Passer au contenu principal

RÉSULTATS

LNH : tout le monde aime Marc-André Fleury

Publié
Mise à jour

Ça sautait aux yeux dès les premiers instants de la période d'échauffement alors que de jeunes – et moins jeunes – admirateurs et admiratrices placardaient les baies vitrées de pancartes pour accueillir leur «héros» longtemps avant qu'il ne saute sur la patinoire pour la période d'échauffement.

Cet amour a aussi rempli les oreilles tant les Fleury! Fleury! Fleury! et les ovations généreuses et sincères offertes à celui qui faisait une dernière escale se sont entrecoupés du début à la fin de la rencontre.

Sa 48e et dernière en carrière face au Canadien contre qui il affiche maintenant un dossier de 28-13-6; sa 22e et dernière en carrière sur la patinoire du Centre Bell où il aura battu le Canadien 13 fois (13-6-3) tout en y réalisant ses deux jeux blancs en carrière aux dépens du Tricolore : celui de 4-0 de jeudi et celui qui avait auréolé sa 500e victoire en carrière en décembre 2021 alors qu'il défendait les couleurs des Blackhawks de Chicago.

À ce titre, les dirigeants du Canadien méritent des félicitations pour le respect affiché à l'endroit de Fleury. Conscient du fait que cette dernière visite dépassait de beaucoup les cadres du sport – c'est plus grand que le sport, a d'ailleurs reconnu un Frédérick Gaudreau très ému dans le vestiaire du Wild après le match – le Canadien a mis en vedette Marc-André Fleury sur l'écran géant à la fin de l'Ô Canada. Il lui a aussi toute la place qu'il méritait en fin de troisième période en le félicitant pour sa «carrière légendaire» sur l'écran géant avant de le montrer en gros plan une fois encore à l'écran géant, invitant ainsi les partisans à l'ovationner à nouveau.

Une ovation qui s'est prolongée pendant plusieurs minutes. Les joueurs des deux équipes ont retraité vers les bancs, les officiels se sont éloignés eux aussi permettant ainsi aux amateurs de faire vibrer le Centre Bell comme rarement on l'avait senti ainsi vibrer dans le cadre d'un hommage rendu à un adversaire du Canadien.

Il ne manquait que le privilège d'accorder à Fleury la permission de parler aux fans qui l'acclamaient toujours dans le cadre de l'entrevue avec Marc Denis à titre de première étoile.

Fleury a songé à marquer

Je l'ai écrit plus haut : tout le monde aime Marc-André Fleury. Il faut dire qu'avec son sourire, l'air gamin qu'il affiche encore et toujours – bien qu'il soit le joueur le plus vieux de la LNH avec ses 40 ans et 64 jours, Fleury a l'air plus jeune que bien des gars de 20 ans – ses déplacements rapides devant sa cage, les arrêts spectaculaires qu'il a multipliés au fil des ans il est bien difficile de ne pas l'aimer.

C'est impossible même.

Et cet amour voué à Fleury se reflétait autant sur la patinoire du Centre Bell, jeudi soir, que dans les gradins. Sur la patinoire où les joueurs du Wild ont disputé un match sans failles pour éteindre le Canadien et faciliter le plus possible le travail de celui qui est bien plus que leur gardien.

«On l'aime tellement!», a lancé avec affection Fédérick Gaudreau dans le vestiaire du Wild après la victoire.

«C'était extrêmement important de gagner», a ajouté le Québécois en tentant de contenir des émotions qui l'ont plusieurs fois mis en échec au cours de la rencontre. Surtout lors de l'ovation de plusieurs minutes en fin de rencontre.

«C'était merveilleux! Il la méritait ça et plus encore. J'étais sur le point de pleurer », que Gaudreau a convenu sans gêne.

Fleury a aussi été touché par la vague d'amour à son endroit qui a déferlé au Centre Bell jeudi.

«J'avais les yeux pleins d'eau par moments. C'était presque trop», a témoigné Fleury qui s'est même permis de faire signe aux officiels de relancer le match en fin de troisième pour apaiser l'ovation qui aurait pu se prolonger davantage.

Fleury a disputé un match à son image jeudi soir. Il a réalisé un arrêt spectaculaire en glissant sur sa gauche et soulevant une jambière pour voler un but à Josh Anderson qui venait de tirer de l'enclave.

Il a aussi obtenu la complicité du poteau à sa droite qui lui est venu en aide face à un tir de Juraj Slafkovsky qui l'a déjoué avec un très bon tir en période médiane.

Et qu'est-ce qui est arrivé après cet arrêt aux dépens d'Anderson et le poteau frappé par Slafkovsky? Le Wild a marqué ses deuxième et troisième buts dès la séquence qui a suivi.

Avec plus de quatre minutes à faire, alors que Martin St-Louis a rappelé Jakub Dobes au banc afin de tenter une remontée à laquelle personne ne croyait vraiment, Marc-André Fleury a eu l'occasion de réaliser un des rares exploits qui manque à son répertoire : un but!

«J'y ai pensé. Mais ils – les joueurs du Canadien – ont été bons en envoyant la rondelle dans notre zone par les baies vitrées. C'est plus difficile à contrôler. J'aurais bien aimé marquer, mais j'étais plus concentré à protéger le blanchissage», a tranché Fleury qui a d'ailleurs signé son 76e en carrière.

Le Canadien totalement éteint

À l'image des amateurs de hockey entassés dans les gradins, à l'image aussi de leurs rivaux venus du Minnesota, les joueurs du Canadien adorent sans doute eux aussi Marc-André Fleury.

Et pas juste parce qu'ils l'ont attendu au centre de la patinoire pour lui serrer la main après la rencontre alors que les joueurs du Wild érigeaient une haie d'honneur à la sortie de patinoire.

Que non!

Les joueurs du Canadien ont affiché un amour inconditionnel à l'endroit de «Flower» en lui facilitant grandement la tâche tant ils ont disputé un match sans âme, sans cohésion, sans conviction.

Le Canadien était éteint jeudi soir. Totalement! Il méritait non seulement d'encaisser un quatrième revers de suite, mais aussi de perdre par jeu blanc.

La perte de Kaiden Guhle représente un dur coup à encaisser. C'est évident. Ça sautait d'ailleurs aux yeux alors que les duos qui semblaient si bien équilibrés depuis l'arrivée d'Alexandre Carrier étaient soudainement en perte d'équilibre.

En fait, ils étaient totalement déséquilibrés!

Muté à droite, Lane Hutson semblait incapable de mettre à profit son grand talent pour orchestrer des relances; pour déstabiliser l'adversaire une fois installé en zone ennemie.

Ce que le Canadien n'a pas fait souvent jeudi soir cela dit.

S'il semble ardu, au premier coup d'œil, de jouer à droite pour Hutson – les deux arrières ont d'ailleurs alterné de côté à quelques reprises lors de séquences difficiles – je ne suis pas convaincu non plus qu'Arber Xhekaj soit le type de joueur susceptible de bien l'épauler dans ses poussées offensives et surtout de le protéger en zone défensive.

Et ce n'est pas ici une pierre que je lance au duo Xhekaj-Hutson.

Car devant ce duo, celui de Matheson-Carrier est loin d'avoir brillé d'efficacité au fil des deux derniers matchs. Les deux arrières sont pourtant très bons individuellement. Matheson a excellé avec plusieurs coéquipiers. Carrier a développé une chimie instantanée avec Guhle. Mais après deux matchs, Matheson et Carrier peinent à se trouver. À se compléter.

Jayden Struble?

Après un excellent camp d'entrainement et de très bons matchs préparatoires, il n'a jamais été le même. Il a d'ailleurs perdu sa place.

Pas évident de revenir après avoir été écarté si souvent. Encore moins évident d'avoir comme mandat de combler la perte d'un joueur aussi important que Guhle.

Ce qui démontre une fois encore la fragilité du Tricolore. Son manque de profondeur. Et pas juste à la ligne bleue.

Mais la perte de Guhle et le manque de profondeur qu'elle met en évidence ne sont pas les seules explications à la défaite de 4-0 encaissées aux mains du Wild jeudi. Le Wild qui vient de battre le Canadien neuf fois de suite en passant. Le Wild qui a gagné 18 des 19 derniers matchs entre les deux équipes (18-1-0) que je me permets d'ajouter.

Ce qui semble le plus faire mal au Canadien en ce moment, c'est qu'après avoir surpris des adversaires en jouant du bon hockey et en profitant de performances très solides – et de quelques vols – de ses gardiens, l'équipe de Martin St-Louis a gagné des matchs qu'elles auraient dû perdre.

Et ça, c'est dangereux. C'est même très dangereux parce que c'est ce qui ouvre la porte au fait qu'une équipe se sente meilleure qu'elle ne l'est en réalité; qu'elle n'a plus à se donner corps et âme pour gagner; qu'elle n'a plus à respecter les systèmes, à travailler plus fort que l'adversaire, à se sacrifier pour gagner.

Le Canadien est une bonne équipe en devenir.

Mais il ne forme pas encore un solide club de hockey. Un club structuré. Un club qui peut se passer de la perte d'un ou deux joueurs sans perdre complètement son équilibre, sa cohésion, sa confiance.

La tournée en Californie, avec deux matchs à la portée du Tricolore à Anaheim et San Jose, devient soudainement importante. Un peu pour rester dans le «mix» c'est sûr, mais surtout pour prouver que les petits gars disaient la vérité lorsqu'ils assuraient ne pas vouloir se contenter des succès obtenus à la fin décembre et début janvier.

C'était facile à dire. Ça semble plus difficile à faire!