St-Louis défend Xhekaj : « c'était un jeu de hockey »
MONTRÉAL – Personne n'a cru Martin St-Louis. C'est à se demander si St-Louis s'est cru lui-même tellement son affirmation semblait détachée de la réalité.
Réticent au départ à commenter les mises en échec controversées qui ont ponctué le match opposant son équipe aux Sénateurs d'Ottawa, l'entraîneur du Canadien a fini par qualifier de « hockey play » celle qu'a assénée Arber Xhekaj à Tim Stützle.
On vous met en contexte. En fin de première période, l'attaquant des Sénateurs Ridly Greig a sonné Kirby Dach en le pinçant dans son angle mort. Plusieurs coéquipiers de Dach, notamment Jayden Struble et Michael Pezzetta, ont invité Greig à jeter les gants afin de répondre de ses actes. Ils ont été ignorés.
En milieu de deuxième période, tout près de l'endroit où Dach était resté étendu auparavant, Xhekaj est allé à la rencontre de Stützle avec un coup d'épaule au visage alors que ce dernier n'était plus en possession de la rondelle. L'imposant défenseur a écopé d'une pénalité majeure pour obstruction et d'une inconduite de partie. Stützle a quitté la rencontre pour ce qui a été identifié comme une blessure au haut du corps et n'est jamais revenu du vestiaire.
En banalisant l'action en la décrivant comme un simple fait de jeu, St-Louis souhaitait au départ faire la distinction entre ce geste et celui qu'avait posé Xhekaj trois jours plus tôt contre les Maple Leafs de Toronto. Ce soir-là, désireux de venger un coup de genou servi à Patrik Laine, Xhekaj s'était rué sur l'attaquant Cédric Paré et l'avait roué de coups.
Mais l'entraîneur a fini par aller au fond de sa pensée.
« Ce qu'il a fait ce soir... ça ne m'a pas dérangé, s'est positionné St-Louis après un long moment de réflexion. Ce que Xhako a fait ce soir n'a rien à voir avec [ce qu'il a fait contre Toronto]. Il faisait simplement jouer son match. Je ne crois pas qu'il tentait de blesser Stützle parce qu'ils avaient frappé [Dach]. »
« Ça se passe vite dans le feu de l'action, a poursuivi St-Louis. La reprise, c'est au ralenti. Sur le coup, pour moi, c'était un jeu de hockey. C'est un gros gars. Je pense que si un défenseur plus petit fait la même chose, ce n'est rien. Xhako doit comprendre ça aussi. »
Quand le confrère Arpon Basu, soucieux d'éviter tout malentendu, a demandé textuellement à St-Louis s'il croyait que Xhekaj aurait exécuté la même mise en échec si Dach n'avait pas été ciblé plus tôt, le coach a acquiescé deux fois sans broncher.
Xhekaj est toute une pièce d'homme, mais sa bonne foi ne devrait pas avoir le dos aussi large.
Struble : « Arber est allé après Stützle »
Dans le vestiaire, quelques minutes plus tôt, Jayden Struble ne s'était pas donné la peine de sortir le violon. Dans une déclaration qui aurait découragé Ned Braden, le mouton noir gentilhomme des Chiefs de Charlestown, le jeune défenseur a appelé un chat un chat et a applaudi l'initiative de son coéquipier.
« Tu sais que ça va aller plus loin quand cinq ou six gars invitent [Greig] au combat et qu'il s'obstine à refuser, a déclaré Struble. Évidemment, quelque chose devait être fait. Arber est allé après Stützle, il s'est assuré de lui faire sentir sa présence. C'est tout ce que c'était. »
Struble a admis qu'il n'avait pas revu de près le contact de Greig sur Dach, mais il était inutile pour lui de s'enfarger dans les détails.
« C'est le deuxième match de suite qu'on voit un de nos meilleurs joueurs s'en aller dans le tunnel. Il fallait que quelqu'un réponde pour ça et [Greig] n'était clairement pas intéressé à le faire. J'ai tout le respect du monde pour Arber. Je ne suis pas en train de dire qu'il devrait passer son temps à enchaîner les coups salauds, mais il se tient debout pour ses coéquipiers. C'est quelque chose que Greig n'a pas voulu faire, il n'a pas voulu prendre ses responsabilités. Dans ce temps-là, tu sais qu'il va se passer quelque chose. »
Le vétéran David Savard a lui aussi placé les événements dans leur contexte en rappelant que le vase était déjà en train de déborder quand Dach avant que Dach ne se retrouve prématurément au vestiaire.
« Ça fait deux matchs qu'il y a quand même une frustration. Certains joueurs vont après nos gros guns et c'est pas quelque chose qu'on aime. C'est la façon dont Arber a décidé de réagir. Je pense qu'il a essayé de faire un jeu de hockey, le timing n'était pas bon. »
Savard s'est aventuré dans une réflexion intéressante, qui est dans l'air du temps, quant à l'importance de réduire les risques de perdre des joueurs qui font rayonner la ligue dans des matchs qui n'ont aucune signification.
« Je n'ai pas la solution en ce moment, mais c'est définitivement quelque chose qu'il va falloir regarder. C'est inutile de perdre des joueurs ou d'avoir des coups qui n'ont pas leur place, surtout dans des matchs préparatoires. Des joueurs qui sont vraiment bons, des stars dans la ligue. Les gens paient pour venir les voir jouer, pas pour les voir blessés sur la patinoire. »
Savard a un point, Dach est un fichu de bon joueur. On ajouterait que Stützle n'est pas mal non plus.