Juraj Slafkovsky : une idole en Slovaquie
Avoir eu l'opportunité d'aller couvrir le match entre les États-Unis et la Slovaquie lundi à Ostrava, c'est aussi la chance d'avoir pu réaliser à quel point Juraj Slafkovsky est déjà une immense vedette dans son pays. Presque une idole!
La Slovaquie étant située à environ 250 kilomètres d'Ostrava, des milliers de ses compatriotes ont fait le voyage pour encourager leur équipe nationale, dont ses deux grand-mères croisées tout simplement par hasard en sortant à l'extérieur de l'amphithéâtre pour rencontrer des partisans avant la partie.
« Elles n'ont pas encore eu la chance de venir à Montréal, a lancé Slafkovsky avec un immense sourire, après le match, en regardant la photo que j'avais prise de ses deux sympathiques mamies. C'est fantastique de les voir ici et j'espère aussi qu'elles pourront finir par venir me visiter à Montréal. »
Les grands-mères de Juraj Slafkovsky
Ce qui a provoqué le hasard de notre rencontre, c'est que les deux dames venaient de passer le contrôle de sécurité avant l'ouverture officielle des portes. C'était donc plutôt facile de comprendre qu'elles profitaient possiblement d'un certain privilège. Et comme elles ne cadraient pas du tout avec le reste de la foule, ça a rapidement allumé une lumière supplémentaire chez le fin limier que je suis!
Car de l'autre côté des barrières, le partisan typique est beaucoup plus bruyant! Deux heures avant la partie, les Slovaques avaient déjà commencé à festoyer au son de la musique rock provenant d'un groupe en spectacle sur la scène extérieure. Sous un magnifique soleil, avec en bonus quelques pintes de Pilsner Urquell, assurément l'une des meilleures bières au monde, les compatriotes de Slafkovsky avaient le cœur à la fête et le coude léger. Homme, femme ou enfant, ils portaient tous un chandail de leur équipe. Beaucoup étaient maquillés et portaient des chapeaux excentriques. Ils ont l'air d'être de joyeux fêtards ces Slovaques.
En se promenant dans cette foule passionnée, on croise des chandails de Gaborik, Demitra, Chara et de quelques autres légendes nationales…et tout autant de no 20 Slafkovsky, dont quelques chandails du Tricolore.
« Je pense que si tu portes attention, tu vas remarquer que deux chandails sur cinq sont des Slafkovsky. Ça démontre à quel point on l'aime, lance un gars dans la trentaine, présent au match avec sa copine. Pour nous, Juraj démontre qu'on peut avoir du succès à un très jeune âge. C'est le tout premier Slovaque à avoir été un premier choix au repêchage, il est drôle et on aime ce qu'il fait. »
« Juraj c'est l'âme de notre nation, crie un fan à qui j'aurais personnellement demandé ses cartes avant de lui servir une Pilsner Urquell. Il est tellement populaire, il est déjà dans la LNH. Il est parfait » Juraj Slafkovsky
« C'est notre meilleur joueur même s'il est très jeune, répond un père qui arrive avec sa jeune fille d'une douzaine d'années. Mon rêve c'est d'aller le voir jouer au Centre Bell. »
En discutant avec eux, on comprend aisément pourquoi la pression de Montréal n'étouffera jamais le gros attaquant de 20 ans. Être l'idole d'une ville c'est une chose. Être l'idole de toute une nation, disons que c'est quelques coches de plus!
« Ça ne me dérange, explique Slafkovsky quand on le questionne sur son immense popularité auprès des siens. Ce ne sont que des partisans et ils aiment le hockey, comme moi j'aime le hockey. Ça ne change rien »
Phénomène national depuis l'âge de 14 ans
En plus de sa personnalité unique et de son style décontracté, si le premier choix de l'encan de 2022 conjugue aussi bien avec le vedettariat, c'est probablement parce qu'il s'est retrouvé sous les projecteurs dès l'âge de 14 ans.
Rappelons que lors des Jeux olympiques de Beijing, même s'il n'avait que 17 ans, Slafkovsky avait été tout simplement phénoménal. L'adolescent avait terminé le tournoi avec sept buts, dont deux inscrits face à la Suède, dans un gain de 4-0 qui avait permis à la Slovaquie de remporter une historique médaille de bronze, le premier podium olympique de l'histoire de ce pays au hockey. Cet exploit a confirmé les attentes que les amateurs de hockey slovaques portaient pour lui... et aussi convaincu l'état-major des Canadiens de le sélectionner au premier échelon.
« C'est moi le plus populaire, dit Tomas Tatar en éclatant de rire de bon cœur. Sa popularité est immense, continue le capitaine des Slovaques en reprenant son sérieux. Juraj a une personnalité incroyable et c'est fantastique de voir ça. C'est un gars qui est humble et c'est toujours agréable d'être en sa compagnie. En plus, il a été repêché le tout premier et il joue pour les Canadiens. Les médias l'adorent. C'est le joueur de hockey le plus populaire de la Slovaquie »
Au cours de leurs 30 participations au Championnat du monde, les Slovaques ont remporté seulement quatre médailles, dont une fois l'or en 2002.
Cette nation plus petite que le Québec, avec ses cinq millions et demi d'habitants, n'est pas montée sur le podium depuis 12 ans. Si Slafkovsky parvient à briser cette longue léthargie cette année en Tchéquie, en Slovaquie on va déjà commencer à associer son nom à celui d'anciennes illustres légendes du pays. Et dire qu'il vient à peine de célébrer son vingtième anniversaire de naissance.