Transactions : Kent Hughes devra se contenter de peu
MONTRÉAL – Pendant que ses joueurs pensent à tout sauf au hockey, Kent Hughes jongle à temps plein avec les moyens à prendre pour améliorer le Canadien de Montréal.
L'améliorer à long terme, bien sûr!
Car à court terme, trois choses comptent vraiment pour le directeur général du Tricolore :
- Que les joueurs susceptibles d'être échangés d'ici le 3 mars prochain se remettent rapidement des blessures qui les gardent à l'écart du jeu;
- Que ceux qui sont actuellement en santé, le demeurent;
- Que son équipe et les Panthers de la Floride perdent plus souvent qu'elles ne gagnent afin de mousser les chances d'améliorer les résultats de la loterie Connor Bedard en vue du prochain repêchage.
Alors que bien des partisans du Canadien célébreront le dernier des huit matchs disputés dans l'uniforme bleu rétro – hommage aux Expos – samedi prochain lors de la visite des Islanders de New York, Hughes serait sans l'ombre d'un doute en faveur de prolonger le calvaire associé à ce chandail avec lequel le Tricolore est rendu à sept revers consécutifs, dont six encaissés en temps réglementaire...
Il faudrait bien plus que la malédiction du chandail rétro pour permettre au Canadien de glisser au classement et de rejoindre les Blackhawks de Chicago et les Blue Jackets de Columbus qui luttent pour la 32e et dernière place.
Mais avec deux choix de première ronde et neuf autres sélections à son actif – pour le moment –, le Canadien est déjà assuré d'un repêchage généreux en matière de nombre. Il reste à le rendre généreux en matière de qualité des espoirs réclamés.
C'est justement pour maximiser la qualité du prochain repêchage que Hughes a passé la dernière semaine dans la région de Boston. Un séjour dont le point culminant se déroulera lundi avec les demi-finales du « Bean Pot » qui opposeront Harvard et Boston College à 17 h avant que Boston University et Northeastern ne se croisent à 20 h. Tout ça au TD Garden, le domicile des Bruins de Boston.
Des plans B, C et même D
Après ce séjour à Boston, il est possible que le directeur général du Tricolore se rende en Floride pour imiter ses joueurs et profiter du soleil et de la plage un brin ou deux. Mais qu'il ait les pieds dans le sable ou dans la neige, Hughes aura la tête au hockey.
En matière de transactions, quelques joueurs du Canadien suscitent de l'intérêt : de Sean Monahan à Joel Edmundson, en passant par Mike Hoffman, Evgeni Dadonov et dans une moindre mesure Jake Allen ou Joel Armia.
Attention! Il n'est pas question ici de prétendre que des directeurs généraux inondent Hughes d'offres mirobolantes pour les joueurs disponibles.
Que non!
D'ailleurs, aucun des joueurs susceptibles de quitter le Canadien pour se retrouver au sein d'un club visant à confirmer sa place en séries et d'améliorer ses chances d'aller le plus loin possible, le printemps prochain ne représente un plan « A » pour les formations en mode achat.
Ils représentent au mieux des plans B, mais plus sérieusement des plans C, voire D.
Ce qui veut dire que le directeur général du Canadien sera loin d'être en position de force comme il l'était l'an dernier avec Ben Chiarot contre qui il a obtenu un choix de première ronde non protégé des Panthers.
De fait, s'il tient à profiter des offres de transactions qui défileront devant lui d'ici le 3 mars prochain, Hughes devra se contenter de peu. Voire de très peu.
Monahan et Edmundson en santé?
En pleine forme et en pleine santé, Monahan et Edmundson sont les joueurs du Canadien les plus attrayants. L'ennui, et il est de taille, c'est qu'ils sont loin d'être en pleine santé; encore plus loin d'être en pleine forme.
À moins que la semaine de congé soit grandement bénéfique, Monahan devrait rater le match de samedi contre les Islanders. Une absence qui prolongerait à 27 le nombre de rencontres consécutives – il a disputé son dernier match le 5 décembre à Vancouver – ratées par le vétéran joueur de centre en raison d'une blessure à un pied et d'une autre, plus pernicieuse, à l'aine.
La réputation de Monahan est connue, reconnue et enviable autour de la LNH. S'il rate, comme anticipé, le prochain match, il ne lui restera toutefois que neuf rencontres pour retrouver sa forme, retrouver sa touche et convaincre un club qu'il vaille la peine de faire son acquisition.
Le petit nombre de centres disponibles – Ryan O'Reilly et Jonathan Toews deviennent les cibles de choix depuis que Bo Horvat est passé des Canucks de Vancouver aux Islanders de New York – pourrait aider la cause de Hughes dans le dossier Monahan.
Mais il serait surprenant qu'il obtienne plus qu'un choix de deuxième ronde en retour du vétéran qui deviendra joueur autonome le premier juillet prochain.
Le cas d'Edmundson est similaire à celui de Monahan.
Le vétéran défenseur a une bonne réputation autour de la LNH. Les clubs qui s'intéressent à lui savent ce qu'ils peuvent attendre de cet arrière robuste et plus versé sur la protection de son gardien que sur l'option d'aller mettre le gardien adverse à l'épreuve.
Les maux de dos qui minent Edmundson depuis deux ans sont aussi connus et reconnus que sa réputation.
Sans ces maux récurants, le Canadien pourrait espérer un choix de première ronde en retour d'Edmundson. S'il arrive à reprendre son poste, à disputer des matchs de qualités et qu'une forme de surenchère devait se produire – les Oilers d'Edmonton ne sont pas les seuls à chercher des défenseurs et des blessures autour de la Ligue pourraient augmenter les demandes – Edmundson pourrait peut-être permettre au CH d'obtenir un choix de première ronde.
Le mot clef ici est peut-être!
Si les offres sont moins généreuses, le Canadien pourrait toujours décider de garder Edmundson au lieu de le donner à rabais. Toujours sous contrat pour un an à un salaire honnête de 3,5 millions $, le vétéran défenseur gaucher pourrait parrainer les jeunes arrières de l'organisation encore l'an prochain et être échangé en cours de saison.
La grande question et de savoir si son dos lui permettra de remplir ce rôle l'an prochain. Le spectre qu'il ne soit justement pas en mesure d'aider l'équipe d'une façon ou d'une autre la saison prochaine pourrait inciter le Canadien à le laisser partir même si la compensation obtenue est inférieure aux objectifs.
Hoffman et Dadonov joueront beaucoup
Beaucoup moins en vue que Monahan et Edmundson, Hoffman et Dadonov pourraient aussi changer de camp.
Aucun club ne mettra son avenir en péril pour acquérir l'un ou l'autre de ces joueurs. C'est clair. Mais si le Canadien arrivait à se départir de la dernière année du contrat de Hoffman, ce serait déjà une victoire.
Histoire de mousser les chances qu'un club décide de prendre une chance sur l'un ou l'autre, on peut s'attendre à ce qu'ils obtiennent beaucoup de temps de qualité en avantage numérique d'ici le 3 mars.
Hoffman est doté d'un tir redoutable. Le genre de tir qu'un club voudrait compter sur une deuxième unité d'attaque massive ou plus simplement comme police d'assurance en vue d'une blessure.
Dadonov est aussi capable de marquer.
Bon! Hoffman et Dadonov sont loin d'avoir rempli les filets adverses depuis le début de la saison. Leurs manques d'intensité, de synchronisme et d'opportunisme justifient que tout partisan du Tricolore ne puisse croire une seconde aux chances qu'ils soient échangés.
Mais si l'un ou l'autre devait marquer plus régulièrement d'ici le 3 mars et qu'une ou des formations devaient perdre un joueur important – genre les Golden Knights de Vegas qui viennent de perdre Mark Stone pour le reste de la saison – Hugues pourrait recevoir un appel et même une proposition de transaction.
Si cela arrive, le Canadien et son directeur général devront encore bien sûr se contenter de peu en guise de compensation. Mais peu, ce sera toujours mieux que rien!
Armia et Allen sont susceptibles de quitter le Canadien un jour. Il est toutefois plus probable qu'une transaction les impliquant survienne autour du repêchage, plus tard l'été prochain, ou au cours de la prochaine saison.
Jonathan Drouin? Qu'il revienne au jeu ou non cette saison, il semble maintenant définitif que c'est avec le Canadien qu'il terminera la dernière année de son contrat.
Anderson suscite le plus d'intérêt
Outre les Nick Suzuki, Cole Caufield et Kirby Dach de même que les jeunes défenseurs qui s'installent à la ligne bleue du Canadien, Josh Anderson est celui qui, pour l'instant, suscite le plus d'intérêt autour de la LNH.
Hughes n'échangera certainement pas l'un ou l'autre de ses jeunes attaquants ou de ses jeunes arrières.
Du moins pour l'instant. Dans un an ou deux, si le Tricolore se retrouve vraiment avec un trop plein de jeunes défenseurs de qualité, peut-être qu'une telle décision deviendra nécessaire. Mais pour l'instant, c'est loin d'être le cas.
La même stratégie s'applique dans le dossier Anderson.
Sous contrat jusqu'en 2027 à un salaire comptant annuellement pour 5,5 millions $ sur la masse du Tricolore, Anderson devrait offrir de meilleurs résultats que les 14 buts et 19 points qu'il revendique cette année. Il est loin, très loin, des 27 buts marqués en 2018-2019 avec les Blue Jackets.
Une récolte qui permettait de miser gros sur l'ailier droit rapide, solide et doter d'un très bon tir. Ce que le Canadien a fait en lui offrant un contrat de sept ans d'une valeur de 38,5 millions $ deux jours après son acquisition – Max Domi a pris la direction de Columbus – en octobre 2020.
Anderson n'a pas encore donné au Canadien la production que l'équipe et ses partisans sont en droit d'attendre de lui.
L'échanger trop vite à moins d'obtenir la lune – au moins un choix de première ronde et un espoir de premier plan – pourrait être une erreur.
De un : Anderson pourrait éclore tardivement et faire mal paraître un état-major qui a été impatient à son endroit.
De deux : Anderson deviendra plus facile à échanger, si tel est toujours le désir du Canadien, lorsque le plafond salarial grimpera pour vrai puisque son salaire deviendra plus facile à insérer dans une masse salariale déjà imposante. Ce qui devrait arriver dans deux ans.
Pour le moment, le Canadien devrait simplement miser sur l'éveil offensif d'Anderson. Cela aidera les partisans à composer avec la fin de saison difficile qui s'annonce en l'absence de Caufield et à composer aussi avec une autre saison de transition l'an prochain.
Sans compter qu'un tel éveil ne fera que faire fluctuer à la hausse la valeur d'Anderson dans 12 mois. Car oui! Le Canadien sera encore vendeur à ce temps-ci l'an prochain.
À moins qu'il ne gagne la loto Connor Bedard. Et encore...