », a-t-il commenté.
Savard, qui a connu du succès comme DG, reconnaît que la présence du plafond salarial impose un contexte totalement différent.
« C'est difficile pour moi de commenter (le travail de Kent Hughes) puisque je n'ai pas vécu l'époque du plafond salarial. La pire chose que je devais faire, c'était de prendre le téléphone et expliquer à un joueur pourquoi je venais de l'échanger et que ce serait probablement mieux pour lui. Maintenant, ça ressemble à ‘J'ai laissé partir ce joueur parce que j'ai besoin de millions de marge de manœuvre sous le plafond'. Le côté humain est moins présent que dans notre temps », a ciblé l'ancien défenseur.
Là où il trouve des similitudes avec les équipes assemblées durant son règne, c'est dans la qualité des jeunes piliers du groupe.
« Je suis confiant. On a vu des équipes de la LNH, comme Toronto et Edmonton, qui vont miser sur trois ou quatre joueurs qui accaparent une grosse partie de la masse salariale sans pouvoir se rendre jusqu'au fil d'arrivée. Dans mon temps, j'ai toujours préconisé l'idée de faire grimper deux ou trois nouveaux joueurs par année. C'est pour ça que si je regarde les équipes de 1986, 1989 et 1993 et celle de mon congédiement, on parle de quatre équipes différentes donc il faut se renouveler », a-t-il évoqué.
Un objectif qui a été difficile à atteindre, rappelle Savard, pendant le règne de Marc Bergevin lorsque le club a éprouvé un long creux au repêchage.
« C'est encore plus vrai avec le plafond salarial. Si une équipe fait graduer quelques jeunes par année, elle n'aura pas de problème avec cet enjeu. Voilà ce qui est arrivé avec le CH. Ça cause un problème de ne pas pouvoir développer ses joueurs car il faut se tourner vers l'autonomie », a enchaîné Savard.
L'approche du capitaine Nick Suzuki vient le rassurer.
« Je l'apprécie beaucoup comme joueur et il s'est engagé à long terme avec l'organisation. J'aime qu'il soit demeuré à Montréal une grande partie de l'été, je préconisais ça auprès de mes joueurs. Il semble bien s'intégrer à la communauté. Du moins, plus qu'on l'a vu dans le passé et c'est une bonne nouvelle », a répondu celui qui a été capitaine du club avant Bob Gainey.
L'héritage des grands capitaines s'écrit avec une histoire se terminant par la récompense de la coupe Stanley. À cet égard, Savard considère que Suzuki pourrait y parvenir en étant épaulé par les Cole Caufield, Juraj Slafkovsky, Kaiden Guhle et compagnie.
« Je suis confiant. Encore là, il faut apprendre et jouer en équipe. On a eu l'ère de Carey Price, les gens disaient que, si Price pouvait voler un match, on avait une chance. C'est une mentalité qui n'a pas de sens, on ne peut pas demander à un gardien de voler un match. On va gagner si on joue en équipe », a-t-il visé.
Pour y parvenir, il se fie à l'entraîneur Martin St-Louis.
« J'aime l'ensemble de ce que j'ai vu. La saison prochaine sera cruciale, il faudra faire un pas vers l'avant. Si on voit une progression, les gens seront heureux. »
En attendant, il était facile de trouver le thème pour cette journée de golf alors que les organisateurs ont souligné le 30e anniversaire de la coupe Stanley de 1993. Autant que Savard était heureux de renouer avec plusieurs acteurs de cette conquête, il se gratte la tête pour expliquer la disette qui persiste.
« C'est malheureusement la dernière à Montréal et au Canada. C'est un phénomène plutôt extraordinaire et c'est assez impensable qu'on n'ait pas gagné une coupe depuis ce temps avec six clubs. Si le Canadien en avait gagné deux ou trois autres depuis, on ne serait pas ici pour souligner le 30e », a-t-il reconnu.
Dans un monde idéal, il voudrait que le Tricolore retrouve l'allée du succès en ne tournant pas le dos à la LHJMQ.
« Dans le passé, j'ai envoyé bien des messages car je n'étais pas heureux, comme bien des gens, avec ce qui se passait. J'étais très déçu de voir que l'organisation ait délaissé la LHJMQ. Pas seulement car ce sont des talents locaux. Historiquement, la LHJMQ a toujours passé comme une ligue plus faible pour les équipes de la LNH. Ça nous donnait une chance, un plus pour le CH. Des gars étaient repêchés plus loin comme Patrick Roy et Claude Lemieux. Malheureusement, après mon départ, on a beaucoup délaissé le recrutement au Québec et je l'ai souvent dénoncé. Mais je suis très confiant pour les années à venir », a exprimé Savard au Club de golf Le Mirage.
En attendant, l'ancien numéro 18 du Canadien se réjouit de pouvoir aider une partie des 500 étudiants et étudiantes athlètes de l'Université de Sherbrooke.