DENVER – L’attente de la confirmation du statut de Martin St-Louis à titre de 32e entraîneur-chef du Canadien de Montréal ne cachait pas des négociations difficiles.

 

Encore moins qu’une autre formation de la LNH, impressionnée par l’impact positif que St-Louis a eu sur les joueurs du Tricolore dès son arrivée en dépit son manque d’expérience, l’ait courtisé.

 

« L’équipe Bantam de mon fils était très intéressée à me ravoir derrière le banc, mais je n’ai pas été contacté par d’autres clubs, s’est amusé à répondre St-Louis. De toute façon, il était clair que je revenais à Montréal », a-t-il ensuite convenu.

 

La confirmation de retrait du titre intérimaire associé au nom de Martin St-Louis allait de soi.

 

Pourquoi alors les négociations ont-elles traîné en longueur? La durée du contrat? Le salaire?

 

« Les négociations n’ont pas été longues », a précisé St-Louis.

 

« Mon horaire, celui de Kent (Hughes) et de “Gorts” (Jeff Gorton) étaient les plus gros problèmes. Une fois la saison terminée, je suis venu rejoindre ma famille. Nous avons voyagé. On s’est rendu au Michigan et à Nashville pour des tournois de hockey. Kent et Gorts sont allés au Championnat du monde – en Finlande – ils avaient des tas de choses à faire. La logistique a retardé l’annonce, mais les négociations ont été courtes », a ajouté l’entraîneur-chef.

 

Avec un contrat de trois ans en poche, Martin St-Louis aura l’occasion de prouver que la première bonne impression qu’il a faite à la barre de l’équipe pourra se prolonger. Il pourra prouver qu’en plus d’avoir sa place comme membre du Temple de la renommée du hockey à titre de joueur, il peut occuper aujourd’hui une place de choix dans le monde très fermé des coachs de la LNH.

 

« J’adore le hockey, je crois que j’ai les qualités pour devenir un bon coach dans la LNH et ce sera à moi de le prouver maintenant », que St-Louis a candidement admis.

 

Bâtir une forteresse et non un château de cartes

 

Le plus rassurant pour les partisans du Canadien est qu’il n’a pas l’intention de prendre de raccourci pour prouver qu’il peut non seulement diriger dans la LNH, mais y avoir du succès et y demeurer aussi longtemps qu’il le voudra.

 

« J’ai toujours voulu et aimé gagner. Je veux encore gagner. Mais je ne veux pas juste gagner à court terme. Je veux faire de cette équipe un club qui sera en séries chaque année. Je ne vais pas compromettre le développement de nos jeunes juste pour gagner rapidement. »

 

Martin St-Louis a mis plus de poids encore sur cette philosophie en martelant que sa plus grande priorité était de profiter des années qui s’en viennent pour solidifier la culture de l’équipe.

 

Cette priorité est bien ciblée. En fait, elle est cruciale aux succès futurs du Canadien.

 

Car avec Nick Suzuki qui sera le fer de lance de l’attaque l’an prochain, avec l’éclosion de Cole Caufield, avec l’entrée en scène peut-être dès la saison prochaine du tout premier choix au prochain repêchage et celles des autres jeunes vers qui le Tricolore pourrait décider de se tourner, il sera primordial de leur inculquer une culture gagnante pour bâtir sur du solide et éviter que cette équipe ne s’effondre au premier coup de vent venu.

 

Martin St-Louis a la réputation pour établir son autorité sur le groupe. Pour imposer ses façons de voir les choses, ses façons de faire les choses. Sur la glace, comme à l’extérieur de la patinoire.

 

En plus, il affiche une effervescence contagieuse dans sa manière de diriger l’équipe. Il aime ce qu’il fait. Ça saute aux yeux. Et cette passion l’a grandement servi à traverser le merdier dans lequel il s’est retrouvé en février dernier au lieu de s’y noyer comme était en train de le faire son prédécesseur.

 

C’est d’ailleurs d’avoir trouvé une façon d’inciter les joueurs à venir travailler tous les jours dans la bonne humeur malgré les circonstances désolantes qui représente la plus grande victoire de St-Louis lors de son premier séjour derrière le banc du Tricolore.

 

À quel prix?

 

Quel sera le salaire de Martin St-Louis?

 

Le principal intéressé n’a pas voulu lever le voile sur cette information. C’est de bonne guerre. L’information sortira bien assez vite et selon les premières indications glanées ici et là, il devrait osciller entre 2 et 3 millions $ par saison.

 

En quoi le salaire du coach est une donnée importante dans l’équation?

 

Parce que dans le sport professionnel, les coachs assoient leur autorité sur leur réputation, sur leur manière d’être dans les bons et les moins bons moments et sur le salaire qu’ils touchent.

 

Martin St-Louis n’a pas besoin d’argent. Il a empoché près de 56 millions $ au cours de sa carrière. Son plus haut salaire annuel a été de 6,5 millions $ selon les informations de nos amis du site CapFriendly.com.

 

C’est beaucoup, oui, mais il aurait pu toucher beaucoup plus considérant qu’il apportait bien plus à ses équipes que d’autres joueurs mieux payés que lui.

 

Martin St-Louis n’a pas besoin de son salaire d’entraîneur-chef pour assurer une retraite dorée et un avenir tout aussi doré à ses enfants et à ses petits-enfants.

 

Il a besoin d’un salaire juste qui solidifiera sa place à la barre de l’équipe en plus de toutes ses autres qualités.

 

Le Canadien a dépensé beaucoup sur ses entraîneurs-chefs au fil des dernières années. Claude Julien touchera à la fin du mois de juin sa dernière paye à titre d’entraîneur-chef du Tricolore. Il touche toujours 5 millions $ US annuellement même s’il a été congédié en février 2021. Dominique Ducharme (1,7 million en devises canadiennes) sera payé encore deux saisons même s’il a été remplacé en février dernier.

 

L’important pour Geoff Molson et son équipe est que l’argent consentis à Martin St-Louis, peu importe le montant, devienne un investissement et non une perte sèche comme ce fut le cas avec les trois derniers entraîneurs-chefs – Claude Julien est venu en relève à Michel Therrien en février 2017 – de l’équipe.

 

Et s’il reste de l’argent à dépenser dans le budget «coaching» ce serait une bonne idée que Martin St-Louis se tourne vers un entraîneur-chef d’expérience pour l’épauler.

 

St-Louis l’a dit mercredi. Il a l’intention de revenir derrière le banc l’an prochain avec les mêmes adjoints qu’il a appris à connaître la saison dernière. Alex Burrows, Luke Richardson, Trevor Letowski seront donc de retour.

 

Et il est ouvert à la possibilité d’ajouter un adjoint d’expérience.

 

Ce serait important. Le 32e coach du Canadien n’a pas besoin d’un associé. Il n’a pas besoin d’un gars pour lui souffler dans le cou et prendre sa place en cas de besoin.

 

Il a besoin d’un conseiller. Un gars qui n’aurait pas nécessairement à l’accompagner derrière le banc, mais qui pourrait l’aider à composer avec les défis qui se succèdent quotidiennement. Aux écueils sur lesquels un coach qui manque d’expérience pourrait s’échouer au lieu de savoir les éviter.

 

John Tortorella pourrait être un candidat. D’autant qu’il a une complicité déjà établie avec St-Louis. Un gars comme Jacques Martin qui a fait du solide boulot comme bras droit de Mike Sullivan à Pittsburgh et David Quinn avec les Rangers de New York.

 

Un tel ajout sera sans l’ombre d’un doute bénéfique au Canadien et à son 32e entraîneur-chef.

 

Beaucoup de travail à faire

 

Assis devant les chandails numéro 26 qu’il a endossés avec le Lightning de Tampa Bay et les Rangers de New York, Martin St-Louis a convenu qu’il regarde beaucoup de hockey.

 

Les performances des équipes toujours en lice et des autres qui viennent d’être éliminées donnent-elles le vertige au 32e coach du Canadien tant son équipe semble à des lunes de ce niveau d’excellence ?

 

« Je me dis qu’il y a 28 autres équipes qui sont en retard sur les clubs qui jouent encore », a lancé St-Louis en riant.

 

« C’est du beau hockey. C’est du gros hockey. C’est le genre de hockey que j’aimais jouer. C’est sûr qu’on n’est pas à ce niveau-là. L’important c’est de déterminer comment on arrivera à rattraper ces équipes-là. Est-ce que ça prendra un an? Deux ans? Je ne sais pas. Ce que je sais c’est que j’ai hâte de reprendre le travail lors du prochain camp d’entraînement. »

 

« On va partir avec le vent dans les voiles et bâtir sur ce qu’on a fait l’an dernier. On va travailler fort. On va pousser l’équipe, mais on va aussi se fixer des objectifs réalistes », que St-Louis a promis.

 

Est-ce qu’une place en séries au printemps 2023 c’est réaliste?

 

Martin St-Louis a convenu qu’une place en séries demeurait l’objectif de toutes les équipes. Mais il n’a pas indiqué si c’était vraiment réaliste. Il s’est surtout bien gardé de promettre une place en séries.

 

À voir le niveau de hockey qui se joue aux quatre coins de la Ligue depuis le début des séries, Martin St-Louis a eu bien raison d’éviter les promesses difficiles, voire impossibles, à remplir.

 

Surtout que l’enthousiasme associé à son arrivée et à la confirmation de son statut d’entraîneur-chef devrait lui permettre de compter sur deux saisons de grâce avant de commencer à sentir la pression de gagner.